Emily Wells a pris les rênes de la Maroquinerie toute seule. Comme une grande debout derrière ses séquenceurs, son ordi et entourée d’un violon et d’une batterie, elle s’impose avec un registre original. Des boucles pour pallier le manque de groupe, quelques percus et une pédale kickée avec le talon, elle chante parfois, à la limite du rap, des morceaux étonnants, séduisants et impressionnants. Pour tout dire, je commençais à en avoir marre de me taper des premières parties fadasses et elle est de loin avec Villagers ce qui m’a le plus envoûté sur l’année « scolaire » de concerts auquels j’ai pu assisté.
Kurt Vile fait salle comble à peu de choses près pour supporter « Walking on a Pretty Gaze », un album aguicheur qui sent l’été et les journées à glander. Kromagnon nous avait exposé son amour pour sa longue chevelure bouclée et ses riffs décontractés, lui excusant au passage des longueurs incontestables. Accompagnées d’un groupe de bonhommes, les Violators, Kurt signe une entrée à la cool avec l’air d’un jeunot de 18 piges qui ne trahit pas une seconde ses 34 ans et son récent bambin. Attaquant directement par l’excellente « Walking on a Pretty Day », il sait comment se mettre la foule à portée de manche envoyant des rayons de soleils à chaque riff. Pour les titres suivants, l’atmosphère va bien sûr se durcir avec des morceaux plus corsés faisant ressortir un côté plus sudiste. Etrange pour un mec de Philadelphie. Le détail qui tue au second plan, c’est la brute épaisse qui sert de batteur. Chevelu, barbu, imposant et avec une bouteille d’alcool blanc bien entamé à côté du pied droit, on peut affirmer avec certitude que le bestiau sait taper ! Martyrisant ses fûts comme un bûcheron rompu à abattre un arbre, il est le bras armé de cette bande de gratteux.
A la communication absente, Kurt Vile n’a pas besoin d’ouvrir la bouche pour s’attirer la sympathie du public. Guitare en mains, il serait la version cool de ce type en bord de mer en plein mois d’août qui reprend pour la 37ème fois de l’été un morceau de Ben Harper, le talent en plus. Certes, le set était un peu court et manquait de patate mais sa fraîcheur convenait parfaitement à la moiteur de ce samedi soir… Pour ceux qui voudraient juger sur pièce, il sera de retour dans la même salle en fin d’année.
