POINTU FESTIVAL 2023

C’est peu dire que le Pointu Festival avait frappé fort à l’annonce de sa programmation annuelle. 3 jours remplis à ras-bord pour moins de 40 euros avec trois têtes d’affiches solides, une pelletée d’artistes confirmés et des jeunes pousses qui n’ont déjà plus grand chose à prouver. Retours sur nos grands moments d’un week-end qui nous donne encore envie d’y retourner !

Frankie & The Witch Fingers, OH YES !

Dans la longue descendance des Osees, les Frankie ont franchi un véritable cap en très peu de temps. Une facilité à enflammer l’ambiance très vite, une vraie énergie de groupe, aucun musicien pris en défaut et quelle jeu de batterie ! Le set parfait pour nous mettre en jambes dès le deuxième concert du week-end. On aura pris plaisir à découvrir une flopée de nouveaux morceaux à venir dès le 1er septembre avec leur prochain album DATA DOOM.

BJM, les doyens de l’édition au rendez-vous.

Comment prédire que la surprise du week-end serait le groupe avec le plus d’ancienneté au compteur ? N’étant pas un grand fan de leur musique comme de la personnalité d’Anton Newcombe, je pensais clairement aller sur la scène de la Pinède. Pourtant, les BJM nous ont envoyé un concert best-of entraînant sans râler qui a effacé le souvenir pénible de leur passage à Rock En Seine 2016 ou encore un show un peu ronronnant de L’Epée au Levitation France en 2019. Le genre de sets qui donne envie de replonger dans leur discographie, malgré quelques fragilités dans la voix.

Billy Nomates, fédératrice.

Adoptée par Geoff Barrow et Sleaford Mods, Billy Nomates nous a plu dès son premier EP par son approche minimaliste et son alliance de gouaille tenace et de voix pop maîtrisée. De retour cette année avec un disque plus synthétique et intimiste, elle est cet été en tournée des festivals. Son passage au Pointu intervient après une polémique à Glastonbury où elle a demandé le retrait de sa captation suite à des commentaires reprochant le manque de groupe sur scène. Avec sa voix impeccable, sa sympathie et ses danses occupant bien l’espace, il faudrait être rétrograde pour lui reprocher la qualité de son show. Un parfait moment pour introduire la deuxième journée.

 

Kevin Morby, déchaîné.

Échaudé par le set poliment ennuyeux de Kurt Vile la veille, nous nous demandions si Kevin Morby allait être du même acabit. Que nenni ! Un concert dynamité, habité par l’envie d’en découdre qui se terminera par un slam du chanteur pour célébrer son dernier concert de la tournée. Un vrai moment de plaisir ponctué bien sûr par les tubes ‘This Is A Photograph’ et ‘Harlem River’ parfaitement rendus par le groupe et soutenus par le public. On fera attention à ne pas rater la prochaine dose de Kevin lors de son prochain passage en salle.

A Place To Bury Strangers, la communion noise.

APTBS est lié à un souvenir précis : mon premier accouphène au Rock Herck 2011. Autre patriarche de l’affiche avec les BJM, ils ont eu le privilège d’accompagner le coucher du soleil. Expérience sensorielle bruitiste et euphorisante, ce concert aura aussi marqué par son finish en direct de la foule. Un moment habituel pour le groupe qui a donné lieu à des scènes de transe totale où les slams pleuvaient et où les sourires étaient difficiles à compter.

 

IDLES et Viagra Boys, format rouleaux compresseurs.

Quel scoop : les deux groupes de rock que le circuit mondial s’arrachent en 2023 ont décidé de tout casser sur la Presqu’île du Gaou ! A en croire la ferveur des festivaliers pendant leurs passages, il n’y a pas à douter qu’ils ont fait vendre un bon paquet de billets. A raison puisque les deux groupes ont livré de véritables démonstrations avec un engagement, une férocité et une application qui ont transformé ces moments en défouloir général. Un répertoire de folie, des pogos dans tous les sens et rien à reprocher pour ces deux sets qui valaient à eux seuls le déplacement. Sur scène, les Viagra Boys sont à l’opposé de leur image de branleurs et transcendent leur capital sympathie. Quant aux IDLES, on a beau les avoir vu sous tous les formats de salles et de festivals depuis Brutalism, ils nous ont donné l’impression que ce concert n’était pas comme les autres. Pour reprendre un mot usurpé qui a totalement sa place ici, une MASTERCLASS.

Et 2024 ?

Le Pointu Festival a franchi un cap avec cette édition. Le premier jour a essuyé les plâtres d’une affluence en très nette hausse et d’une capacité d’accueil pour les entrées et le service qui a montré les limites de l’organisation habituelle : le cashless devrait faire son arrivée l’an prochain à n’en pas douter. Malgré cela, tout était plutôt réglé dès le lendemain et nous n’avons raté aucun concert en raison des files d’attente. Pour faire de nombreux festivals, tous les acteurs du secteur ont été concernés par les mêmes problèmes l’an dernier : de Primavera à Rock en Seine au Splendour In The Grass en Australie. Le jeu d’un événement est aussi d’apprendre de ses erreurs et il n’y a pas à douter que les équipes du Pointu feront le nécessaire pour garder l’aura du festival. Au vu du succès de cette édition et de la qualité soufflante de sa programmation et des prestations, on se demande plutôt comment ils vont pouvoir garder ce niveau d’excellence. Tout comme peut-être repenser la place et les horaires de la Pinède pour laisser aux gens une vraie possibilité de voir des groupes comme Meule, Benefits ou Lysistrata sans rater les pointures que tout le monde veut voir. En tout cas c’est sûr : notre quatrième édition appelle à l’année prochaine et aux suivantes.