Blink 182 ✖︎ Zénith ✖︎ Paris

Avec une aussi longue carrière et surtout une renommée internationale telle que Blink-182 possède, il était évident que ce concert était attendu, surtout qu’il ne s’agit là que de leur second concert au pays des fromages qui fouettent… Autant dire que les fans sur places, déjà présents depuis le petit matin pour certains, trépignent d’impatience, se repassant en boucle les vannes scato et très tournées vers le sexe de l’Homme, voire s’imaginent déjà sur scène en train d’hurler à tout va qu’une pluie de semence va s’abattre sous la toiture du Zénith de Paris…

Mais c’est sans compter l’évolution du groupe qui nous a prouvé avec son dernier album que la maturité arrive un jour ou l’autre et qu’il fallait bien s’y attendre : la réputation déconneuse pré-adolescente du groupe serait sérieusement mise en question…

Mais revenons en arrière, où un groupe français inconnu monte sur scène et entame un show qui n’arrive pas à enthousiasmer les foules. Et pour cause : il semblerait qu’un terroriste taliban se soit amusé à débrancher le micro. Ou bien alors un bienfaiteur qui passait par là. Bref, passons, passons à ce groupe qui commence à percer du côté de nos contrées : Motion City Soundtrack. La foule se réveille enfin, d’autant plus que le chanteur donne de tout son corps pour motiver la foule. A grands renforts de jumps, de hurlements dans le micro, le public suit et slam dans tous les sens, malgré l’interdiction totale de ce genre de pratique sous peine d’exclusion totale… Le son remonte d’un cran et les tubes popesques du groupes s’enchaînent avec une grande facilité sans fausse note. Petit problème, le taliban récidive et le synthé ne semble être là que pour le staïle ou pour la déco. Qu’importe, tout le monde il est beau, tout le monde il est content. Et le groupe de partir, et la foule de chercher une serviette histoire d’enlever toute cette sueur.

Puis petit interlude, le temps pour les roadies de pratiquer les balances. Le temps aussi d’assister à un défilé de teens en manque de reconnaissance : maquillage dark à la Good Charlotte, oufs guedins avec poupée gonflable, djeunz déconneurs avec capotes enroulées au poignet, Avril Lavigne en guest star… Une vraie ambiance American Pie : le public normal de Blink-182, jusqu’à ce jour. Car rapidement, les lumières s’éteignent. Tour à tour, Travis, Tom et Mark prennent place et les premières notes de «What’s My Age Again» raisonnent dans la salle : une première grande vague humaine dans la fosse donne quelques sueurs froides aux vigiles. Le concert a alors commencé depuis 30 secondes et déjà on sent les dépucelages de pogo se faire. Le tube d’époque «Enema Of The State» une fois fini, le groupe surenchérit avec le morceau qui lui aura taillé une grande part de sa réputation : «Shit Piss Fuck Cunt Cocksucker Motherfucker Tits Fart Turd ‘n Twat» raisonne et les bras levé tatoués au feutre Veleda s’élèvent, pointant du majeur vers le groupe. Que la rebellion commence ! Et vlan, comme un soufflet foiré, l’ambiance retombe : le groupe joue déjà son troisième morceau sans avoir salué la salle. Et les tracks du dernier album s’enchaînent sans aucune communication mis à part un «I’m fucking tired» de la part de Tom DeLonge… Les seuls moments où le groupe daignera adresser la parole seront pour hurler «Fuck England ! France !» (sachant que l’Angleterre semble être l’un des pays préférés du groupe pour jouer… ironie mal placée ?), ou encore «What is the fucking dialect you’re talking ?» en réponse à la demande du public de jouer «Carousel».

Mais qu’importe, dans la fosse, on est djeunz, pour beaucoup il s’agit du premier concert alors on pogote à tout va, on slamme, on s’allume sa première clope/pet (en fonction du degré de rebellion) et on fait même un couloir de la mort sur «Stay Together For Kids». Et en même temps, on se rend rapidement compte que la performance live de «The Mark, Tom and Travis Show» est loin, voire très loin. Cependant, on est aussi étonné d’entendre Tom qui ne chante pas si faux et de voir les deux chanteurs se passer la balle pendant les chansons est toujours agréable. Pareil pour Travis qui n’hésitera pas à nous prouver à quel point il sait manier les baguettes, jusqu’à en faire presque trop en final. Final qui arrivera rapidement puisqu’aucun vrai rappel n’arrive : la lumière se rallume, le concert tant attendu a duré un peu plus d’une heure un quart, il est temps de boire son lait chaud et de se coucher.

Bref, presque trop de bruit pour rien (sic).