Mallory Knox ✖︎ A l’étranger

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Mallory Knox, c’est un peu le groupe rock alternatif qui fait sensation actuellement en Angleterre. Martelés à la radio et la TV, leurs singles marchent bien et leur nouvel album Asymmetry se présente déjà comme l’un des immanquables de 2014 dans le genre. Totalement séduite par leur talent, je n’ai pas hésité une seconde lors de l’annonce de leur tournée anglaise et ni une, ni deux, me voilà partie pour Birmingham pour vérifier par moi-même si les Mallory sont à la hauteur des vertus qu’on leur prétend.

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La soirée est spéciale : il y a cinq ans jour pour jour, la bande faisait son tout premier concert. Le public est donc d’autant plus motivé pour rendre cette soirée exceptionnelle.

J’arrive sur place assez tôt pour pouvoir apprécier les premières parties, au nombre exceptionnel de trois. Manque de chance, il y a des soucis avec mon pass photo, mais grâce à la gentillesse et le professionnalisme caractéristique des anglais, j’obtiens finalement le sésame tant espéré. Je manque tout de même les deux premiers groupes, Frnkiero and the Cellabration (aka « le gang des capuches » aux dires d’une de mes amies présentes), et surtout Fort Hope dont on m’a dit beaucoup de bien, et que je voulais absolument voir. Je me contenterai donc de Moose Blood, auquel je n’accroche que moyennement. Le style est catchy, ambiance emo guilleret, ça me rappelle Jimmy Eat World par moment, la tête oscille un peu, mais je reste surtout très impressionnée par la capacité du chanteur à pouvoir garder son gros pull de Noël malgré la chaleur ambiante.

Le set se termine rapidement, le public s’agite, ça joue des coudes dans la fosse. Tout le monde est là pour Mallory Knox, et ça se sent. Juste le temps d’une petite bière qu’il faut déjà se mettre en place dans la fosse photographe, les lumières s’éteignent et là retentit … l’hymne officiel de la ligue des champions de l’UEFA !!! Je savais les membres fans de foot, mais à ce point … je souris cependant. Après tout, quoi de plus grandiloquent et motivant que cette composition (dont je rappelle les paroles : « Les Maîtres/Les Meilleurs/Les Grandes équipes/Les champions » … ça sent bien la testostérone tout ça) ?
En tout cas, effet garanti : les troupes sont motivées à bloc, et les cinq gaillards taillent tout de suite dans le vif avec QODII, face B aux accents très heavy issue de leur dernier album Asymmetry. Sous les strombinoscopes éblouissants, Davey déroule avec puissance l’intro martiale du titre, tandis que le reste du groupe plie sous les à-coups cinglants de sa musique. Concentrés, les Mallory sont immédiatement pris dans un tourbillon passionné, et ce n’est qu’à la fin du titre qu’ils lèvent les yeux et sourient à leur public. Des sourires sincères, presque timides, ceux des mecs qui ne comprennent toujours pas pourquoi ils sont là, pourquoi tant de personnes viennent les voir.

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La passion qui porte le groupe et son public est d’une évidence presque palpable. Sourires en coin, regards complices, gestes amicaux, tout y passe, et le lien qui unit Mallory Knox à son auditoire me touche. On revient aux fondamentaux de la musique alternative, de ce pour quoi elle a été créée : pour briser les barrières, pour communier, pour hurler les paroles ensemble parce qu’elles ont du sens pour toutes les personnes présentes, pour ressentir et sentir la musique, jusqu’au bout.
Le set alterne anciens et nouveaux titres dans une balance parfaite qui favorisera l’énergie et l’exaltation. Enthousiaste, l’auditoire entonne toutes les paroles, mais ce n’est qu’aux premières notes de Wake Up que les choses deviennent sérieuses.

Les premiers pogos se forment, la voix de Mikey se fait plus dure et rocailleuse, Sam martèle sa basse avec force tandis que James et Joe se prennent pour des guitares héros. Les gangs vocals qui suivent le break finissent d’unir l’assemblée, bras levés, ça bounce bounce bounce.

Petite pause pop au milieu de toute cette sueur, When Are We Waking Up ? (leur nouveau single) offre beaucoup plus qu’en album, se présentant comme la nouvelle Lighthouse du groupe. L’intro nous permet notamment d’apprécier la voix de Mikey, parfaitement placée et juste malgré une petite fin de rhume.

La pause sera cependant de courte durée, et est alors entamée la seconde partie du concert, beaucoup plus intense : pour les vieux fans se succèdent un medley Resuscitate/Oceans, suivi de Beggars. Autant dire que les plus vifs d’entre nous se sont précipités dans le pit, hurlant à pleins poumons le poing levé « can you feel me dreaming of you ?! ». L’harmonie est totale, et si les Mallory Knox n’ont pas encore compris pourquoi nous sommes là, ce n’est pas grave, nous, on le sait : c’est pour ces moment-là. Pour ces sentiments bruts crachés à la face du monde, une faille temporelle où le cœur peut exploser. Les gang vocals de Death Rattle achèveront l’union, accompagnés d’une fin homérique saupoudrée d’un petit wall of death. Tranquille.

On arrive alors déjà au rappel. Mikey se fend d’un petit « SURPPPRRIISSE ! Vous ne vous y attendiez pas hein ? », avant que ne raisonnent les premières notes de She Took Him To The Lake, LA pierre angulaire d’Asymmetry.
Et là, autant vous dire que ces 7min20 valaient tous les kilomètres parcourus pour être à Birmingham. Si la version album est déjà épique, son homologue live est dantesque, une énorme claque. La montée en puissance est d’une incroyable efficacité, d’une profondeur enragé. Fébrile, le public est totalement transporté et s’enflamme avant de se consumer aux rythmes des fiévreux « I need something to feel / I need something to feel now she’s gone! ». Je pourrais en écrire des tonnes sur cette chanson, mais je vais me contenter de vous dire qu’elle reflète parfaitement les différentes facettes de Mallory Knox : la puissance et la fragilité, la détresse et l’espoir, la douceur et la férocité. L’asymmetry parfaite.

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Lighthouse, hymne du groupe, ponctuera la messe dans un joyeux bordel où les Mallory Knox pourront une dernière fois partager un moment de complicité avec les quelques 1500 personnes présentes. La gratitude et la joie pourront se lire sur leurs visages, le groupe ayant toutes les peines du monde à quitter la scène.

Ainsi, c’est une prestation sans faille que les cinq gars d’Ely auront délivré à Birmingham. On regrettera un set un peu court, seulement 14 chansons, alors qu’il y aurait de quoi faire entre leurs deux albums et leur EP. Le groupe a peut-être peur de surcharger ses sets et d’accuser une certaine fatigue par la suite, ce qui peut se comprendre. Mais c’est du chipotage, car tout était là : un son parfait de bout en bout, l’envie et le bonheur d’être là, le professionnalisme d’un set carré et maîtrisé, une passion à toute épreuve pour la musique qu’ils défendent, et un public plus que chaleureux. La recette gagnante.

Setlist :
QOD II
Shout at the Moon
Hello
Getaway
Wake Up
When Are We Waking Up?
Resuscitate / Oceans
Beggars
1949
Dying to Survive
Ghost in the Mirror
Death Rattle
—-
She Took Him to the Lake
Lighthouse

Remerciements à Raw Power Management, et plus particulièrement à Iris ainsi qu’au tour manager du groupe.