Lightning Bolt ✖︎ La Maison de la Villette ✖︎ Paris

Ma soirée du vendredi 28 novembre s’annonçait déjà comme une grande soirée : Britney et ses 30 centimètres de rajouts sur la tête revenaient en France après 3 ans de déchéance. Evénement inratable, d’autant plus qu’elle a choisi la Star Ac et ce lourdingue de Nikos pour son come-back. Ce beau programme tomba rapidement à l’eau lorsqu’en glandant ma tronche sur Internet je vis que Lightning Bolt passait ce même soir à la Maison de la Vilette. Britney vs Lightning Bolt, le choix a été rapide : le duo des Brian a mis KO Britney en lui faisant avaler son string en moins d’un quart de seconde.

J’avais découvert Lightning Bolt sur le boots du concert de Muse à Earl’s Court fin 2004 qui commençait par un de leur morceaux, « Dracula Mountain », joué par Dominic « God » Howard et Chris « Nounours » Wolstenholme. J’avais à ce moment-là compris deux choses : primo que Lightning Bolt allait devenir l’un des truc les plus excitants qu’il m’ait été donné d’écouter ces dernières années et secondo que je pourrais prouver à The ghostchild 4 ans plus tard que Muse sait faire preuve de bon goût. Quelques temps plus tard, j’avais acheté pour une bouchée de pain le DVD « The power of salad » qui retrace une tournée de Lightning Bolt avec de nombreux extraits live à tomber par terre. J’espérais donc depuis quelques années qu’ils se décident à passer par Paris.

Dehors ce vendredi soir ça caille un max, on est une dizaine de personnes à attendre l’ouverture de la maison de la villette. Une fois à l’intérieur, le lieu est étrange. C’est une salle ronde avec un beau parquet, des arches en pierres et un toit en tôles. Aucune scène, ce qui convient bien à Lightning Bolt qui joue toujours à même le sol au milieu du public. D’ailleurs la batterie et un mini mur d’amplis sont déjà dans un coin à les attendre et nous à en scruter les moindres détails comme les dessins sur les fûts qui prendront cher dans quelques minutes. Après la première partie d’Arnaud Rivière, Brian (Gibson) & Brian (Chippendale) traversent la foule qui s’est entre temps bien tassée autour de la batterie, le Chippendale se déshabille un peu (Jean Blaguin, Humoriste !) et enfile son masque. C’est parti, les fauves sont lâchés.

D’entrée, fracassage de fûts et lignes de basse à éclater la tête de n’importe quel terroriste de Guantanamo. Pour une fois raisonnable, j’ai pris des boules Quies et je ne le regrette pas, j’ai sauvé mon appareil auditif ! Je commence d’abord le concert en bonne warrior devant mais je décide de reculer au fur et à mesure. Tu penses que je suis une tapette ? Je ne relèverai pas ton insolence. Disons qu’un excès de testostérone collectif crée des odeurs incroyables mais surtout que trop de chaleur humaine peut nuire à ta survie quand tu as un manteau parce qu’il fait -12 ° dehors. Il en est de même pour le groupe qui demande à tout le monde de reculer pour respirer un peu, je ne comprends d’ailleurs toujours pas comment il peut jouer de la batterie avec des mecs quasiment au dessus de ses cymbales. Je rejoins donc les quelques filles plus équilibrées que moi à l’arrière où je ne vois rien mais profite mieux le bordel psychédélique du duo de Rhode Island.

Un concert de Lightning Bolt est difficilement descriptible mais une expression le résume assez bien : NO LIMIT. Aucune limite mélodique, aucune limite stylistique, pas plus que dans la manière dont ils gèrent leur son, aucune limite entre le groupe et le public ni même entre les gens eux-mêmes, le bobo cotoie le punk, je suis au milieu et tout semble si normal que c’est beau (si tu veux verser ta larme, c’est là).

Les morceaux s’enchaînent tout comme les moments de transes et de furies collectives, un trip presque mystique et très bruitiste. « Dracula Mountain » arrive de manière dantesque vers la fin du set qui s’arrête brutalement. Les deux Brian se mettent à ranger leur matériel en papotant. Ils ne nous restent plus qu’à faire une deuxième inspection de ce matos qui semble en redemander presque autant que nous puis de rentrer chez nous comme Carla Bruni, comme si de rien n’était alors qu’on vient juste de se prendre une grosse claque. C’était direct, impulsif, presque sauvage, un truc qu’on vit rarement. Plus qu’un concert, Lightning Bolt en live c’est une vraie expérience, on peut dire « J’y étais ! J’ai vécu ça ! »

Une fois à la maison, j’ai quand même regardé Britney sur Youtube et sans surprise elle ne sait toujours pas faire de playback. Quelques centaines de milliers de français on fait cette constatation puis ont zappé sur une autre chaine, d’autres plus chanceux étaient à la Maison de la Villette à cet instant et n’oublieront pas ce qu’ils ont vu et entendu. Des extraits passeront prochainement dans Tracks, je vous invite à regarder ça pour mieux comprendre et aussi pour rendre hommage au caméraman qui a morflé mais s’est battu comme un diable jusqu’au bout. R.I.P.