Le 5 novembre, j’ai posté sur ma page Facebook la vidéo d’Inhaler annonçant le retour de Foals avec l’album “Holy Fire” début 2013. Au dessus, j’ai noté « A fond. Ils réussissent là où d’autres échouent… » et je ne l’avais jamais pensé aussi fort.
S’en est suivi quelques semaines pendant lesquelles, je me suis replongée dans « Antidotes » qui m’a mis une claque en 2008, dans « Total Life Forever » qui m’a mis un aller-retour et qui ne m’a plus jamais quitté et dans des dizaines de vidéo live en attendant de les revoir dans une salle puant la sueur. J’ai réalisé à ce moment-là qu’ils faisaient tous les 2 ans l’album que j’avais envie d’écouter là, maintenant.
Quelle ne fut pas mon excitation lorsque Warner m’a proposé la semaine dernière de faire une interview par téléphone avec Walter Gervers, bassiste du groupe. Finalement, le jour J, le management nous a informé que c’est son acolyte Jack Bevan qui le remplacerait.
Oh joie, car le 13 décembre, après l’enregistrement de « l’album de la semaine », mon statut facebook était celui-ci “Tu m’as régalée, Jack Bevan.” et ce n’était pas la première fois que je le pensais.
Salut Jack, comment vas-tu ?
Très bien, et toi ?
Très bien, je te remercie. Je suis ravie de faire cette interview avec toi car j’adore Foals et je n’en peux plus d’attendre de recevoir mon coffret depuis des semaines !
Ah, cool !
Donc, je voudrais discuter avec toi des nouveaux morceaux. J’étais au concert de la Maroquinerie en Décembre et j’ai trouvé que certaines sont beaucoup plus heavy que par le passé. Es-tu d’accord avec cela ? Est-ce que cela vient de vos expériences live ou peut-être de la production ?
Oui c’est vrai que nous avons fait des morceaux comme « Inhaler », « Providence » ou « Prelude » qui sont bien plus heavy que tout ce qu’on a pu faire auparavant. C’est tout une partie de l’album qui contrebalance une autre face très délicate avec des chansons comme « Moon ». On a voulu faire des morceaux très intimes mais aussi d’autres qui envoient vraiment du lourd !
Pour Holy Fire, vous avez travaillé avec Alan Moulder et Flood. Travailler avec l’un des deux est déjà un rêve pour beaucoup de groupes, comment avez-vous fait pour travailler avec les deux ? Et comment se passe la collaboration avec deux producteurs de ce calibre ?
Pour nous aussi, c’était un rêve ! Ils ont bossé sur des albums qu’on a écouté en grandissant comme ceux de Nine Inch Nails, Smashing Pumpkins, c’était incroyable. On a rencontré Alan Moulder quand on mixait « Total Life Forever« , c’est un mec adorable, calme et conciliant. Puis notre management nous a proposé de rencontrer Flood pour le nouvel album, une chose qu’on aurait jamais cru faire il y a 5 ans quand on était à Oxford. C’est une équipe qui se complète parfaitement, d’un côté il y a Alan qui a un rôle de médecin, qui analyse, fait des diagnostics et de l’autre Flood qui est à fond dans l’inspiration du moment, de ce qu’il vient d’entendre. Il n’a pas peur de tenter des choses qui ne fonctionneront pas forcément. Ça nous a fait du bien car on a toujours été un groupe de “control-freaks” et grâce à lui on a appris à lâcher prise.
Comme tu le disais, ils ont notamment travaillé avec Nine Inch Nails ou Smashing Pumpkins, des groupes que nous aimons tous. Est-ce que vous les avez harcelés pour obtenir des informations à leurs sujets ?
Non, on a essayé de rester professionnels et surtout d’oublier pour ne pas se mettre la pression. Mais un jour par exemple, il y avait une guitare derrière une vitrine et on a dit “oh elle est sympa” et il nous a répondu “ouais, c’est celle de James Iha”, on tirait la langue !
Ils ont certainement plein d’histoires incroyables mais je me dis que s’ils bossent pour un autre groupe dans 5 ans, je ne veux pas qu’ils balancent nos dossiers !
Il y a un véritable travail d’écriture de la part de Yannis et dans les interviews on ressent encore plus cette réflexion sur notre temps. Est-ce que c’est quelque chose qui lui est propre ou finalement, il est en quelque sorte le porte-voix du groupe avec un regard partagé sur notre monde ?
Ça dépend, en règle général il écrit tout seul dans son coin mais il arrive qu’il nous demande un feedback. On est à un stade de notre groupe où on pense comme une seule unité. On fait presque de la télépathie, c’est extrêmement rare qu’on ne soit pas sur la même longueur d’onde. On a tous une vision très libre du monde et de l’art qui nous entoure et j’ai du mal à imaginer que ce soit différent étant donné que nous passons presque l’intégralité de nos vies ensemble. Avant, on ne prenait pas trop position ; les paroles étaient très imagées. Je trouve qu’elles sont beaucoup plus directes et assumées sur « Holy Fire« . Cela est aussi dû au fait qu’on tourne pendant 2 ans avec ces chansons ; au bout d’un moment tu as envie que ce soit plus compréhensif pour le public, tu veux mieux communiquer avec lui.
On se demandait aussi si le fait qu’il ait arrêté de fumer des joints avait eu un impact pessimiste sur son écriture !
(rires) Oui, c’est vrai qu’il a arrêté et c’était une bonne décision ! Il est beaucoup plus concentré que lorsqu’il est défoncé, ahah !
D’autant plus que Yannis semble parfois assez intense comme lorsqu’il exprime son pessimisme sur l’avenir même du groupe en n’imaginant pas le groupe perdurer “parce que le public n’a pas envie de voir des mecs ravagés sur scène”. Est-ce que cet état d’esprit est propre à l’ensemble du groupe ?
Je crois que Yannis est surtout superstitieux quand il dit des choses comme ça. On a envie de continuer ensemble jusqu’au jour où on n’arrivera plus à écrire de nouvelles choses ensemble. Il est sûr qu’on ne souhaitera pas continuer comme certains groupes pour l’argent ou parce qu’ils ne veulent pas s’arrêter de tourner. On continuera tant qu’on fera des albums meilleurs que les précédents ou différents tout du moins. Là on part pour une tournée, il est fort probable qu’on repasse en studio juste après, c’est ce qu’on fait depuis 6 ans ce qui est long et en même temps pas grand chose par rapport à la durée de vie moyenne d’un groupe. Il est difficile de prévoir la suite, je suis aussi intrigué par ce qu’on fera dans 5 ans.
Est-ce que tu te verrais jouer dans un autre groupe en cas de split ?
Je ne me vois pas commencer un autre groupe, je ne me vois même pas jouer avec d’autres personnes. On n’est pas des musiciens très forts au sens traditionnel, on a appris à jouer sur nos qualités et nos défauts respectifs. Et puis ça me semblerait bizarre, on est comme des frères ; jouer avec d’autres personnes me paraîtrait vraiment très étrange finalement.
Pour Total Live Forever, on ne s’attendait pas du tout à un single comme Spanish Sahara. Inhaler a été une belle surprise aussi. Comment choisissez-vous vos singles de comeback ?
« Spanish Sahara » était un gros risque car on était connus comme un groupe indé plutôt dansant, on était sûr que les gens allaient se dire “mais qu’est-ce qu’ils font ?”. Quand on finit un album après de longs mois en studio, bien évidemment on ne se demande pas si les gens vont l’aimer ou non mais on n’arrive même plus à dire si on l’aime ou non. C’est un peu comme un enfant, on ne sait pas comment il va devenir après sa naissance. Pour « Inhaler », on s’est dits qu’elle était suffisamment directe pour marquer le coup et dire “hey, on est de retour !” Ça aurait pu ne pas être payant mais heureusement, elle a globalement reçu un super accueil.
Je vous ai vus au concert de Paris en décembre, c’était vraiment très intense, certainement le concert de Foals le plus intense que j’ai vu. Comment avez-vous vécu ce tour de chauffe ?
Cette tournée était très fun notamment le concert de Paris. On a joué que dans de toutes petites salles dans lesquelles on était en contact direct avec le public. On place vraiment la communication avec le public au coeur de nos concerts et c’est plus simple et direct dans ce cadre-là que dans des grandes salles. On a fait qu’une dizaine de dates pour l’instant et on est ravis d’avoir encore l’occasion de se retrouver dans des configurations comme celle-ci, à l’Olympia par exemple.
Vous venez pour mon anniversaire en plus !
C’est pas vrai ? On va être obligés de te chanter un « Happy Birthday » alors !
Chiche !
Je suis très admirative de ton jeu et de celui de Walter également et je trouve que votre combinaison rend le tout encore meilleur. Comment travaillez-vous ensemble ?
Disons que Walter et moi agissons de manière soudée que ce soit sur scène ou en studio. On sait ce que l’autre veut faire sans même se parler, c’est l’une des choses incroyables quand tu es dans le même groupe depuis longtemps. Au niveau de l’écriture, c’est différent pour chaque morceau mais il y en a certains comme « My Number » pour lesquels on écrit simultanément les parties de batterie et les lignes de basse.
C’est toujours génial de jouer avec Walter parce qu’on va dans le même sens.
A ce moment là, Georges nous interrompt pour nous dire qu’on est vraiment super sympas mais qu’on le serait encore plus si on pouvait conclure rapidement.
Bon, on ne va pas énerver Georges, donc une dernière question cruciale : sais-tu où Yannis achète ses pulls et ses chemises de “marchand d’armes d’Europe de l’est” comme dit Walter ?
Attends, j’essaye de réfléchir… Je ne sais même pas quels magasins ont pu vendre ça ces 10 dernières années mais si je trouve cet endroit, sois sûre que je diffuserai l’info !
Merci beaucoup Jack, c’était génial de discuter avec toi et j’ai hâte de te revoir derrière des fûts !
Merci à toi et on se revoit pour ton anniversaire !
Tu peux compter sur moi, je serai là ! Bye.
Merci à mon buddie Ross pour son coup de main et à Romain de Warner.
Et si vous en voulez encore, n’oubliez pas de regarder ce clip non-officiel de « My Number » a en faire pâlir les anti-mariage pour tous.
https://youtu.be/ZNawInrPNHY
