En amont de la sortie de Phantom Radio, Mark Lanegan s’est retrouvé au bout de notre téléphone début octobre. Un quart d’heure assez froid mais tout de même instructif avec la voix la plus rauque du rock.
Quand on regarde votre travail, ce qui me frappe c’est votre rythme. 4 albums en 2 ans, des EP’s dans tous les sens, des collaborations non-stops, vous n’avez jamais été aussi actif. Comment vous l’expliquer ?
Globalement, ça fait 10 ans que j’enchaîne entre tournées et albums. Depuis la tournée avec les Twilight Singers, je termine une série de concerts et je retourne en studio pour enregistrer. Bien que ça n’ait pas toujours été pour un album de Mark Lanegan. Par exemple, il y a eu 8 ans entre Bubblegum et Blues Funeral mais entre temps, j’ai participé à d’autres groupes.
C’est une routine que j’apprécie, j’ai la chance de pouvoir vivre de la musique et de pouvoir jouer ensuite donc je le fais sans trop me poser de questions.
A propos de Phantom Radio, quelle était votre intention avant de commencer à composer ?
Mon intention, hum… J’avais des textes donc je voulais faire des chansons et sortir un disque. C’est pas plus mystérieux que ça.
Qu’est-ce qui vous motive et vous inspire alors pour rester si productif ?
Pareil, pas de grande surprise. La vie mec, des choses que je vis, que je lis, que vois.
Un de nos lecteurs a pu rencontré Alain Johannes lors d’un concert français le mois dernier. Il lui a confié vouloir tourner avec vous. Est-ce que vous avez quelques chose de prévu ?
C’est une possibilité mais ce n’est pas prévu dans l’immédiat justement parce que le groupe est déjà prévu et qu’Alain a aussi son actualité.
Vous vous êtes rencontrés pendant l’enregistrement de Rated R ou de Songs for the Deaf ?
Pendant les Desert Sessions en réalité. Nous étions tous les 2 sur Rated R mais on ne s’est jamais croisés. On s’est rencontrés par la suite et pendant les tournées qui ont suivi pendant 2 ans quand nous étions membre à part entière de Queens of the Stone Age. Ce qui a fait ensuite qu’on devienne amis.
Il a aussi dit que vous n’étiez pas un grand fan du studio. Vous confirmez ?
En effet, je n’aime pas trop. Je ne suis pas du genre à me prendre la tête des heures à retourner un morceau dans les sens, je suis plutôt du genre impatient. Contrairement à Al qui apprécie la production, les arrangements et qui sait se montrer patient. C’est ce qui facilite aussi notre association.
Il est difficile de trouver un chanteur avec autant de collaborations différentes. Comment vous expliquer cette faculté d’adaptation ?
Je ne sais pas si on peut parler en termes d’adaptabilité. J’ai toujours collaboré avec les personnes que je souhaitais. Des personnes avec qui on peut écrire des choses, qui peuvent s’accommoder avec ma voix et avec qui le courant passe. Parce que ma voix reste la même et je ne peux pas la changer donc l’idée au départ, c’est de choisir quelqu’un avec qui la sauce prend.
Autres collaborations dont on n’a pas entendu parler et qui n’ont pas abouties ? A l’image de celle avec Kurt Cobain, qui n’a pas donné d’albums ?
L’album avec Kurt Cobain n’a jamais été fini mais je ne le perçois pas comme un échec pour autant. C’est juste qu’on ne voulait pas y mettre un terme. Des gens ont pu d’ailleurs écouter quelques chansons de notre travail ensemble et je pense que le résultat était plutôt bon.
Dans la mesure où je choisis avec qui je vais travailler je suis conscient de ce à quoi je m’engage donc je me prépare, je fais en sorte pour que ça marche. Ce qui explique pourquoi il n’y a jamais eu jusqu’alors de collaborations inachevées.
Juste pour préciser ,ma question n’était pas de souligner l’échec d’un projet en particulier ou votre capacité de jugement quant à telle collaboration. Mais juste par simple curiosité de savoir si vous étiez associé dans le passé à d’autres projets dont nous n’aurions pas entendu parler. A ce propos, est-ce que vous penser revenir à un type de projet comme celui que vous aviez avec Isobel Campbell ? Ou juste une chanson avec un artiste avec lequel vous n’avez pas encore chanté ? Un lecteur nous a soufflé Cat Power par exemple.
C’est quelque chose qui m’intéresse. Je reste ouvert mais pour autant, il n’y a personne à l’heure actuelle avec qui j’ai une ébauche de projet de ce genre.
Vous avez dit il y a quelques années qu’une reformation des Screaming Trees n’allait jamais se faire. En partie parce que le cachet que vous exigeriez serait trop élevé et également car les autres membres n’ont sûrement pas joué de musique depuis un bail. Je suppose que rien n’a bougé depuis ?
Je pense ne jamais accepter, ni prendre part à une réunion des Screaming Trees. Quelque soit le montant du chèque en réalité. C’est un groupe avec lequel j’ai apprécié de créer, de jouer mais qui appartient aujourd’hui à une certaine époque et je ne vois pas ce qu’on pourrait ajouter de positif à ça.
Je suis fan de NBA et j’ai appris que vous étiez un vrai fan hardcore des Clippers. Comment vous la sentez cette saison ?
Pour l’instant, je n’ai pas trop envie d’en parler au vu des 3 matchs de pré-saison horribles que l’équipe a pu jouer. Même si la pré-saison ne rime pas à grand-chose, ça fait mal. Mais bon, ça pourrait être notre année. Les choses ont bien changés ces dernières années, on a un bon coach et un effectif solide… On peut aller au bout.
D’ici votre date à Paris en mars, quel est votre planning ?
On commence la tournée aux Etats-Unis dans les prochaines semaines et dès janvier on sera en Europe pour une longue tournée. Ensuite, on enchaînera sur l’Amérique du Sud et l’Australie.
Un grand merci à Thomas de chez Pias Coop et au management de Mark Lanegan.
