Interview ☭ Health

Découverts via l’excellente B.O de Max Payne 3, Jake et Jupiter d’Health nous a accueilli dans les locaux de Caroline Records pour une interview post-Primavera en marge de la sortie de leur nouvel album Death Magic prévu pour le 7 août.

Pour un groupe nommé Health, votre groupe est assez folle. D’où vient le nom du groupe ?
On voulait un nom qui frappe visuellement et bizarre, qui dénote une fois sorti de son contexte. Un truc qui sonne comme Television. On a longtemps hésité avec MAGAZINE mais c’était déjà pris par un groupe des années 90 donc nous sommes partis là-dessus. Ca a l’air cool quand c’est écrit donc c’est pourquoi on est aussi partis là-dessus.

Votre musique peut être très différente : des pistes instrumentales à la John Carpenter à des moments très noise, voire hardcore. Comment vous travaillez en tant que groupe pour gérer ces influences ?
C’était assez naturel. Ce n’est pas parce qu’on peut faire des titres très bruts, que l’on ne veut pas des chansons plus softs. Ca a toujours été un de nos buts de combiner ces deux styles, à la fois agressif et mélodieux. Notre son s’est développé en cherchant également chacun de notre côté et on a essayé de tout mixer ensemble en cherchant un équilibre. Avec pour but un résultat esthétique.

Ok, ce n’était pas dès le départ une envie d’y aller à fond sur les claviers ou à l’inverse de faire cracher les amplis.
Aucune influence n’a pris le pas sur une autre. Le premier album est sans aucun doute plus noisy. Mais on ne s’est jamais dit : « on veut faire ça ! ». Moi par exemple j’essaie toujours d’incorporer de la mélodie à mes compos. On est à l’inverse d’un groupe qui veut faire du rock garage parce qu’ils utilisent telle pédale, tel ampli avec ce jeu de guitare. Au départ, on ne savait absolument pas ce qu’on faisait ou ce qu’on voulait faire donc ça a solutionné la question… Tout ce qu’on savait, c’est qu’on ne voulait pas être rattaché à un genre.

Comment vous vous êtes retrouvés à travailler sur la B.O de Max Payne 3 ?
Ça nous ait tombé dessus, ce n’est pas quelque chose que tu peux chercher réellement à faire. Il nous ont contacté. Il s’avère que leur service en charge de la musique est très au fait de la musique indépendante et underground. Comme le jeu est très intense et dark, ils se sont dit que notre son pouvait coller et l’un des gars écoutait notre album au début du projet.

Ils avaient écouté notre album et souhaitaient nous rencontrer pour quelques parties au départ. Du type, quand Max commence à péter un plomb. En mixant notre son avec leur bande-son, ça ne suivait pas. Au départ, on devait vraiment faire quelques éléments d’accompagnement et on a fait l’exercice sur un niveau complet pour voir le résultat. Ce qui les a convaincu. On a donc écrit plus pour se retrouver à faire toute la B.O. Ce qui était étonnant, c’est qu’on s’est retrouvé vraiment impliqué pendant plus d’un an dans la création du jeu. Parfois on devait modifier parce que le niveau avait changé ou que le niveau avait été testé et considéré comme trop dur… C’était intéressant et ça a marché parce que le jeu était vraiment dark.

Comment s’est déroulé le processus de création ? La bande-son colle tellement au jeu qu’on a l’impression que vous avez joué derrière les développeurs. Et c’est comme ça que je vous ai découvert.
On a rencontré les équipes à plusieurs stades pour échanger sur les intentions et ensuite on a testé le jeu pour voir dans quels univers le joueur allait être plongé. Ca nous a pris plus d’un an et a presque absorbé nos vies pendant un temps.

Vous étiez des joueurs avant ça ?
Pas vraiment, à part John. Après bien sûr comme tout le monde on a joué à GTA donc je connaissais Rockstar et ils en ont même un film assez mauvais…

Ce qui était cool dans ce projet, c’est que ça n’a jamais ressemblé à une commande ou un job. Ça s’est présenté et c’était une expérience très immersive. On se rendait compte du boulot des pauvres développeurs qui parfois devaient tout recoder pour changer l’éclairage de tout un niveau… Très instructif et ça nous a donné envie d’en faire d’autres si l’occasion se présente à nouveau.

Est-ce que vous avez été approché dans la foulée par des réalisateurs pour du ciné ou des séries ?
On adorerait écrire la B.O d’un film. Mais ce business est très fermé et cloisonné par les syndicats, etc… C’est un petit milieu. Après se pose la question de l’argent mais si un real cool pour un film indé se pointe et que son projet est cool, je le ferai. Pour autant, on n’a pas reçu tant de propositions, suite à Max Payne.

Votre chanson la plus connue demeure le remix de Crimewaves de Crystal Castles. Est-ce que vous allez continuer à en faire ?
Oui bien sûr. Autant que nous pouvons. Il est d’ailleurs prévu qu’on sorte un album de remixes pour Death Magic. La seule raison pour qu’on ne le fasse pas, ce serait qu’on en ait pas de bon.

Vous avez l’air ouvert aux collaborations. A part Crystal Castles, est-ce que vous êtes en discussion avec un autre groupe sur un projet similaire ?
Pour l’instant, il n’y a pas de projet de la sorte sur un album mais Haxan Cloake est venu jouer du clavier sur l’intro du nouvel album.

Je vous ai vu en première partie d’Interpol cette année. J’ai vu que vous faisiez la tournée des festivals ces dernières semaines, qu’avez vous de prévu ces prochains mois ?
On est en effet en pleine tournée des festivals. On a enchaîné Austin Psych, Fest, Primavera et là on continue sur l’édition à Porto. Ensuite, on a un break jusqu’à la tournée prévue pour l’album au mois d’août. Les premières parties pour Interpol nous ont permis de répéter et de se mettre à donner vie aux morceaux du nouvel album, qui est très électronique. On parie aussi sur un retour pour les festivals l’an prochain.

On peut vous attendre au Pitchfork Festival à Paris, non ?
On ne sait pas encore mais on aimerait bien. On a entendu dire que c’était canon.

Oui, c’est couvert. L’endroit est cool, c’est un ancien marché et les scènes sont l’une en face de l’autre donc il n’y a pas de pause. Et il n’y a que 2 scènes et un groupe joue à la fois.
Ca, c’est cool. Le plus dur en festival, c’est la concurrence. Il y a des groupes que tu aimerais voir et qui jouent en même temps que toi. Et certains prennent une bonne partie de la foule. Dernièrement, on a joué à 5 heures du mat’ à Primavera en face d’Underworld. Heureusement, il y avait quand même pas mal de monde pour venir nous voir.

Je parie que vous y serez… Vous avez donc déjà testé les nouvelles chansons sur scène ?
Oui, notamment via la tournée avec Interpol. On voulait la faire pour s’entraîner, même si de toute façon on les adore et ça nous plaisait de les voir tous les soirs. On ne voulait pas faire de tournées sans album sorti, c’est frustrant. Et on ne voulait pas non plus aller à Primavera sans jouer, ce serait une catastrophe.

Sans transition ! Quelle est votre blague favorite ou la dernière chose qui vous ait fait rire en tournée ?
Oh, bonne question. Il y a un moment en tournée où ils nous arrivent à chaque fois des trucs bizarres. Mais là, bizarrement ça fait un bail. On enchaîne concerts et presse donc ça se calme. C’est peut être lié à des blagues qu’on fait à notre tour manager où à l’ingé son. Faudrait qu’on te l’envoie par mail une fois que la tournée pour l’album a vraiment démarré. Ah, si ! Hier soir, on a regardé un doc VH1 Behind The Music sur Motley Crue. J’avais lu The Dirt mais c’est quand même incroyable à quel point ils sont stupides. On était mort de rires devant.

Dernière question : pourquoi six ans depuis le dernier album ?
Le temps d’écriture a été très long. Ce qui ressortait, c’est qu’on voulait vraiment qu’il sonne bien. On ne voulait pas sortir un disque avec tel mec et voilà. On voulait que le son soit bon. A un moment, tu regardes derrière toi et tu te dis : « ah, merde ça fait déjà 4 ans ». Là, t’as l’air un peu con.

Mais en réalité, l’album pour Max Payne nous a pris plus d’un an, on a tourné plus de 2 ans pour Get Color… Ca nous fait deux excuses. (rires)

Merci à Jupiter, Jake et Valentin pour leur temps et leur sympathie. Vous souhaitez un album bien vénère entre deux séances de bronzage cet été ? Death Magic vous attend le 7 Août.