Interview ☭ Agora Fidelio

Ce n’est sûrement pas un hasard si la présentation aux médias d’Agora Fidelio a lieu au derneir étage du centre Georges Pompidou, car le cadre et l’atmosphère du lieu correspondent parfaitement à la musique du groupe, à la fois intimiste et aérienne. On a donc rendez-vous avec un groupe encore peu connu (profitez-en, cela risque vite de changer) qui sait ce qu’il veut. Précision: ils en sont déjà à leur deuxième album, et le chanteur du groupe officie déjà au sein des furieux de Psykup.

Présentation du groupe, même si ça ne doit pas être la première de la journée?
(rires) Pim: Donc moi je suis Pim, batteur.
Jouch: Guitariste.
Akira: Bassiste.
Milka: Chanteur.
Pim: On est sur ce line-up depuis 2002; on a sorti un album très tôt, juste après la formation du line-up, de manière super spontanée. Et aujourd’hui, sortie du deuxième album « Attitude Zéro« .

Le premier album a bien marché?
Akira: En fait il n’a pas eu droit à une distribution ni à une grosse tournée qui l’aurait accompagnées. Cependant, il a plutôt été bien accueilli par la presse, les quelques exemplaires sont partis, ce qui nous laissait confiants pour la conception d’un nouvel album plus abouti, avec un circuit de distribution, un label (Jerkov) et une tournée qui va avec.

Votre groupe a dû déjà toucher pas mal de monde: Milka est connu des amateurs de Psykup. Y’a t-il une pression de la part de Psykup, justement?
Milka: Les fans de Psykup ne vont pas se retrouver beaucoup dans la musique d’Agora Fidelio, je pense. C’est pas du tout le but: moi je -on, on est au pluriel de toute façon- fait un projet différent pour justement explorer d’autres terrains. Les gens qui sont un petit peu ouverts, dans l’auditoire de Psykup, et qui ne recherchent pas que le côté sur-grind, porteront une oreille sur Agora Fidelio. Mais c’est clair que c’est pas notre base première.

C’est un nouveau départ à zéro, en fait…
Milka: Ouais, un peu. Mais si après on peut accrocher quelques wagons qui viennent de Psykup, c’est très bien. Il y a d’ailleurs déjà pleins de fans chez nous, en région Midi-Pyrénées, qui sont venus à Agora Fidelio par Psykup. Mais on essaie de ne pas miser sur ça à fond, car à l’inverse, quelqu’un qui peut avoir un à priori négatif pourra ne pas venir à Agora Fidelio parce que « oui, il ya le mec qui joue du metal dedans -Ah non mais c’est pas pareil. -Oui, mais non, tant pis… » On a envie de faire le buzz autour d’un groupe complètement autonome car on est dan un créneau allez…pop-rock.
Pim: Tu considères ça comme un groupe à part entière?
Akira: Oui, tout à fait. Il n’est pas question de projet parallèle.

Psykup ne sera pas mis de côté pour autant?
Milka: En fait, on essaye enfin (parce que ça été très dur à organiser) de faire cohabiter les deux groupes parce que Psykup en est à un stade de développement bien supérieur, et ce largement au niveau de l’attente qu’il y a niveau concerts, albums, etc. Et c’est en effet très dur de faire cohabiter les deux au niveau temporel simplement. Psykup est au creux au niveau de l’actualité vu qu’on est en train de composer à la maison, chez nous; donc moi j’en profite pour faire mes trucs à côté, et à l’avenir on va essayer de faire cohabiter le tout, même si Psykup reste le plus important.

Et pour le reste du groupe, il y a une quelconque pression?
Pim: Non, moi je suis fan de Psykup et Agora Fidelio reste à part entière.
Jouch: Au début, on pensait que cela serait dangereux. Mais au fil du temps, on a vu qu’il arrivait à jongler avec les deux et que Agora lui tenait à coeur. Il n’y a donc pas de problèmes.

Comment définiriez-vous, « Altitude Zéro« , votre musique?
Akira: Un rock aérien et intimiste… Vis-à-vis de l’attente médiatique, on souhaite que cela reste cohérent, plus abouti au niveau de la prod. Cela nous a permis d’avoir plus de temps en studio, Yannick Tournier de Psykup -la boucle est bouclée- a enregistré l’album, mais cela reste dans une veine pop-rock, avec des éléments qui viennent de la lo-fi, de lanoïse, avec des pics plus intenses et des passages plus intimistes, une mise en avant du texte en français. A partir de cela, chacun juge la musique comme il le souhaite.
Pim: On a pris le temps de bien bosser les morceaux, et ça se ressent.
Jouch: Certains morceaux sont restés en évolution jusqu’à l’enregistrement où ils ont trouvé leur forme finale.

Le choix de chanter en français est volontaire?
Milka: Complètement. J’estime, comme c’est ta langue maternelle, que tu ne vas être que meilleur, et pas du sous-produit influencé par 8 milliards de cultures sous-jacentes: de la sous-merde américaine ou anglaise alors que 8 milliards d’Américains ont écrit bien mieux que toi, avec bien plus de jeux de mots, bien plus subtilement. Le texte prend une bonne place au niveau de la force que tu veux lui donner, ce que l’on ressent moins dans Psykup où le côté violent prime. C’est en écrivant en français que je me sens le mieux, que je peux ne pas faire que de la merde. On l’assume à fond.

Jouch, toi qui es infographiste, l’idée de la pochette avec la fenêtre, c’est bien ton idée?
Jouch: Mon boulot, c’est de prendre en photo tout ce qui passe sous mes yeux. Et il se trouve qu’à un moment, on a pris conscience que tous les morceaux de l’album évoquaient à peu près les mêmes thèmes: l’eau, le voyage, l’éloignement; or à la même période, je me suis trouvé dans un aéroport avec cette vue qui donnait sur la mer, forcément ça coulait de source. Et ça a convenu à tout le monde.
Akira: Jouch nous a régulièrement présenté plein de choses au fur et à mesure de la conception de l’album, et il s’est avéré qu’avec ce visuel et cet esprit autour, l’album était cohérent.
Pim: Le plus, c’est qu’on travaille en interne et cela nous permet d’être super confiants dans ce que l’on fait.

En ce moment, les albums qui tournent chez vous?
Milka: Queen Adrena, que j’ai découvert récemment.
Pim: Le premier Kaolin, où l’on retrouve cet esprit intimiste.
Milka: Mary Sluts, de chez nous. Ca va mettre un bon coup dans la fourmilière metal, surtout à Paris. C’est du metal aérien, très recherché, très subtil; et pas du tout dans la mouvance: « J’ai des perfectos, avec une mèche et des badges… je m’appelle Vegastar. » C’est entre Muse et Will Haven.
Akira: C’est une musique accesible, qui te porte. Et on va partir sur la route avec eux.
Tous: Gojra, qui est dans le même état-d’esprit que nous.

Vue la douceur très prononcée dans la musique d’Agora, est-ce toi Milka qui apporte les chants calmes dans Psykup?
Milka: Non, je ne suis pas l’homosexuel du groupe (rires). Nous sommes plusieurs à l’être… Non, en fait, on a tous ce côté schyzophrénique, car on écoute des trucs super violentissimes et des trucs super calmissimes. Et Julien, l’autre chanteur, écoute des trucs bien plus calmes et biens plus mièvres que moi (rires). Après je dois apporter un côté mélodique, sensible mais ce n’est pas aussi manichéen. Si Psykup c’est de l’autruche-core, Agora ce serait quoi?
Milka: On essaie de mettre des vrais mots. L’appelation « rock aérien et intimiste », ça nous correpond bien, que ce soit avec les chapes de guitares, les envolées que l’on joue en concert: rock noïse, voire hardcore sur scène; et le côté lo-fi, très sussuré, tout en tension et en retenue.
Akira: Ca se fait un peu moins dans la pop de s’autodéfinir. Chez les points-de-vente, on sera au rayon « rock français ».

Une question que vous vous poseriez vous-mêmes et à laquelle vous répondriez?
(rires)Milka: On est chez Thierry Ardisson! Alors, je suis journaliste à Télérama: « On sent un renouveau de la scène rock française, avec des albums qui ont beaucoup marché comme ceux de Kyo ou de Pleymo. Vous sentez-vous représentants de cette scène?« 
(rires) Pim: Complètement, j’adore Kyo!
Jouch: Non, pas du tout. Parce que je ne pense pas qu’on soit un élan pour une quelconque scène, parce que ce n’est pas notre but. Nous avons le cul entre deux chaises musicalement parlant et on aime ça. On n’est ni dans l’underground ni dans le mainstream, et on ne cherche à être ni dans l’un ni dans l’autre. Je ne les considère pas comme une scène particulière. On ne cherche pas à se mettre dans une case en particulier.
Akira: On se dit que notre musique peut toucher tout le monde.
Pim: Il nous tarde de savoir ce que les gens pensent de l’abum, en fait…