Phantogram, c’est un peu comme ce pote qui disparaît pendant trois ans et revient avec un grand sourire, en te racontant qu’il a “beaucoup réfléchi” – sauf que, dans leur cas, c’est vraiment pour la bonne cause. Avec Memory of a Day, Sarah Barthel et Josh Carter livrent un album dense, mélancolique et taillé pour ceux qui aiment autant les nappes synthétiques planantes que les petites claques émotionnelles bien senties.
J’ai un affect tout particulier pour ce duo, suivre Sarah Bartel sur les réseaux permet de prendre la pleine mesure du décalage entre la personne et la chanteuse. Si Sarah se fait blagueuse sur Insta, il en va tout autrement de son oeuvre partagée avec Josh Carter. Phantogram, c’est comme si Massive Attack et Metric avaient eu un bébé élevé par Depeche Mode. Ici, la formule reste fidèle à leur ADN : des beats hypnotiques, des mélodies qui collent à la peau et cette voix éthérée qui te fait hésiter entre danser et pleurer dans le même morceau (si tu penches un peu l’oreille sur les paroles).
Un album qui respire la nostalgie… Mais pas que.
Dès le titre d’ouverture “Jealousy”, le duo nous plonge dans un bain d’émotions contrastées : pulsations électroniques, nappes mélancoliques et ce refrain qui tourne en boucle dans la tête bien après l’écoute. Sur “It Wasn’t Meant To Be”, c’est une autre ambiance : un mélange de regrets et d’acceptation, avec une instru qui frôle l’épique sans jamais tomber dans l’excès. Un titre qui te donnerait presque envie de texter son ex à 2h du mat (ne le faites pas, sérieux). Et puis, il y a “All A Mystery”, qui joue avec des textures sonores et un groove envoûtant. Un morceau taillé pour errer dans une ville déserte à 3h du mat, en repensant à tes choix de vie (ou juste pour kiffer en voiture, à toi de voir).
Phantogram, toujours cette patte unique
Les paroles de l’album explorent d’ailleurs des thèmes profonds tels que la nostalgie, la mémoire et le passage du temps. Dans une interview, le duo mentionnait que Memory of a Day était né d’une réflexion sur le temps qui passe et les souvenirs qui nous façonnent, offrant une perspective à la fois personnelle et universelle de notre monde.
Si l’album parle beaucoup de souvenirs et du temps qui passe, il le fait avec une production moderne et ultra léchée. “Feedback Invisible” en est la preuve : une montée en puissance qui prend aux tripes, et une explosion finale qui donne envie de lever les bras comme dans un festival sous acide. Et puis, il y a “Come Alive”, un titre qui, malgré son nom, donne plutôt envie de se laisser flotter dans un trip contemplatif, porté par des synthés aériens et une basse ronde qui tapisse tout l’espace sonore sur un tempo plus enlevé. Difficile dès lors de résister à des titres comme « Attaway » et son refrain entêtant. En rédigeant cette chronique, je me rends compte que cet album est finalement plus triste qu’il n’en a l’air et pourtant, je peux vous assurer que je bats beaucoup la mesure en l’écoutant.
Bref, Memory of a Day prouve que Phantogram maîtrise encore l’art de nous happer dans son univers entre trip-hop, électro et indie rock. Ça brille, ça cogne, et ça touche là où ça fait du bien. Sûrement l’un de mes albums préférés du duo tant je l’écoute du premier au dernier titre sans rien zapper. Enfin, si, peut-être le dernier titre. Mais j’avoue une chose, je n’ai pas fait figurer l’album dans mon top 2024. À tort car en fait, je l’écoute depuis des mois dans mon coin. Peut-être ne voulais-je pas partager cette petite pépite introspective qui fait danser/pleurer.