Bon, prenons 62 minutes – le runtime officiel – mais soyons honnêtes : Lonely People with Power est un concentré qui, dès le premier single “Magnolia”, va vous mettre une claque ! Le chant screamé, à la base, c’est pas ma came. Mais avec ce titre, je me suis fait happer, hypnotisé, foutu dans le turfu. Le coup de génie, c’est ce scream – 4 minutes de pure violence SUBTILE. J’étais clairement pas prêt. Il faut dire que l’album entier s’appuie sur une partie instrumentale démentielle, je vous laisse me dire si vous êtes capable de résister au riff MONSTRUEUX du pont (2mn35) par exemple.
Avec ce disque, c’est la fin du voyage shoegaze doux d’Infinite Granite. Là, Deafheaven rapatrie les blast‑beats, riffs tranchants, hurlements viscéraux… le tout mixé avec un soin rare. La voix devient un instrument à part entière au service d’un rouleau compresseur blackgaze qui ouvre les crâne en deux. Il suffit de voir la douceur des couplets du single « Heathen » avant ce refrain sans concession. Kiff total pour ma part. Ça joue vite, ça joue fort mais sans tomber dans une sorte de couloir bruitiste qui finirait par lasser, parce que c’est aussi ça le défi, gueuler sans lasser.
Et si vous n’aviez jamais accroché au scream de base, c’est peut-être que vous n’étiez pas tombé sur le bon screamman. George Clarke balance ici ses meilleures performances, tantôt hurleur furieux, tantôt murmure oppressant.
Un vrai retour aux fondamentaux, mais pas basé sur la nostalgie. Juste la maîtrise maximale de ce qui fait l’essence du groupe au service d’un disque calibré pour marquer.
L’écoute devient alors une sorte de mini‑film entre tensions, silences et chocs sonores… Le tout est savamment découpé, alternant chaos et climax. On peut entendre ces interludes (Incidental II notamment, avec Jae Matthews), calmement avant d’être broyé à nouveau – dans le style Deafheaven. Cette structure rend l’album cinématique et addictif.
L’album balance entre passages ultra violents (voir Doberman, Revelator) et respirations mélodiques (The Garden Route, Winona), sans que ça sonne bancal. Clairement un album qui figurera dans mon top 2025 haut la main. Et si l’album envoie, attendez de les voir en live, vous m’en direz des nouvelles.