Massive Attack : l’EP « Eutopia » en écoute et réflexion

Bon on était un peu occupés et on a oublié de reparler de l’EP de Massive Attack MAIS si vous n’avez pas vu passer d’infos à ce sujet, sachez que la formation britannique a bien sorti son EP « Eutopia » qui se veut très politisé. Il s’agit de trois titres sur lesquels ont été conviés le groupe Algiers, Young Fathers mais aussi ce bon Saul Williams. Trois titres qui mettent en musique les paroles d’experts luttant pour l’urgence climatique et sociale.

« Le confinement a exposé au grand jour les meilleurs aspects et les pires défauts de l’humanité. Cette période d’incertitude et d’anxiété nous a forcés à méditer sur l’évidente nécessité de changer les systèmes dommageables dans lesquels nous vivions« .

« En travaillant avec ces trois experts, nous avons créé un dialogue sonique et visuel autour de problèmes mondiaux et structurels comme l’urgence climatique, les paradis fiscaux et le revenu de base universel. L’esprit de ce EP, ces éléments et ces idées, n’ont rien à voir avec les notions naïves d’un monde idéalisé et parfait, mais tout à voir avec la nécessité urgente et pratique de construire quelque chose de mieux. En ce sens, l’eutopie est l’opposé d’une faute d’orthographe. »

Revue de détail de chaque morceau signée Franceinfo

Climate Emergency
Sur ce premier titre, on entend le groupe Algiers mais surtout les propos de Christiana Figueres, ex-secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques entre 2010 et 2016. Elle y expose clairement comment la crise sanitaire de la Covid-19 a accéléré l’impact d’une situation mondiale déjà critique (convergence d’une crise climatique, d’une crise des inégalités et d’une crise du prix du pétrole). Elle plaide pour « un futur de résilience » et de solidarité dans lequel chacun, « entreprises, investisseurs et citoyens » jouerait sa partition avec « les gouvernements, dont le rôle n’a jamais été aussi crucial qu’aujourd’hui« . Et de prévenir : « La fabrique sociale de notre monde, la santé de nos démocraties et le bien être des peuples peuvent être soit détruits soit rendus plus forts par une crise comme nous la vivons actuellement« .

Tax Havens
Pour ce second titre avec le poète Saul Williams, Gabriel Zucman, jeune économiste français proche de Thomas Piketty, expose sa pensée sur les paradis fiscaux, qui « siphonnent » selon lui « 700 milliards de revenus aux Etats souverains » chaque année. « Des pays comme la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et le Nigéria perdent 20% de leurs revenus fiscaux » dans ces paradis offshore opaques, expose-t-il. Alors comment en venir à bout ? En dénonçant publiquement le déficit d’impôts payés par les grandes multinationales – soit la différence entre ce qu’elles devraient payer si elles étaient normalement imposées dans le pays où elles opèrent et ce qu’elles payent réellement. Pour Gabriel Zucman, pas besoin d’accord international pour les prélever, à condition que de nombreux pays joignent leurs forces et fassent de même.


Universal Basic Income

Le dernier titre, sans doute le plus lumineux, mêle les Young Fathers et une analyse de Guy Standing, économiste britannique et théoricien du revenu de base universel. Il y détaille comment depuis une quarantaine d’années, les politiques menées ont énormément creusé les inégalités, ce qui a rendu « les économies et les sociétés plus fragiles et moins résistantes aux chocs« . Selon lui, « sans être la panacée« , le revenu de base universel permettrait « d’améliorer la santé publique » et « boosterait la demande de biens et de services, relançant l’économie réelle. » Ce filet de sécurité sauverait en outre « des millions de personnes des difficultés économiques, réduirait le nombre de sans-abri, de suicides et de famines« , avance-t-il, en ajoutant que dans les pays où il a été expérimenté, il a réduit la dette et a amélioré le statut des femmes.

 

Source : franceinfo et consequence of sound