Jay Reatard – Watch me fall

C’est difficile pour un type qui joue du punk de baisser un peu la garde et dévoiler une sensibilité pop. Ainsi, on ne s’étonnera pas de commentaires forts peu subtils sur ‘Watch me fall‘, le nouveau Jay Reatard. On pense au mot lopette, voire sale lopette même si on doute qu’il en portera dans la tombe, visiblement pop reste un gros mot à l’origine de confusions parfois navrantes entre mélodie et formatage…Tout ça pour dire que sur ce nouvel album à la pochette démontrant un impeccable bon goût, Jay Reatard est d’humeur plus popounette que punkisante. Et franchement, on s’en branle sévère parce que la seule vraie question à se poser c’est si les chansons sont bonnes. Et putain, elles sont bonnes. L’album est un vrai disque, comprendre plus cohérent que la compil’ de singles d’il y a un an, avec du relief, une progression menant vers le fantastique point d’orgue ‘There is no sun‘, brillante comme du Kinks. Jay joue toujours à 100 à l’heure (‘It ain’t gonna save me‘), emmène son disque vers de sombres recoins (‘Nothing now‘) le tout toujours perché sur des mélodies instantanées (le déjà connu ‘I’m watching you‘), entraînantes (‘Before I was caught‘) prouvant qu’on peut chanter du punk sourire aux lèvres sans majeur levé. Zéro ballade, zéro temps mort, on dépasse rarement les 3 minutes 30, du riff de doux dingue (‘Faking it‘), de la tendresse à crête (‘Wounded‘), de l’ambiance mariachi telle que les Pixies l’imaginaient (‘My reality‘), il y a de quoi rendre beaucoup de gens heureux ici tant ‘Watch me fall‘ reste un disque réalisé par un type vraiment habité par la musique qu’il joue. Et si l’épuisante furie de ‘Blood visions‘ s’évanouit quelque peu, les chansons sont assez fortes pour supporter cela. Moins d’artifice punk, plus de soin pop, après tout dans ce premier domaine, Jay Reatard n’a rien à prouver. Il ne s’agit pas de justifier ou confirmer ses disques précédents. Il s’agit d’écrire des putains de bonnes chansons. Bingo. On se surprend même à souhaiter que l’américain s’envole vers la délicatesse totale de Ray Davies.
Très bon disque.