Basia Bulat – Heart Of My Own

Oui, après une série de disques coloscopiques folk féminin il y a deux ans, on sert depuis inévitablement les fesses dès qu’une madame ou une demoiselle armée d’un manche à astiquer apparaît. C’est donc un peu tendu que l’album de Basia Bulat est arrivé jusque sur la platine. Et pourtant dès le premier titre, la décontraction tant souhaitée est arrivée. Oui c’est du folk, oui c’est une personne de sexe féminin mais on n’a jamais l’impression d’entendre une harpie racontant ses premières règles. ‘Heart of my own‘ est un disque à vivre comme un voyage dans un temps qui parait bien loin, un temps d’antan où il ne fallait pas changer de continent pour trouver un lieu où les yeux ne trouvent nulle trace de l’oeuvre de l’Homme. Grands espaces, plein air, intimité d’un feu de cheminée, Basia Bulat fait le grand écart et tape souvent dans le mille même lorsqu’elle se frotte à une chanson nommée ‘Gold Rush‘, exercice hautement casse-gueule vu qu’on vient d’évoquer plus haut. Souvent sur ‘Heart of my own‘, notre Basia tente le coup de la balade (‘Heart of my own‘, ‘I’m forgetting everyone‘) aux arrangements hantés et au coeur brisé mais vire un peu trop dans un petit pathos qui peut agacer tant il ne sort pas de sentiers habituels. On préfèrera un titre comme ‘Sparrow‘, voix et ukulélé, véritable réussite de légèreté bienvenue au milieu du disque ou « The Shore » plus en retenu. Sur ses moments les plus pop, Basia Bulat fait jeu égal avec Amy McDonald (‘If only you‘, ‘Walk you down‘) la terroriste folk des ondes FM et on regrette au final le manque de titres de cet acabit.
Pour son deuxième album Basia Bulat parvient à livrer une belle collection de chansons qui, bien que parfois inégale, parvient à éviter une grande partie des pièges dans lesquels les disques du même style se vautrent à savoir le pathos et l’aspect fond sonore de la scène de déprime de l’héroïne d’une série ado. Si le tout manque encore un peu d’une personnalité propre, la personne à l’origine de mélodie aussi touchante comme celle de ‘Once more, for the dollhouse‘ peut prétendre à un avenir plutôt radieux. Au milieu de grands espaces.