MGMT – Congratulations

Qu’y a-t-il de plus instantané que ce qu’a fait MGMT il y a deux ans ? Sorti de nulle part, le duo a mis le monde a ses pieds sur la foi d’une poignée de singles au pire über efficaces au mieux fantastiques. Obligation de l’écouter à l’époque. Succès énorme, retour de bâton adapté à sa démesure : à la multiplication de vilains mots comme « arnaque » ou « play-back » se sont enchainées les écoutes répétées d »Oracular Spectacular‘ qui en ont montré les limites. Grands singles, reste un peu voire beaucoup moins convaincant, arbres cachant une forêt un peu décharnée. Et le groupe de se faire mépriser pour son succès parce que tout le monde le sait, on ne vend pas des millions de disques sans éveiller certains soupçons. La réponse du groupe a tout ça (ça=tout ce que tu viens de lire) est ce nouvel album ‘Congratulations‘.

Si l’on était un tant soit peu plus fan de clichés, on mettrait nos billes sur le suivant : MGMT sort de sa zone de confort. Ne sachant ce qu’est une zone de confort et encore moins pourquoi tout le monde veut en sortir, on va éviter. Plus simplement, plus modestement, on se contentera de dire que le concept de ‘Congratulations‘, c’est de faire l’anti ‘Oracular Spectacular‘. Comprendre un album oeuvre d’art qui s’écoute d’une traite et pas des singles et du remplissage. Concept casse-gueule puisque ‘Oracular spectacular‘ brillait surtout par ses singles et que les new-yorkais semblent doués pour l’inévitable mais ô combien appréciable blabla de studio. Toutefois, un groupe chantant à vingt piges l’innocence perdue mérite toute notre considération.

Trêve de l’insoutenable suspens, promesse tenue ‘Congratulations‘ est effectivement l’anti ‘Oracular Spectacular‘ et il n’y a pas de singles en tant que tels. Et c’est un plutôt bon disque. Que cela soit dit et se dise. Oui mais pas un très bon disque. Il faut souligner ce qui fait forte impression : la production. Compte tenu du nombre d’idées développées ici, le fait que MGMT ait privilégié une approche moins chargée que sur le grand frère est grandement appréciable, le disque est presque aérien. Cependant, niveau chanson, à part sur l’affolant ‘Flash Delirium‘, le groupe ne montre pas grand chose de passionnant. Dans Shining, Jack Torrance/Nicholson déclare en parlant de son roman en gestation qu’il a « des tas d’idées mais aucune de bonne » et c’est malheureusement un peu le sentiment qui flotte autour de ‘Congratulations‘ : principalement de jolies mais finalement banales étoiles rehaussées ici où là par de fantastiques comètes. La grosse pièce du disque ‘Siberian Breaks‘ et ses 12 minutes n’est qu’une succession de bribes de chansons jamais géniales s’enchainant sans vraie cohérence mais le groupe, et visiblement la presse, semblent croire dur comme fer que moyen+moyen+moyen+moyen=génial parce que ça fait concept, c’est anti-single, c’est tellement pas le nous que la masse connait mais le nous qu’on est vraiment. Ce qui n’est pas le cas loin de là, ici rien ne fait dresser les cheveux sur la tête, aucune évidence mélodique n’est à signaler. Tout l’inverse du déjà cité ‘Flash Delirium‘, vraie construction en tiroirs labyrinthiques à la Bowie meets The Beach Boys. Et puisqu’on est dans les réussites, le nerveux ‘Brian Eno‘ et ‘It’s working‘ (‘Odessey & Oracle‘ joué par les Pixies) méritent qu’on s’y attarde autant qu’elles le font dans nos cerveaux. Ce qui chagrine d’autant plus quant au reste de l’album. Dans tout disque, il y a forcément des chansons qu’on aime moins, mais dans ce cas précis une bonne moitié n’est pas spécialement à la hauteur : une ballade tronquée par-ci, un instrumental où il ne se passe pas grand chose par là, ‘Congratulations‘ montre vite ses limites et manque d’une vraie cohérence et s’embourbe un peu trop facilement dans le moyen. Refuser l’évidence, appartenir à l’école Bowie est certes une noble intention, mais MGMT semble le plus souvent en panne d’inspiration de belle musique d’où un disque assez disparate. Si les new-yorkais prouvent avec ‘Congratulations‘ qu’ils ne sont pas une arnaque FM, ils n’entrent pas encore dans la cour des très grands vers laquelle ils louchent sans vergogne car si l’on se base sur le postulat de départ ‘un disque à écouter d’une traite’, c’est loupé, on zappe une moitié du disque. Toutefois, on croit plus que jamais à l’énorme potentiel de ce groupe.