Black Angels – Phosphene Dream

Il existe à peu près autant de bons groupes avec le mot « Black » dans leur nom qu’il y a de mauvais groupes avec le mot « pony » dedans. Étrangement ça n’étonne finalement pas, le vieil adage de la beauté du diable, de l’aspect séduisant du côté obscur face à des poneys, on imagine que vous devinez l’issue du combat. Alors quand les Anges Noirs font démarrer leur nouvel album par de « Mauvaises vibrations », c’est le Keyser Söze qui sommeille en nous qui s’éveille, l’envie d’être l’obscur méchant.

Un petit esprit n’ayant pas écouté beaucoup de disques irait de son idée brouillonne : « En fait c’est une réponse aux Beach Boys et leur Good vibrations ». Un peu plus d’érudition, ou d’oreilles, l’aurait aidé à entendre que finalement, il n’y a pas tant de différences musicales que ça. Les Beach Boys font clairement partie du son de ‘Phosphene Dream‘. Pas autant que le Velvet Underground période ‘White light/White Heat‘. Pas autant que les Small Faces auxquels on pense étrangement souvent. Mais quand même, le gang angélique de Brian Wilson est là, dans les structures et les harmonies.

Bad vibrations‘… Une sacrée bonne chanson les amis. Les méchants arrivent, le riff de guitare est menaçant (ambiance ‘Aly walk with me‘ des Raveonettes), les couches de guitares se superposent, l’écho est judicieusement utilisé et le final, surprenant, annonce que les Black Angels n’ont peur de rien. Preuve par l’enchainement du riff de ‘Haunting at 1300 McKinley‘, extrait caché du coffret Back to Mono de Phil Spector passé à la moulinette des Warlocks. La force de ‘Phosphene Dream‘ est Jesus & Mary Chain-ienne. Des chansons pop violentées par les guitares de l’enfer et des harmonies d’incantations démoniaques. L’orgue est toujours échappé du swinging london (et, pas comme chez les Doors, de chez Charly Oleg) bave et déborde de tous les cadres. Les envolées psychés de ‘River of blood‘ renvoient Kasabian à leurs études et le refrain cloue au sol car ‘Phosphene Dream‘ est un album de guitares avant tout. Implacables, idéalement crades. Le Led Zeppelin celtique est convoqué sur ‘True believers‘ où pendant une bonne minute, les guitares ne sont pas saturées avant un final chaotique, ambiance fond de la grotte au fond la forêt. Comme sur tous les grands disques, le sommet sombre précède une descente légère avec ‘Telephone‘ ou les Small Faces débarquant en mariachis dans un film de Robert Rodriguez avant un final en gueule de bois sur le langoureux ‘The Sniper‘, le genre de titre que Jack White ne fait plus. Ou fait trop on ne sait plus.

Sur ‘Phosphene Dream‘, les Black Angels ont tout : les chansons, le son, l’attitude. On passe des 50’s à notre époque en un coup de guitare, d’harmonies 60’s aux guitares des frères Reid en un souffle. Si vous vous demandez ce qu’est de la bonne musique, ne cherchez pas plus loin.