Chokebore – Falls Best EP

En parlant avec Troy Von Balthazar récemment, le chanteur de Chokebore nous avait [url=https://www.visual-music.org/interview-146.htm]confié[url] que la perspective d’un disque relèverait plutôt du bonus dans le retour aux affaires du groupe hawaïen. Cinq années de silence après le split, Falls Best échouerait donc plus sur notre bureau comme un bout de merchandising sympathique, à côté des t-shirts. Et pourtant tout le petit monde des webzines s’interroge sur le nouveau Chokebore discographique : daté, meilleur, moins bien ? Et pourquoi un format aussi compact, alors que la mélancolie post-hardcore des quatre américains savait s’épancher sur de très longs disques jusqu’à présent ?

J’ai l’impression que Falls Best est plus un réflexe de survie, un coup de griffe rapide pour se remettre en selle, à mi-chemin entre la tradition du groupe et une tentative de se moderniser. Un titre comme Lawsuit, avec ses guitares croisées typiques mais moins brouillonnes, nous ramène Chokebore en 2011, comme si on prenait un membre de Nirvana en 1991 pour le faire jouer vingt ans plus tard comme chanteur d’un autre groupe. On l’a déjà fait ? Arrêtez de me couper, c’est pénible.

Falls Best, c’est donc ce petit fil tout mince d’hier à maintenant, et il faut s’y faire. Autant apprécier le son tant qu’il est là. Et pour ma part, Chokebore fait comme avec un album complet : du très bon, voire de l’incontournable (Lawsuit, Get Blonder), de la lamentation savoureuse à apprécier sur sa longueur (Awesome), et quelques bidouilles sonores dignes de l’album solo de Troy (le clavier malade sur Joy), en guise de mise à jour. En résumé : un ensemble compact pas toujours sexy quand on isole les morceaux. Les albums des quatre hawaïens m’ont toujours fait ça, et ça se confirme sur cet EP tout neuf : il faut s’immerger dans le son Chokebore pour l’apprécier. Tout lâcher. Se laisser prendre. Boum.

Pas la peine d’être dur ou méfiant avec Falls Best. Ni modernisation facile, ni nostalgie bidon, le dernier Chokebore est dans le flou, le brouillard, au-dessus de tout soupçon. Mais réussi quand même. Chokebore, quoi.