Meshuggah – Koloss

vm5
Par
4 min. de lecture

Écouter Meshuggah, c’est une alternative relativement saine au voyage aux confins de la jungle à la recherche d’une ethnie adepte de la transe et vénérant la statue d’une divinité obscure. Après n’importe quel disque du groupe, tout ça, c’est du vécu. Martin Sheen aurait dû écouter Koloss au lieu de partir à la recherche de Marlon Brando dans Apocalyspe Now.

Meshuggah, peut-être les descendants d’une cohorte de vikings partis violer des indigènes. Une explication parfaite face à ce son à la fois si tribal et brutal. Comme si Tool était scandinave. Sa musique brandit une hache de guerre nordique mais arbore des peintures faciales d’un autre monde. I Am Colossus nous fait voyager chez les indiens d’Amérique tels qu’on les voit dans Valhalla Rising. Bienvenue chez les sauvages. Avec un tel tapage dans les oreilles, on peut d’un moment à l’autre se retrouver dans un état second et faire des peintures rupestres dans sa chambre avec ses matières fécales et séminales. Un morceau déconstruit et hypnotique comme Do Not Look Down, et on se met à crier des insanités dans une langue morte quand le docteur demande si ça fait mal quand il appuie là. Behind The Sun, six minutes d’une musique à la fois aérienne et caverneuse capable de réveiller un colosse ancien prêt à tout saccager sur son passage. Pourquoi se balader tout nu dehors alors qu’il y a le tellurique Marrow, si on veut attraper la fièvre ? Sonic Youth a en tout cas de quoi l’avoir maintenant que Meshuggah s’est fendu d’un plan à la new-yorkaise en guise d’intro sur Break Those Bones Whose Sinews Gave it Motion… Du détournement de mineurs, ni plus ni moins. Et ils ont pas intérêt à piailler, les gosses, vu la puissance de feu d’un The Devil’s Name Is Surveillance ou d’un Swarm. Le bureau a déjà perdu connaissance à force de se faire marteler du poing quand Demiurge passe. Même le mont Blanc ne la ramène pas trop. The Last Vigil, une bien paisible berceuse pour le guerrier victorieux au sommet d’un massif, aux pentes jonchées de corps démembrés. Ces riffs de guitares sous-accordées, tambours de guerre battants aux rythmes irréguliers, sont plus meurtriers que One-Eye, le guerrier silencieux : chez Meshuggah, on fait son office en prenant bien soin de déployer ses cordes vocales.

Est-ce que Koloss ressemble beaucoup à ses prédécesseurs ou pas ? On s’en cogne ! On ne s’est même pas posé la question. Quand bien même on aurait osé, elle nous aurait sûrement coûté la vie. Meshuggah réveille à chaque coup une faim insatiable de violence, de lourdeur et de bruit. Le bestial ne lasse jamais. Un album comme Koloss écouté, et c’est la pilosité et l’instinct primaire qui reprennent vie. La perfection est à portée de paluche. Le tout c’est de se retenir de se la manger dans le feu de l’action. Bon, où est ma massue ?

Partager cet article