Breton – Other People’s Problems

Difficile de parler de Breton. Leur univers est si dense que les mots se font attendre. D’un autre côté, leur musique touche droit au coeur. Il faut quand même saluer cette performance, faire de l’implicite et de l’explicite en même temps n’est pas spontané pour tout le monde.
C’est toujours un peu confus. On a affaire à un son souvent très direct et catchy, anglophonie oblige, mais parfois aussi détaillé que celui d’Amon Tobin. Production léchée d’un côté et ambiance cafardeuse de l’autre. Quand on regarde derrière, il y a plein d’exemples (The Well, How Can They Tell, Plastic Boxes, …) et Other People’s Problems en fournit encore une myriade. Beats qui cognent et sifflent comme des gifles, basses incisives et écrasantes, profondeur insondable dans le son des instruments, l’audiophile a vraiment de quoi se régaler ici.
Breton aurait pu s’arrêter là, faire une tambouille destinée aux oreilles de techniciens, un disque pour essayer une chaîne hifi (comme Dark Side Of The Moon). Et non. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, ils l’ont très bien compris. Du coup ça bastonne, on a droit à des morceaux au potentiel énorme magnifiés par la production. Pacemaker et Wood & Plastic sont de parfaits appels à la turgescence, tandis qu’Interference et Oxides font headbanguer de malaise. Quand ça donne dans l’aérien, Breton prouve aussi qu’il peut donner beaucoup de leçons. The Commission scotche littéralement. On lit entre les lignes, ou plutôt entre les couches, et on a comme l’impression d’avoir trouvé une putain de bible. Vous savez, cette vérité que l’on devine, ce secret qui ne se dévoile jamais, cet interlocuteur qui se trouve très très haut au-dessus de nos têtes et qui n’échangera jamais un soupir avec nous sans que l’on soit dans un état second. Breton a frappé fort là. Il vient de flirter avec l’inconscient et ce dernier en redemande.