James Skelly & The Intenders – Love Undercover

C’est bien connu, les gens n’écoutent que de la merde. Épargnons-nous donc les jérémiades habituelles, les pourquoi Mumford & Sons et pas The Coral et tout le toutim. Avouons-le, on paierait bien un coup à James Skelly. Ne reste plus qu’à se pencher sur cette première aventure en solo qui, pour commencer, n’en est pas vraiment une puisque plusieurs membres de The Coral y participent et que The Intenders n’est rien d’autre qu’un nom de groupe un peu bidon. Le frérot Ian Skelly est donc présent à la batterie, lui-même auteur d’un récent album solo pas encore écouté. L’album de batteur, cet aphrodisiaque musical.

Ensemble, ce n’est pas une surprise, les frangins Skelly assurent. Il ne faut pas plus d’une écoute pour constater qu’il y a comme toujours de bien jolies choses sur ‘Love Undercover‘, et ce dès l’enlevé ‘You’ve Got It All‘, co-écrit avec Paul Weller et taillé sur mesure pour le petit univers coralien. C’est en revanche un disque qui n’entrera pas dans l’histoire pour son originalité et qui ne révèle pas grand chose de James Skelly, en tout cas rien de très personnel. Au contraire, l’intention des Intenders est de distiller les influences de The Coral au point de restituer un rythm and blues très basique des années 50-60, encore plus révérencieux qu’à l’accoutumée.

On l’a vu avec She & Him ou d’autres: rien de mal à ça. Sauf que ‘Love Undercover‘ prend vite une tournure plus récréative, un côté album entre potes enregistré sans réelle ambition, juste pour le plaisir. C’est déjà pas mal par les temps qui courent, mais le frontman s’en trouve réduit à un rôle de comparse là où on pouvait attendre une dimension plus individuelle, une vraie mise en avant du personnage. Il y a toujours eu chez The Coral un aspect ‘bande de lads’ authentique. Soit, mais voilà qui les rend aussi terriblement anodins. C’est un peu le manque de glamour et d’attitude qui handicape nos scousers. De ce point de vue, James Skelly continue de s’enfoncer dans une sorte de cul-de-sac avec un album très pro mais trop pépère, trop maitrisé, une master class qu’on pourrait difficilement qualifier de ‘cool’. On n’en est pas à une citation de TGC près et on reprend volontiers son ‘anglais à peine trentenaires jouant comme des quinqua‘ assené à la fin de la chronique de ‘Butterfly House‘.

Bien sûr, ça n’empêche pas le single ‘Do It Again‘, ‘Searching For The Sun‘ ou encore ‘What a Day‘ de s’imposer tranquillement parmi les meilleurs titres entendus cette année. Le final d’orfèvre ‘Darkest Days‘ a aussi de quoi faire pas mal de jaloux. ‘Love Undercover‘ est paraît-il un album fait pour la scène et on veut bien le croire: les chansons sont nickels et bénéficient sans doute en live du petit plus d’audace et de mordant qui fait défaut au disque. En l’état ça reste du recyclage haut de gamme produit poliment, une démonstration de savoir-faire qui n’a dans le fond rien à envier aux albums solo de Jack White et Dan Auerbach. Un disque léger comme l’air à prendre comme une agréable parenthèse, dégusté comme il se doit bière en main dans un moment peinard, au pub ou à l’ombre d’une terrasse – cliché estival oblige. C’est aussi une énième confirmation d’un talent qui, on l’espère, se manifestera de façon plus vibrante et un peu moins traditionaliste à l’avenir.