Neko Case – The Worse Things Get, The Harder I Fight, The Harder I Fight, The More I Love You

Plutôt méconnue chez nous, Neko Case est une musicienne accomplie qui mériterait le genre de suivi médiatique réservé à d’autres égéries du folk contemporain (Cat Power, au hasard). Charisme, belle présence vocale, écriture passionnée et audacieuse, l’américaine ne manque de rien et sait insuffler de la vie ainsi qu’une bonne dose de charme à un style musical souvent plan-plan, pleurnicheur et pour tout dire un peu moribond ces dernières années (Cat Power, au hasard). L’americana manque de plus en plus de peps et de créativité, et après une belle résurgence au début des années 2000 on constate que le soufflé est retombé, principalement depuis que Jim James est passé à autre chose et que M. Ward regarde distraitement ailleurs. Plus d’une révélation folk tourne aujourd’hui à vide et certaines promesses ont plus ou moins disparu sans laisser de traces (The Decemberists? Connor Oberst? Bon Iver?…). Ne reste guère que le champion toutes catégories Wilco pour continuer à apporter de la fraicheur et une dimension supérieure au genre, avec par ailleurs d’occasionnelles et discrètes réussites comme le ‘Metals‘ de Feist d’il y a deux ans ou le dernier Phosphorescent, pour ne citer que ceux-là. Le petit nouveau au titre compliqué de Neko Case s’inscrit dans cette lignée d’albums bien mais pas tops, honnêtes et souvent brillants mais au final un peu trop dans la norme pour être vraiment marquants.

Ce n’est pas faute d’expérimenter et c’est bien pour cela qu’on salue ce disque plus ambitieux que la moyenne. Neko Case revient avec une production ample, généreuse, inventive et un certain panache. Accompagnée pour l’occasion d’invités guitaristes de très bon goût (M. Ward, excellent sur ‘I’m A Man‘, mais également Steve Turner de Mudhoney et le gourou alt-country Howe Gelb), la rouquine s’enflamme sur des thèmes personnels (‘super normal human stuff‘ le reconnaît-elle) et ses meilleures chansons lorgnent ici davantage vers un pop-rock mélodique et un franc-parler rappelant Blondie que vers la folk intimiste chouineuse de Cat Power (complètement au hasard). Retenons tout particulièrement les trois premiers titres, ainsi que le très beau ‘City Swans‘. Du rock de Madame. Plus d’une moitié de l’album propose en revanche de l’americana alambiqué qui oscille entre le meilleur (‘Local Girl‘, ‘Ragtime‘), le scabreux (l’a capella ‘Nearly Midnight, Honolulu‘) et le simplement dispensable, agréable sans plus. L’anticonformisme de Neko Case lui vaut quelques faux pas mineurs mais avec une telle personnalité (cette voix à faire bander un mort…), son petit supplément de soul et ses évidentes qualités de songwriter on rangera sans hésiter ce disque prenant et plein d’âme parmi les plus belles surprises alt-folk de l’année. Du beau boulot.