Domino And The Ghosts – I Am The Noise… You’re My Silence

PREAMBULE

Ce n’est pas aisé de chroniquer un disque venant d’un de nos lecteurs – surtout quand ledit lecteur est l’un des participants les plus passionnés du forum de ce site. Que doit-on faire ?
Jouer la carte du copinage et s’enthousiasmer franchement ? Cela affaiblit considérablement la pertinence du propos. Jauger la galette comme n’importe quelle autre avec rigueur et détachement ? C’est ce qui avait été fait avec Sofia Park et cela n’avait pas empêché un mélodrame au niveau de la notation dans les commentaires. Le problème semble insoluble… A moins peut-être d’en enlever la solennité.

SALUT DOMINO

Merci de m’avoir envoyé ton EP. Note, c’est plutôt courageux de ta part : On ne peut pas dire que tu sois une idole dans notre équipe. Tu as tout de même sollicité notre avis, il faudra néanmoins te contenter du mien parce que ceux qui, je cite, « représentent à eux seuls la ligne éditoriale de VisualMusic » n’en ont pas eu envie. Désolé.

J’ai pas mal rechigné à rentrer dedans, parce qu’à première vue, Domino and the Ghosts fait un mélange hybride oscillant entre rock et de métal qui m’a immédiatement fait penser à du AqME. Faut dire que le titre avec lequel tu as nommé ton disque, ‘I Am The Noise… You’re My Silence‘, est particulièrement pompeux et mal à propos. Ce n’est qu’après plusieurs écoutes que j’ai pu vaincre mes réticences sans prendre de raccourci.

Et j’ai bien fait d’insister parce que ton EP est plus riche que l’enrobage ne le laisse penser. Clairement tu n’aimes pas rentrer dans une case ni te contraindre aux formats de chansons classiques. Ah ça, le couplet-refrain-couplet-pont-refrain, ça n’est pas pour toi. Tu préfères prendre un riff au départ assez standard et travailler sur les variations, les arrangements et le rythme. On retrouve ainsi l’aspect à la fois lancinant et furieux du stoner sans pourtant reprendre totalement les codes du genre, notamment au niveau du travail du son et du chant. Ça donne une touche assez unique et très sympa à ton boulot, c’est bieng.

Tu n’as jamais caché que tu appréciais grandement ce que dégage Mathieu Miegeville dans Agoria Fidelio ou My Own Private Alaska, ça se ressent pas mal dans ta manière de placer ta voix notamment dans les parties calmes et chantées (fais gaffe quand même, on est à la limite du pastiche parfois). Par contre dès que tu pousses la voix on se croirait du coté de Seattle à la fin des années 90, ça devrait plaire même au plus grincheux des habitués de nos pages.

Pourtant – parce qu’il y a un pourtant – il faudra que tu te penches sérieusement tes habitudes d’écriture. Tu arrives parfois à dynamiser tes morceaux avec des hauts paliers d’intensité et des breaks saisissants pour briser la monotonie inhérente à ton mode de composition. C’est cool, ça passe pépère pour un EP 5 titres, mais je doute que ça tienne la route sur un album complet.

Alors, ouais, il est pas mal ton disque. Il possède un son bien à lui, niveau technique il est quasi irréprochable, il pourrait augurer des bonnes choses pour la suite. Mais ça, ce sera seulement si tu t’émancipes un poil des influences trop visibles (MOPA, Will Haven) et que tu tentes de sortir de ta zone de confort.

A plus sur Visual,

Hilikkus

PS : Un petit mot sur la pochette. Oui, on n’en parle pas beaucoup d’habitude mais ici j’ai beaucoup apprécié le digipack cartonné sobre et classe. Je ne sais pas c’est dans cette optique que tu l’as réalisé, mais quitte à produire un objet, autant qu’il soit agréable à regarder et à manier. Un bon point pour toi.