Real Estate – Atlas

Comme bon nombre de groupes faisant une fixette sur The Byrds, les américains de Real Estate sont à priori assez rébarbatifs. À l’instar des ancêtres folk-pop leur son est joliment travaillé, tout en mélodies douces-amères et fines dentelles de guitare, mais d’une monotonie tellement usante qu’il n’est pas donné à tout le monde de s’envoyer dix chansons d’une traite. Le fan se laissera bercer en rêvassant, les autres en profiteront pour faire une bonne sieste. C’est du moins l’impression que nous auront laissé les deux premiers albums du groupe, l’éponyme modeste mais mimi tout plein de 2009 et son successeur hype de 2011, le surproduit et soporifique ‘Days‘. Pire encore, le manque d’originalité est criant et l’on distingue difficilement Real Estate d’une multitude d’autres rêveurs indie-pop de ces dernières années tels que The Clientele, Wild Nothing ou Woods.

Mais ne partez pas tout de suite car ‘Atlas‘ a envie d’être aimé. ‘Atlas‘ veut faire copain-copain et se montre pour cela bien plus immédiat que ses prédécesseurs, débarrassé de lourdeurs inutiles et tout simplement mieux écrit. Real Estate ne se réinvente pas mais avec l’addition de l’ex-claviériste de Girls Matt Kallman et un son plus proche du live – sans les overdubs grassouillets de ‘Days‘ – le groupe nous revient plus affûté et nettement plus lucide sur la manière de se mettre en valeur et de draguer les amateurs de guitar-pop raffinée. ‘Had To Hear‘ et la sublime ‘Past Lives‘ sont une entrée en matière des plus convaincantes, suivie par les guitares carillonnantes de ‘Talking Backwards‘ et le très bel instrumental ‘April’s Song‘, qui n’aurait pas été hors-sujet sur le ‘Soft Will‘ des Smith Westerns de l’an dernier. Tout comme le titre suivant ‘The Bend‘ d’ailleurs, dont la coda est identique à celle de ‘3AM Spiritual‘. Passé ce moment un peu honteux, la suite est moins passionnante mais suffisamment succincte pour que l’on arrive au charmant ‘Navigator‘ qui clôt l’album sans regarder la montre. Notons qu’avec un batteur qui tient la mesure plus qu’il ne joue, c’est tout de même un petit miracle de s’en sortir avec une si bonne impression de l’ensemble. Friend request accepted, donc. Les américains ne font peut-être rien de nouveau sur ‘Atlas‘, mais ils le font beaucoup mieux qu’avant.