Marilyn Manson – The Pale Emperor

Marilyn Manson. La dernière fois que j’ai du entendre ces deux noms sans avoir le sourcil perplexe, je ne devais être pas loin du lycée. Lieu où j’avais passé du temps à découvrir sa disco, à la sortie d’un album où on pouvait encore se demander encore si c’était un homme ou une femme. Les années ont passés et le duo Antichrist Superstar / Mechanical Animals s’est éloigné. Les années passèrent et les problèmes se sont entassés. On pardonne mais au plus la visibilité médiatique augmente, au moins les compositions y gagnent avec pour climax un Born Villain aussi bourrin que médiocre.

Bizarrement dès l’entrée, on se sent à l’aise avec The Pale Emperor. L’ambiance d’un album de Manson se fait sentir : la batterie martiale, les choeurs, la voix éraillée a capella en fin de morceau. Se dire dépaysé serait mentir. Pour autant, on sent un renouveau, une envie, et on se risquerait à dire, une authenticité qu’on ne croyait plus possible. Surtout que l’album commence par deux titres incisifs mais dépouillés. Les invectives incisives de ‘Killing Strangers’, la rage de la frontale ‘Deep Six’ , c’est du Manson pur jus. A ça, s’ajoute le tournant de cet album dont beaucoup parlent : le virage blues.

A 45 ans, Manson a su trier dans sa panoplie et y piocher les qualités. Réussir à ralentir le pas sans pioncer, ressortir sa voix au bon moment et garder ses paroles imagées, dans le ton avec un fond musical moins statique qu’à l’accoutumée. Certes Johnny 5 et Tim Skold sont loin mais les guitares marquent des points et la batterie n’est plus autant caricaturale.

Quand on fait le compte, les chansons à retenir sont étonnamment nombreuses. ‘The Devil Beneath My Feet‘ a le costard du morceau emballé dont on a bien besoin pour reprendre contact avec le révérend. ‘Cupid Carries A Gun‘ et ‘The Mephistopheles of Los Angeles‘ ont tout du tube à la Manson qui reste en tête. Une caractéristique qu’on retrouve sur ‘Slaves Only Dreams To Be King‘ signée des fameux slogans scandés période ‘Antichrist’ mais aussi des distorsions chères à la prod Reznor de l’époque. Des morceaux déterminés, biens troussés et avec un petit surplus de groove absent depuis un sacré bail. ‘Third Day on a Seven Day Binge‘ est du même tonneau. Plus lente, elle démontre ses qualités en ne perdant rien dans sa version acoustique disponible sur la version Deluxe, renommée ‘Day 3‘ pour l’occasion.

Vous l’aurez compris, il y a peu de raisons de se plaindre de la tracklist même si quelques pépins demeurent dans ce fruit défendu. La ronflante ‘Birds Awaiting In Hell‘ traîne la patte et s’étire. Dans la grande tradition, ‘Odds of Even‘ clôt l’album avec grandiloquence et lancinance mais rate à moitié le coche.

Un retour par la grande porte pour une figure des années 90 qui aura su se rappeler à notre bon souvenir avec un album qui le rajeunit de 10 ans. En se débarrassant de la dramatisation théâtrale risible d’une production lourde, de tics d’écriture et vocaux, il rallie ceux qui l’avaient quitté depuis des lustres et relancent sa carrière de chanteur.

2015 est partie pour être surprenante, The Pale Emperor en est une preuve inespérée et insoupçonnée. A ce rythme-là, peut-être que Fred Durst, Jonathan Davis et Billy Corgan vont ressortir un album pardi !