Panda Bear – Panda Bear Meets The Grim Reaper

En janvier 2009 sortait ‘Merriweather Post Pavilion‘ d’Animal Collective, disque boosté par un bouche à oreille plus ravageur que le virus Ebola (tous les albums du groupe semblent trainer sur le web des mois avant leur sortie) et [url=https://www.visual-music.org/chronique-1016.htm]accueilli comme un chef d’oeuvre[url]. Beaucoup s’accordèrent à dire que l’avenir de la musique était là, juste là sous notre nez, à condition de franchir le cap des 17 écoutes règlementaires.

Six ans et un album mi-figue mi-raisin plus tard (un de plus?) ce futur antérieur de la pop semble déjà sur le point de tomber dans le désuet, comme un film de science-fiction vieillissant dont les effets spéciaux n’impressionnent plus. Le nouveau Panda Bear, projet solo de Noah Lennox, est d’assez loin son disque le plus produit à ce jour mais ressert plus ou moins la même tambouille néo-psychédélique explorée sur les derniers Animal Collective et ses propres ‘Person Pitch‘ et ‘Tomboy‘, sur lesquels l’influence mélodique des Beach Boys était déjà prépondérante. Des lignes de chant et des harmonies alambiquées, des nappes de samples superposées, des signatures rythmiques chiadées (inspirées par le hip hop, cette fois-ci): difficile de qualifier tout cela de très novateur. Ce qui n’enlève rien au talent de l’intéressé, dans l’absolu. En fait, ‘Panda Bear Meets The Grim Reaper‘ aurait pu être un bon disque de pop, fut-il un peu plus formaté, comme en attestent les très accessibles singles ‘Mr Noah‘ et ‘Boys Latin‘, légèrement trippants (mais pas trop), mâtinés de techno minimaliste (mais pas trop), ou l’envoûtant et bien nommé ‘Come To Your Senses‘, dont les 7 minutes ne tardent pas à dévoiler de belles qualités hypnotiques. Mais Noah Lennox semble encore hésiter à débarrasser sa musique de certains tics avant-gardistes foireux et accumule les détours ambiants sans intérêt, les interludes laborieux, les bruitages inutiles polluant ses compos. Sans parler des samples fumeux de Tchaikowski (la harpe de Casse-Noisette sur ‘Tropic Of Cancer‘) et Debussy (le piano sur ‘Lonely Wanderer‘), qui donnent une tournure plus prétentieuse que raffinée à ces deux titres. Les vraies ambitions de Lennox restent floues, tout comme ses paroles, et l’innocence qui émanait de ‘Person Pitch‘ s’est dissipée depuis longtemps. Dommage pour les quelques bonnes idées développées ici et là, mais en l’état cet album aux allures assez commerciales aurait eu besoin d’un bon coup de balai et d’un final cut rigoureux, quitte à froisser les ardents défenseurs d’une approche plus touffue ou barrée rappelant le passé. Pas toujours facile d’être en avance sur son temps.