Drowning Pool – Desensitized

Après la mort mystérieuse de Dave Williams en août 2002, Drowning Pool s’est retrouvé dans une situation assez similaire à celle d’AC/DC en 1980. Fallait-il s’arrêter là et changer de nom, ou bien continuer l’aventure, quitte à surprendre les fans avec un autre chanteur ? Comme on pouvait s’y attendre, la deuxième option fut choisie, et Jason Jones rejoignit les rangs du groupe pour accoucher d’un deuxième album intitulé ‘Desensitized‘.

En 2001, Drowning Pool avait cartonné aux USA avec le single ‘Bodies‘, au point d’attendre la première place du billboard. On ne sera donc pas étonné que la plupart des morceaux suivent la même recette : 3 minutes 30 au compteur, des riffs agressifs mais pas trop, et un son lissé pour la radio, voilà à quoi ressemblent 90% des morceaux de cet album. Malgré le formatage évident, force est de constater que ça fonctionne, et que C.J. Pierce est plus qu’inspiré à la guitare : les riffs accrocheurs sont légion, même s’ils sont dans l’ensemble assez simplistes… Quelques solos sont également présents ça et là sur le CD (‘Forget‘, ‘Cast Me Aside‘, ‘This Life‘), mais on peut pas dire qu’ils brillent pas leur originalité…

Pour faire simple, on pourrait dire que Drowning Pool évolue dans un style similaire à celui de Damageplan, mais avec un chanteur bien plus énergique. Car oui, si Dave Williams était un bon frontman, Jason Jones n’a absolument rien à lui envier, bien au contraire. Dans un registre assez similaire (alternance de cris rauques et de refrains soft), il se donne à fond et parvient à surpasser son aîné. Avec une voix rageuse, et malgré quelques gimmicks piqués à Eddie Vedder, Jason est donc une excellente surprise.

Parmi les morceaux les plus intéressants, ‘Step Up‘ et ‘Think‘ se dégagent clairement du lot par leur puissance contenue et leur refrains facilement mémorables. ‘Nothingness‘ et ‘Killin Me‘ ont également des mélodies de guitare particulièrement accrocheuses, bien que très similaires… Quant à ‘Forget‘ et ‘Cast Me Aside‘, ce sont les morceaux les plus virulents du disque, et leurs refrains hurlés par Jason figurent parmi les meilleurs du disque. Par contre, on peut tout de même reprocher au groupe d’utiliser un peu trop les mêmes ficelles sur un CD qui dure à peine 38 minutes : il vous sera ainsi très difficile de différencier les riffs principaux de ‘Step Up‘ et de ‘Hate‘ tant ils se ressemblent (même son, même tempo). Quelques plans nauséabonds et déjà entendus mille fois dans le néo-métal font également leur apparition sur ce CD (‘This Life‘, ‘Bringing Me Down‘), ce qui donne une sensation désagréable de déjà-vu dès les premières écoutes.

La production est quant à elle à l’image du groupe : à la fois agressive et formatée. Johnny K, qui avait bossé avec Machine Head sur ‘Supercharger‘, a donné de la pêche à ces 12 titres, tout en polissant le son des guitares pour ne pas effrayer les auditeurs des radios US. Côté artwork, et bien Drowning Pool nous propose la pochette la plus cool de l’Histoire du Rock, avec une bimbo en bikini shwinguante à souhait : les mecs adoreront, les filles passeront leur chemin devant ce cliché de femme soumise.

La musique de Drowning Pool est donc un bon croisement entre le power métal de Pantera et lé néo-métal, et aucun morceau n’est véritablement mauvais. Ce groupe de Texans est assurément très doué pour créer des singles : les hits calibrés pour la radio pullulent sur ce disque, mais force est de constater que DP n’innove en rien sur cet album, en se contentant de reprendre à la note près ce qui avait fait son succès en 2001. Est-ce vraiment suffisant pour acquérir une crédibilité et fonctionner ailleurs qu’aux USA ? A vous de voir.