DevilDriver – The Fury Of Our Maker’s Hand

Devildriver, le ‘nouveau’ projet du grand Dez Fafara, est de retour en ce début d’été 2005 avec son deuxième album. Pour résumer ce disque, on pourrait dire que Dez fait du métal suédois, et que son chant est moins saccadé que par le passé, mais ça serait faire injure à un groupe qui a du vraiment se décarcasser pour accoucher de 12 compos aussi longues et torturées…

Le grand point fort de ce disque, ce sont les longues parties instrumentales qui ouvrent la plupart de ses morceaux : Dez a compris que les metal heads appréciaient les longues intros techniques, et qu’il n’était pas toujours obligatoire de chanter pendant la première minute d’un morceau pour convaincre l’auditeur (le meilleur exemple est ‘Sin and Sacrifice‘). Le problème, c’est que ces intros ont beau le faire, le reste des titres n’est pas toujours aussi captivant : les idées sont généralement intéressantes, mais quand on entend la même chose pendant 5 minutes et qu’aucun solo (ou presque) ne vient nous apaiser les oreilles, on finit par se lasser de la musique, aussi brutale et intense soit-elle.

Sur les 12 titres de l’album, certains frôlent avec le génie, tandis que d’autre sont à peine passables. ‘Ripped Apart‘ et ‘Pale Horse Apocalypse‘ sont ainsi plutôt ennuyeuses, mais comme par miracle, elles sont toutes deux sauvées par leur excellent break… Les morceaux que l’on retient le plus sont finalement ceux où l’on entend un peu de guitare claire : je pense notamment à ‘Just Run‘, ‘End of The Line‘ ou encore ‘The Fury of Our Maker’s Hand‘. A propos de ce dernier, on ne peut que regretter que ce genre de structure mêlant si adroitement mélodies et bourrinage ne soit pas plus mis en avant dans l’ensemble de l’album. ‘Hold Back The Day‘ (le premier single) est un autre titre de première envergure, avec son refrain très intense et son break en palm mute diablement efficace. J’avoue également avoir été séduit par la guitare groovy de ‘Grinfucked‘ ainsi que par l’intro fulgurante de ‘Bear Witness Onto‘. Mais aussi bons soient-ils, ces titres ne font pas vraiment figure de classiques : il manque en effet un petit quelque chose à Devildriver pour vraiment s’affirmer comme un groupe incontournable de la nouvelle scène américaine. Et oui, malgré ses innombrables qualités et ses riffs de guitare reconnaissables entre 1000, Devildriver pêche par un style stéréotypé et une absence totale de prise de risques…

Colin Richardson s’est occupé de la production, et comme à son habitude, il a su donner un gros son au groupe. Mais contrairement aux prods de Machine Head et Fear Factory, les guitares ne sont pas trop mises en avant, loin s’en faut : ici, c’est la batterie qui domine, et en quelque sorte, on peut dire que c’est l’instrument n°1 de Devildriver. Sans être le meilleur batteur du monde, John Boecklin assure un train d’enfer, avec des roulements de double à ne plus savoir qu’en faire (ex : ‘Before The Hangman’s Noose‘). C’est donc la nouvelle marque de fabrique de Devildriver, en plus de l’inévitable voix de Dez… Puisqu’on parle du chant, et bien on peut dire que le frontman s’est ‘un peu’ calmé (notez bien que le un peu est entre guillemets) : fini le chant syncopé à la Coal Chamber, désormais Dez fait des phrases presque intelligibles, si bien que par moments, on parvient presque à comprendre les paroles (Maman, je parle le growl !!!!)

Autant vous prévenir tout de suite, cet album demande un temps d’adaptation, et tout le monde ne sera pas capable de supporter la voix si particulière de Dez Fafara, qui je le rappelle évolue entre black et death. ‘The Fury of Our Maker’s Hand‘ ne plaira certainement pas aux amateurs de métal formaté, mais une fois la phase de rejet passée, ce CD vous fera passer un bon moment, pour peu que vous ne soyez pas réfractaires à tout ce qui vient de la Scandinavie.