Silverchair – Young Modern

Après des rumeurs de séparation, de bouderies et de crises d’ego et après des albums chacun dans leurs coins (The Dissociatives et Timbalane), [url=]Silverchair[url] ouvre son cinquième album sur une réponse toute simple : « the band is back together ».
[url=]Young Modern[url] n’est évidemment pas un retour aux guitares féroces et aux saturations grunges des premiers albums, mais plutôt un disque finalement assez consensuel qui ratisse large.
Comme d’habitude, les aussies ouvrent le disque sur un titre emblématique et représentatif de ce qui va suivre. Ici « Young modern station » est un titre énergique, rapide, entraînant et assez agressif. Mais aussi légèrement surproduit et, ce qui étonne le plus, creux au niveau de l’émotion.
La suite est disparate.
Le single « Straight line » est une rampe de lancement avec le viseur pointé vers le mainstream mais qui file tout droit vers le mur. Pop mais assez putassier et racoleur (ce piano…), on frôle le [url=]Coldplay[url]. Il en va de même pour « Reflections of a sound » même si ce titre présente un autre problème : parfait dans la forme et dans le ton, le titre ne décolle pourtant pas à cause d’une émotion totalement feinte. Bien fichu mais creux. Et c’est le problème de tout le disque ou presque : là où sur les trois dernières oeuvres signées Johns, Dissociatives inclue, il y avait un vécu à partager sous forme de poignante confession, il n’y a rien ici qui sauvera des vies. La preuve encore sur le gros morceau du disque, le tryptique « Thieving birds 1&2/Strange behaviour » qui s’ouvre sur un thème Walt Disney-esque (style des petits oiseaux sifflant à l’aurore) avant d’enchaîner sur « Strange behaviour», assez enlevé et funky pour finalement se crasher à nouveau sur sa dernière partie, le tout orchestré par un Van Dyke Parks en faisant trop. Enfin, plus que d’habitude, le collaborateur de Brian Wilson fait rarement dans le léger.
« If you keep losing sleep » est la plus ambitieuse du lot, avec ses variations inattendues. Attendu de pieds ferme par les fans, ce titre découvert avec les [url=]Dissociatives[url] déçoit un peu dans sa version finale qui aurait mérité un traitement plus organique et plus brut.
Mais [url=]Young Modern[url], loin d’être une catastrophe totale, est aussi constellé des puissantes étoiles.
Les titres rock font montre d’une envie et d’une fraîcheur retrouvées qu’ils s’appellent « Mind Reader » ou « The man that knew too much », deux chansons funky et sexy qui font bouger le popotin. Là où les singles sont racoleurs comme l’association mini jupe/décolleté, Johns parvient à atteindre un petit sommet pop sur les fausses jumelles « Waiting all day » et « Low ». Bizarrement, ces deux titres qui osent aller vers le cliché n’en souffrent absolument pas, [url=]Silverchair[url] touche avec une certaine grâce à un certain classicisme bienvenu et bien vu. « All across the world » clôt le tout en résumant encore le paradoxe [url=]Silverchair[url] : véritable piste de décollage pour l’hénaurme, on reste pourtant au plancher des vaches et on s’y sent à l’aise, surtout lorsque Johns harmonise comme Brian Wilson.
Le sentiment de ce cinquième [url=]Silverchair[url] est que ce petit disque fait passer un bon moment mais souffre d’un coeur léger voire creux. Pour la première fois, Johns n’a pas de malheur à exorciser ce qui fait de [url=]Young Modern[url] un agréable compagnon, avec ses qualités et ses défauts, mais pas un confident de mal-être nocturne.