Handsome Furs – Plague Park

« En fait c’est Wolf Parade sans le mec que tout le monde aime et sans vrais instruments. »
C’est ainsi que Dan Boeckner de Wolf Parade décrit son side-project. Le Canada est à la mode ces derniers temps, on dirait qu’une génération entière d’illuminés a pris possession du territoire. Des neo-hippies pratiquant une musique dont le principal point de convergence est l’intensité.
D’intensité il en est clairement question sur ce premier album de [url=]Handsome Furs[url], groupe comprenant le Wolf Parade Boeckner et sa fiancée Alexei Perry. Le son de Plague Park est minimaliste (guitares, claviers, boites à rythmes faisant passer la chanson de Lofters pour de véritables prophètes) et ne fait pas franchement dans le facile. On pense au Velvet Underground, celui de « White Light/White Heat » plus que celui de « Who loves the sun ? » Ici la mélodie est rarement mise en avant, les chansons s’enchaînent créant un tout au final très cohérent et très, voire trop, homogène.
Les maux de notre société, sur lesquels on ne s’étendra pas ici par manque de place, sont la principale source d’inspiration ce qui donne au disque un aspect pas franchement jojo (ambiance [url=]The Eraser [url]de Thom Yorke), on ose à peine imaginer le degré de fun de la vie du couple Boeckner/Perry.
Cependant, au milieu de l’océan glauque surnagent quelques belles éclaircies, sur « What we had » ou « Cannot get started » entre autres qui par la simple force d’un arpège ou d’une harmonie arrivent à littéralement transpercer le ciel noir de nuages. « Dead+rural » sonne un peu trop comme [url=]Arcade Fire [url]pour réellement convaincre mais la puissance évocatrice de « Snakes on the ladder » et « Sing ! Captain » rattrape les faiblesses du disque.
A commencer par son homogénéité car même s’il ne contient que 9titres pour une grosse demi-heure, [url=]Plague Park [url]peut par moments paraître très long, la faute à un manque d’idées et de variété. Tous les titres ou presque sont comme une lente montée, trop souvent sur le même rythme, cherchant à atteindre un moment d’intense lyrisme porté par la voix monacale de Boeckner.
Sur 9tentatives, [url=]Handsome Furs[url] ne tape pas plus de 4fois dans le mille ce qui reste peu. La vraie force du disque est à trouver dans le travail soigné au niveau de la création d’une atmosphère spleeneuse, dans sa capacité à véhiculer une vraie vision et surtout dans le talent indéniable de [url=]Handsome Furs [url]pour caser en 3minutes trente ce que certains ne peuvent s’empêcher de faire en vingt minutes.
Une oeuvre donc plus intéressante que réellement touchante mais qui, malgré tous ses défauts, arrive à créer une fascination certaine à ceux qui ne l’auront abandonné en cours.
Au choix, hypnotique ou vain.