Venyce – The Wait

Franchement, je n’aime pas chroniquer les EP. Les EP, c’est tout bonnement frustrant. Bien sûr, je ne parle pas des EP qui sont si mauvais qu’ils constituent une véritable torture, non, ceux-là on les jette directement, ou alors on les donne à theghostchild pour garder son potentiel de méchanceté intact. Je ne parle pas non plus des EP mi-figue mi-raisin, qui laissent bien souvent indifférents et qu’on range négligemment dans un tas de CD ayant rarement dépassé le cap de l’écoute unique. Non, je parle des bons EP, cohérents, installant une ambiance agréable dans nos oreilles mais affreusement trop court, laissant une amère sensation de ‘putain, c’est déjà fini?’, et qui rend désagréable comme un fumeur en manque de cigarettes.
The Wait‘, de Venyce, fait partie de ces EP. Tout commence par 2 titres énergiques, emmenés par une bonne ligne de basse (mention pour ‘Circus in Town‘), suivie de près par des guitares crasses et nerveuses. Les riffs semblent assez systématiques, on pense rapidement à du Deportivo chanté en anglais, mais on fait fausse route. C’est outre-Manche voire outre-Atlantique qu’on trouvera les influences de Venyce. Ces gars-là ont baigné dans le rock alternatif de la fin des années 90, et le restituent avec bonheur. L’écoute des titres suivants rappelle les morceaux mélancoliques géniaux qui faisaient à chaque fois découvrir une nouvelle palette de sentiments. La voix fragile et bluesy de Eels, le coté épuré du fameux ‘Odelay‘ de Beck, les montées en puissance de dEUS… et un culte incurable voué à Tom Yorke et sa bande. On notera la grande qualité des arrangements, discrets et classieux. Ici un petit doublement de grattes, là un petit son d’orgue Hammond, par ici encore un passage jazzy psyché facon The Doors (‘O.K Carol‘) donnant des morceaux riches, contrairement ce que pourrait laisser penser une première écoute pas très attentive. Le dernier titre, ‘(…) (The eye of storm)‘, semble un peu à part, tant il tient du trip de hippie en pleine descente avec ses longs couplets accompagnés d’orgues lancinants, ses parties de guitare électriques avec une grosse reverb, et le thème musical zen derrière. Etonnant.
Tout ça pour dire que cet EP m’a prodigieusement énervé. Ils ont intérêt à sortir un album rapidement, parce 6 titres ce n’est vraiment pas assez.