Anthony Green – Avalon

Soyons francs, le nom d’Anthony Green ne signifiera pas grand-chose pour grand nombre d’entre vous. Je peux tout à faire le comprendre puisque le chanteur est surtout connu pour son groupe Circa Survive et ses collaborations au sein de The Sound Of Animals Fighting ou plus éphémère, au sein de Saosin. Oui mais voilà, Circa Survive est un groupe qui reste lui aussi confidentiel, non par manque de talent, mais juste parce qu’il reste l’un des fers de lance de la scène indépendante actuelle américaine grâce à son rock indé-progressif. Autant dire que cela ne peut qu’être ultra confidentiel chez nous pour des raisons de distribution, pourtant, c’est une grave erreur de passer à côté de ce groupe alliant avec adresse ambiance et sens de la mélodie. Reste que ce premier album solo ne pouvait être un simple succédané d’un combo dans lequel l’artiste a déjà toute liberté de création.

Avalon‘ va donc permettre à l’artiste de se livrer d’une autre manière, avec une réelle sincérité mais surtout dans des compositions ici dénuées de nombreux effets, le son acoustique dominant majoritairement sur cette galette comprenant pas moins de 20 titres. Oui, Green respectant sa fanbase, il a décidé de l’inonder littéralement de compositions revenant sur certains axes musicaux personnels. Ainsi, on retrouve en fin de disque des démos de titres retravaillés pour cette occasion quand même, ainsi que quelques titres enregistrés pour l’EP de son side-project High And Driving, datant de 2005, où le chanteur beau gosse jouait de tous les instruments à l’exception de la batterie. Des titres qui ne manquent pas d’intérêt malgré un mixage un peu léger, dirons-nous. Avouons cependant que le son abordé, même s’il n’est pas finalisé, ne dénote quasiment pas du reste de l’album. Non par manque de moyen mais bien parce que nous évoluons ici sur un disque tout en simplicité.
On ressent donc tout de même une qualité supérieure de mixage à l’écoute des onze premiers titres enregistrés pour l’occasion avec un son plus fin et précis, Anthony va alors s’exhorter à nous balancer ses plus belles compositions toute en légèreté, à la limite de la pop/folk. ‘Folk‘… YERK ! Voilà un mot qui fait peur (moi, le premier) mais ici, force est de constater que ça fonctionne bien.
L’album se composant essentiellement de titres dénués d’effets superflus, se laissant appréhender sans réelle difficulté, avouons cependant que le bât blesse sur un point ; les compositions elles-mêmes et leur variété. Car à force de jouer une carte musicale quasi-similaire d’un titre à l’autre, il n’est pas toujours facile de faire ressortir un titre de l’album en dehors du premier single judicieusement choisi, ‘Dear Child (I’ve Been Dying To Reach You)‘, qui est sans conteste le titre le plus appréciable de tous. Peut-être est-ce dû à sa réelle consonance ‘Circasurvavienne‘ grâce à son côté électrique et plus rythmé. Un titre que l’on retrouve d’ailleurs en fin d’album en démo dans une version un peu plus acoustique et du coup, moins percutante à l’oreille.
Ici et là se dégagent néanmoins quelques compositions (‘Miracle Sun‘, l’instrumentale ‘Springtime Out The Van Window‘, ‘Slowing Down‘, ‘Devils Song (This Feels Like A Nightmare)‘) qui ne transgressent en rien les règles établies par un Anthony qui n’hésite pas à passer par certains registres voisins de la folk, comme avec le bluesy ‘Stonehearted Man‘, le plus pop ‘Babygirl‘ ou encore la country alternative (!) de ‘Slowing Down‘. Et si vraiment tous ces mots vous font peur comme à moi, gardez bien en tête qu’il s’agît avant tout d’un album plus acoustique que tout autre chose. La rythmique des instrus étant bien souvent mid-tempo pour un registre tout en finesse (dans un monde de brutes) servi par la douce voix, toujours aussi infantile d’Anthony Green.

Ici, on ne fait pas dans le commercial mais avouons que l’album sait surtout se faire apprécier avec les écoutes, on ne pourra que lui reprocher une certaine monotonie dans la manière dont Green a échafaudé ses compositions, faisant qu’au final, on aimera cet album mais on n’en fera pas un incontournable au même titre qu’un Circa Survive. On soulignera néanmoins le beau geste de ce premier effort solo suintant littéralement la sincérité et la simplicité d’un chanteur qui ne s’est jamais pris la tête et faisant de la musique tout simplement parce qu’il aime ça. Ce serait donc dommage de l’en blâmer… Et pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur l’artiste, je ne puis que recommander l’écoute dans un premier temps des albums de Circa Survive, quant aux connaisseurs, cet album s’annoncera comme un beau petit complément à la disco d’un Anthony plus personnel que jamais. En tout cas, une chose est certaine ‘Avalon‘ sera très certainement recommandée par Monica Lewinsky et toutes les secrétaires de Bill Clinton… *ahem*