Little Joy – Little Joy

La petite entreprise Strokes bat tout de même sérieusement de l’aile. Symboliques de notre époque, les New-Yorkais se sont issus au rang de superstars du rock des années zéros. Les rockeurs sans soucis, bien habillés, pas dangereux. Rien de grave, on se demande juste où est la rébellion dans tout ça. Toujours est-il que leur incapacité à enfin toucher le très grand public semble peser. Aucune nouvelle du groupe depuis le très disparate troisième album (make or break ? pour l’instant c’est break…). Hammond Jr en solo semble s’essouffler alors que parait l’album de Little Joy, le projet du batteur Fab Moretti ex de Drew Barrymore et Kirsten Dunst. Un mec qui n’a donc pas pour habitude de s’emmerder. Et logiquement, son projet solo sonne décontracté du gland.

On navigue loin de la tension urgente des Strokes et loin de l’introspection du premier Albert Hammond Jr. L’ambiance est plus littorale en ce sens que l’album de Little Joy semble être la BO idéale du cocktail de fin de journée sur une plage de sable chaud d’Amérique du sud. Une douce mélancolie bien servie par une approche très épurée : guitares aigrelettes, ukulélé, choeurs hantés, on effleure les toms avec des balais, on dirait du Vampire Weekend au ralenti. Cependant, on a le sentiment tout au long de ce disque de naviguer en terrain connu, si ce n’est les titres les plus dépouillées et fatiguées (« Unattainable »), Little Joy descend directement des Strokes et « Keep me in mind » ne laisse planer aucun doute sur le full time job de Moretti. Prenez la distance qu’il y a entre les albums des Strokes et d’Albert Hammond Jr, appliquez cette distance en partant des disques de ce dernier et vous aurez une idée de Little Joy. ‘Shoulder to shoulder‘ est clairement du Strokes (encore plus) fatigué. Pas vraiment de grandes chansons à signaler toutefois, le tout est très honorable et uniforme, gentiment déprimé, Moretti est un compositeur correct, le chanteur brésilien Rodrigo Amarante fait du Casablancas au micro, rien de bien neuf sous le soleil. A croire que la seule influence de ces gens là est Casablancas et que les membres du groupe sont tellement traumatisés par leur inactivité qu’ils offrent tour à tour à leurs fans leur version des Strokes (l’album solo du bassiste arrive bientôt).

Souvent assez savoureux donc, un peu mou mou tout de même, jamais désagréable, l’influence sud américaine calypso est un plus mais dans l’absolu ça reste au mieux un projet peu ambitieux, au pire du sous Strokes. Une petite joie à défaut d’être une petite mort même si on se demande si la faucheuse n’a pas frappé à la porte du groupe…