Certaines musiques conviennent toujours mieux à certaines situations que d’autres. Etrangement, et sans abuser de clichés non inspirés tel le groupe qui vient du froid, on peut écrire sans trop se prendre la tête qu’écouter les Raveonettes en hiver, c’est presque une évidence. Et pour fêter le froid, le groupe qui vient du froid scandinave sort pas un ni deux mais trois Ep en trois mois (quatre si l’on compte un Ep gratuit de remix pour lesquels on n’aurait de toutes manières jamais payé).
Chronologiquement, ‘Sometimes they drop by‘ est le premier. Annoncé plus electro, c’est pourtant le son de guitare noisy de Jesus & Mary Chain qui ouvre les débats. ‘Way out there‘ est assez fascinant d’un point de vue strictement sonore, la manière dont la guitare saturée se transforme en un son synthétique force le respect, si bien qu’on ne sait plus trop qui est quoi. C’est un orgue messianique qui fait le rythme. Charmante intro. ‘Blood red leis‘ sonne comme les Raveonettes lorsqu’ils oublient leurs guitares. Toujours ce chant aux deux voix mélangées, toujours cette évidence mélodique mais pour une raison qui nous échappe, la rythmique robotique peine à entraîner l’auditeur vers des sommets d’extase musicale. Tout le contraire de la chanson titre, belle à pleurer, d’une subtilité affolante, hypnotique, on pense aux Pumpkins de ‘Adore‘, on ne sait trop si l’on écoute un arpège de guitare descendant du ciel ou remontant de l’enfer. Fantastique. On navigue déjà dans un bonheur rare quand débute ‘Vintage Future‘. Sorte de pendant instrumental du titre précédent, cette chanson froide pourrait illustrer ces moments de bonheur total que la vie offre parfois. Ou les moments de déprime total. Réussite pour les Raveonettes, si c’est là que le futur les guidera, on les suivra sans peine.
Le second Ep porte le titre très Raveonettes de ‘Beauty dies‘. Celui-ci est censé être de facture classique, même si ce groupe se réinvente tellement qu’on ignore totalement ce que du classic Raveonettes est. Et finalement en entendant ‘Young and beautiful‘, on se dit qu’elle n’aurait pas dépareillé sur… en fait n’importe quel album du groupe, même leur chef d’oeuvre ‘Pretty in Black‘. Le groupe sonne un peu comme une version bizarre de The Cure sur ce Ep. Malheureusement, l’intensité baisse un peu avec les rythmiques electro agressives assez similaires de ‘The thief‘ et ‘Here comes the end‘. Ce deuxième Ep est finalement plus expérimental que le précédent, un peu moins réussi aussi.
Le troisième, on l’attendait de pieds ferme. L’un des groupes les plus spectoriens du moment allait enfin livrer son disque de Noël, s’attaquer à la légende ‘Xmas gift for you‘. Les Raveonettes surprennent. ‘Christmas (baby please come home)‘ est pleine d’écho electro, bien dans l’idée des deux Ep précédents, avant que ‘Come on Santa‘ et ‘Christmas ghosts‘ et son piano céleste ne ressuscitent l’esprit de l’album ‘Pretty in black‘, Spector donc… Superbe. La conclusion arrive avec ‘Christmas in Cleveland‘, moins organique, toujours très Jesus & Mary Chain. Spector donc… Ce troisième Ep est une réussite.
Trio de Ep du duo danois, ‘Sometimes they drop by‘, ‘Beauty dies‘ et ‘Wishing you a Rave Christmas‘ forment un ensemble cohérent comprenant quelques très grands moments. Les danois prouvent qu’une multitude d’options est encore à leur disposition, les limites de leur potentiel ne semblent pas à l’ordre du jour, bien au contraire. Si à leurs débuts, on pouvait se demander quelle était la vraie personnalité des Raveonettes, chaque nouvelle sortie développe un style différent mais qui paradoxalement filtre de plus en plus les influences évidentes pour rendre le tout cohérent. Les Raveonettes ont un style bien à eux mais surtout une qualité de songwriting époustouflante. Et ce n’est pas fini, l’album solo de Sune Rose Wagner vient de sortir…
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