Main Square Arras

vm5
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Samedi 4 Juillet. Le Main Square d’Arras se déplace de la place de la ville à la Citadelle, une forteresse militaire classée patrimoine mondial de l’UNESCO et pourtant prête à accueillir son lot de dépravés musicaux ! Pas de souci me concernant, les Black Eyed Peas et David « la mèche » Guetta, c’était hier et la spéciale « cuir cuir cuir moustache » n’aura lieu que le lendemain avec Rammstein. Aujourd’hui, l’affiche est surtout pop rock ! C’est d’ailleurs Julian Casablancas qui m’accueille en squattant la scène principale et mon Dieu, je me suis dit direct que le survêtement en daim devrait être interdit ! Reste que niveau son, ce n’est pas ma came, surtout si la voix über trafiquée de Julian est confrontée à une balance immonde ! Une purée de décibels qui culminera avec ce que j’appelle « L’Onde« . Une vibration électrique de quelques secondes où se sont mêlés à saturation instrus et voix provoquant un son « à blanc » et emportant de nombreux tympans dans son sillage. Autant vous dire que devant cet attentat sonore, les ventes de bouchons d’oreilles ont littéralement explosé (constaté de visu tant les gens ont eu peur pour leurs oreilles et la suite de la journée) !
Heureusement, c’est Phoenix qui prendra la relève. Je dis heureusement même si à ce moment précis, je n’étais pas du tout familier avec le dernier album du quatuor français. Pourtant le reste du public attendait de pied ferme la formation et l’aura fait savoir. Dégaine de gentils garçons avec cols de chemises fermés et mèches bien sages, Phoenix que j’ai évité jusque là, (la faute à des critiques dithyrambiques qui m’ont rebuté avant même d’avoir écouté) va me prouver que j’avais tort. Le groupe enchaîne ses tubes et révèle toute la force de son album « Wolfgang Amadeus Phoenix« . La prestation est enlevée, enthousiaste et sincère, pétrie de simplicité, mais aussi d’un professionnalisme sans faille ! Y’a pas à dire, je comprends pourquoi le groupe bénéficie d’une telle aura de sympathie, il faut dire que le dernier album largement couvert lors de cette prestation recèle de nombreuses perles auquel le groupe et le public feront honneur ! Bien joué.
Mais ce n’est pas la seule surprise du jour car si j’étais peu familier du répertoire de Phoenix, je l’étais bien moins avec celui de -M-. J’attendais donc de voir ce que ce « prodige » de la scène pop rock allait donner. Et bien, c’est la très très grosse déception du week-end !
Clairement dévoré par son personnage de -M-, Matthieu Chédid a livré un show trop éparpillé ! Il faut dire que jouer 5 titres en 1h30, c’est de l’inédit, même les frétillants et incontrôlables Mars Volta n’ont jamais fait un truc pareil à ma connaissance.
Il faut dire que ce show, c’est le show du « trop » ! Trop de mise en scène ; les animations façon centre aéré pendant 1 heure, au fond, on s’en branle. Trop de délires guitaristiques ; jouer avec les dents juste pour la frime, au fond, on s’en branle. Trop d’amour du public ; prendre une enfant entre ses bras pendant 5 mn pour « jouer du manche », au fond, on s’en branle (!) Trop de plaisirs personnels ; slammer dans le public au bout d’un quart d’heure de scène pendant 10 mn, on s’en branle. Non, décidément, c’est bien dommage Matthieu, j’aime ce que tu fais mais c’est là l’une des pires performances à laquelle j’ai pu assister de ma vie et ce, alors que tu avais tant de titres à jouer. Dommage.
C’est d’autant plus regrettable que ce show à rallonge qui, néanmoins, a pas mal chauffé le public (!) aura empiété sur le temps de scène d’un artiste qui avait des titres à jouer et que j’attendais bien plus.
Grosse déception donc, Ben Harper & the Relentless 7 ont dû la faire plus courte (à peine 3/4 d’heure il me semble). Dommage, le rock bluesy ultra maitrisé de Ben impressionne. Jouant parfois assis, la sérénité hors du commun de l’artiste feront de cette prestation mon principal regret du jour. Attaquant seul sur scène avec le titre « Diamonds On The Inside« , Ben nous montrera par la suite qu’il sait aussi s’entourer. Invitant par exemple son ami de toujours, Eddie Vedder à le rejoindre sur scène le temps d’une reprise sur « Under Pressure« . Et si les deux musiciens ont l’habitude de le faire, avouons que ce genre de surprise scénique fait toujours extrêmement plaisir à voir et bien sûr à entendre. Mais pas le temps de savourer les reprises de Jimi Hendrix (« Red House« ) ou encore de Led Zeppelin (« Heartbreaker« ) car le temps, justement, presse, et la tête d’affiche Pearl Jam doit entrer en scène à 23h et de ce côté, le planning sera respecté.
Et on a beau dire, même si l’on peut avoir l’impression que Pearl Jam est un groupe qui a perdu de sa superbe (et oui, les années 90, c’est fini depuis 10 ans), le dernier album du groupe de Seattle « Backspacer » l’a réconcilié avec le sommet des charts mondiaux grâce à un son plus brut, une approche plus directe et de très très bonnes ballades (amoureux de la BO d’ « Into The Wild » bienvenus). Il faut dire que l’album convainc réellement (et pourtant j’étais sceptique), ce qui n’empêchera pas bien sûr le groupe de jouer quelques uns des ses titres le plus connus (« Jeremy« , « Alive« , « Even Flow » ou encore « State Of Love And Trust« ). Le public ne s’y trompe pas et si ce rock comme on en fait plus, peut sembler suranné, les vétérans prouvent que l’expérience permet de livrer des prestations à faire pâlir les plus jeunes. Les effets scéniques ont beau sembler limités à leur plus simple appareil ce soir, le groupe occupe tout l’espace sonore. La maitrise se fait à tous les niveaux et il est bien difficile de reprocher quoi que ce soit à Pearl Jam ce soir. Les solos claquent (coucou -M-) pendant qu’Eddie lubrifie sa voix grave et éraillée à coup de vin rouge et ce, sans virer dans l’excès ! Ouais, pour une fois, voir un mec boire son rouge à même la bouteille ne fait pas clodo. Pacifiste convaincu, Eddie ne manquera pas non plus de souligner que jouer dans une ancienne forteresse militaire encore en activité il y a peu, sonne comme une victoire pour lui.
Et parce qu’Eddie c’est un mec cool, il ne manquera pas plus d’offrir au public un rab’ de Ben Harper en l’invitant sur le titre « Red Mosquito« . Que du bonheur on vous dit pour ce set irréprochable (hormis l’absence de certains tubes diront certains).
Et puis c’est déjà fini, il est 1h du mat’ (ou presque), la forteresse plongée dans la quasi obscurité se vide pour mieux laisser la place le lendemain. Mais je n’en serai pas, j’avais piscine…

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