MAIN SQUARE FESTIVAL 2017 ★ JOUR 1

Déjà deux ans que VisualMusic n’avait pas pas eu l’occasion de venir au Main Square Festival, l’affiche de cette année avait fini par nous convaincre de venir squatter le festival arrageois et par chance, sans pluie malgré les prédictions météo contraires. Live report en mode 4 mains par moment grâce à mon assistante du moment, Charlotte.

Facteur X.

Obligations professionnelles oblige, il aura été impossible d’arriver dès l’heure d’ouverture sur le site, ainsi nous n’aurons pu que constater la fin du set d’inspecteur Cluzo pas plus que nous n’aurons vu une seconde du set des North Rain. Du coup, direction la Green Room où l’on allait retrouver le groupe The NoFace issu du split des régionaux Skip The Use, Mat Bastard ayant décidé de filer en solo, ces 4 musiciens en ont profité pour monter leur propre groupe. Ici, pas de reprises façon Prophets Of The Skip The Use, de nouvelles compositions portées par Oma, apparemment révélée par The Voice (j’avoue, je ne le savais pas puisque je ne suis pas ces émissions). Toujours est-il que la jeune femme fait le boulot ! Voix puissante, démarche féline, la chanteuse en impose sur des titres axés rock et chantés en anglais bien sûr. Petite particularité, les musiciens jouent à visage caché, pas d’effet Daft Punk ou Ghost ici, juste un gimmick visuel plutôt sympa façon new X-Men qui se prolongera même au sein du public avec la distribution généralisée de masques en carton au sein du public. L’effet est plutôt réussi et le public déjà bien rodé avec à priori de nombreux fans présents sur place. Du fait de notre agenda serré, pas le temps de trop s’attarder ici malgré un set plutôt intéressant car sur la Main Stage allait se produire l’un des artistes que nous attendions le plus, Frank Carter mais pour cela, je laisse la main à Charlotte.

I love hate you !

Le jour où j’ai su que Frank Carter allait jouer dans nos Hauts de France, et qu’en plus c’était le Main Square qui le ferait découvrir à nos compatriotes, j’ai dû me pincer pour le croire… Jamais eu la chance de voir Gallows avant le changement de line up en 2011, je verrais donc leur ex-chanteur avec les Rattlesnakes. Après deux très bons albums, Blossom en 2015 et Modern Ruin cette année, j’avais hâte de vivre un concert punk avec un chanteur qui ne fait pas semblant.


Arrivée au milieu du second morceau, prête à en découdre : Frank est déjà à bloc, le public, qui ne semble pas tellement au fait du groupe de punk anglais est réceptif et entame un circle pit à la demande du chanteur. L’ambiance se chauffe rapidement. Frank, roux en tatouages, cheveux roses et jean blanc nous transmet instantanément son énergie – le son est puissant, les lignes de voix mélodiques et la section rythmique ultra efficace. Peu de comparaison à faire avec le punk/hardcore hyper gris et malsain de Gallows, ici on entend du punk/pop à la limite du sucré. Frank semble apaisé et presque sage, paternité oblige ? Il passe un long instant à inviter les filles qui en rêveraient à slammer, invitant les mecs à la galanterie et en menaçant celui qui en profiterait au passage de venir lui foutre lui même son poing dans la gueule ! Simone Veil, décédée le même jour, sourit.
On chante avec lui « Lullaby », berceuse moderne, « Snake Eyes », « Devil inside of me » qui nous rappelle l’ambiance Grey Britain de Gallows et enfin « I Hate You », hymne à nos pires ennemis. L’anglais a tenu le public dans sa main jusqu’au bout, le Main Square électrisé n’est qu’au début de ses surprises…

Ha.

Puis c’est déjà reparti sur la Green Room pour Don Broco que je ne connaissais que de nom mais j’avais entendu parler de rock, voire de post-hardcore. Mais post-hardcore, sur le coup, je me suis dit que ça devait envoyer. Le truc qui fait la différence je pense, c’est le « post » après tout, là comme ça, impossible de savoir ce qu’il y a après. Pas pour rien qu’on fait des enquêtes post-mortem pour essayer de découvrir ce qu’il y a eu après. Bah là, je peux vous le dire, le décès de mes oreilles. Premièrement car j’ai trouvé ça ultra convenu, ça lorgne clairement du côté de Linkin Park édulcoré. Déjà que Linkin Park est un édulcorant d’uns style désormais édulcoré, je vous laisse imaginer l’édulcorant de l’édulcorant édulcoré. Au-delà de ça, traitez-moi de mec blasé ou de vieux mais le décès de mes oreilles aura eu lieu lors des hurlements d’un public féminin assez jeune et apparemment en émoi à la vue de Rob Damiani, frontman poseur pour vous Mesdames aux dents ultra bright et muscles saillants sur chemise ouverte et débardeur blanc. Sans parler des vocalises en veux-tu en voilà, non clairement pas le style de la maison. Désolé.

La montagne française.

Heureusement, sur la Main Stage, on retrouve d’autres habitués du festival, les Biffy Clyro et si les derniers albums ne m’ont pas convaincu, difficile de nier les performances live des écossais avec un Simon Neil toujours en mode intensif. Et si le groupe n’oublie pas certains de ses tubes, « Living Is A Problem Because Everything Dies », « That Golden Rule » ou encore le récent « Wolves Of Winter », le public ne semble pas autant suivre qu’il a pu le faire pour Frank. Dommage car la maitrise technique est là, les musiciens se démènent sur scène, n’hésitant pas non plus à jouer certains titres plus calmes de leur répertoire comme « Many Of Horror ». Malheureusement, il me faut déjà passer de l’autre côté du festival pour aller voir Machine Gun Kelly.

Du peura, gros !

Bon, là on sort des sentiers battus de VisualMusic avec le rappeur américain venu du Texas et, apparemment, sosie US de Norman fait des vidéos. S’il me sera difficile d’évoquer le répertoire de l’artiste, l’entrée sur scène du groupe se fait avec un bon gros fuck des familles que le public sera invité à faire aussi, parce que le rap, c’est la controverse (et accessoirement, le rappeur se revendique clairement comme anarchiste après avoir eu, aussi, quelques soucis d’addiction). Bon plus sérieusement, je ne vais pas cacher que cela restait une bonne performance, le frontman énergique à souhait, est appuyé de musiciens qui semblent plus à même de suivre un groupe de rock (cela n’inclut donc pas Don Broco) qu’un rappeur et pourtant ! Le Main Square souvent décrié par sa diversité permet néanmoins ici d’apprécier tout le spectre des surprises qu’il réserve, bonne comme celle-ci comme les moins… bonnes avec, bah qui vous savez.

Wake Up !

Mais déjà, il est l’heure d’accueillir LA tête d’affiche du jour (même si la liste des photographes est réduite au minimum), les System Of A Down, clairement la citadelle est pleine à craquer, les fans du groupe arménien ont rongé leur frein toute la journée et dès les premières notes, il va s’avérer impossible de circuler dans cette foule ultra dense (41 000 personnes). Clairement, je n’avais eu que de mauvais échos des performances live des SOAD, qu’il s’agisse de leur passage au Zénith de Lille il y a quelques années ou d’autres dates, personne parmi les journalistes présents ne semblaient sûrs d’assister à un live digne de ce nom. Il faut croire que l’âge et les hiatus de plusieurs années auront donné au groupe une maturité scénique tant attendue.

Serj Tankian ne se loupe pas au chant, Daron semble enfin accepter son rôle de second chanteur quand John à la batterie et l’intenable et sautillant Shavo à la basse assurent la rythmique. Clairement, le terme qui m’est venu en tête est « maitrise » mais aussi « années 90 ». Cela faisait un moment que je n’avais pas écouté le groupe mais les tubes tels que « BYOB », « Chop Suey » ou encore « Violent Pornography » s’ils ont toujours leur efficacité (ce n’est pas le public ultra motivé qui me dira le contraire), cela m’a aussi rappelé pourquoi je n’écoutais plus tant leurs titres. N’en reste pas moins un set d’1h30 sans défaut et un Serj toujours aussi à l’aise dans ses vocalises venus d’un autre monde. En tout cas, pari réussi pour le festival en claquant la dernière date française du groupe et surtout un groupe métal faisant le plein (rappelons qu’en 2014, la journée métal n’avait pas atteint ses objectifs).

Ayant un agenda qui allait m’amener à enchainer 4 jours de photos/concerts, je décide de me retirer de la Citadelle qui bondit de partout sur le titre… « Bounce » sans même voir Soulwax (que j’apprécie pourtant) ni même le set électro de Vitalic.

Rendez-vous est pris pour le second jour de report ici.