Marsatac ✖︎ Docks Des Suds ✖︎ Marseille

Attention lecteur non averti, ceci n’est pas exactement une live-report conventionnel.

JOUR 5 – 29/10/12

Alors qu’environ 20 000 festivaliers ont fait le déplacement au Dock des Suds cette année, quand on y réfléchit les gens brassés entre les salles, les scènes ou encore les bars ne sont clairement pas tous dans une dynamique musicale. Certains vont juste la queue sur l’épaule tenter de ramasser de la moule fraîche au détour d’un comptoir, derrière le chapiteau en train de rendre son sandwich au thon ou juste devant la scène. d’autres viennent boire quelques pintes entre potes, avec un fond sonore pas dégueu et une activité autour d’eux fourmillante. d’autres encore sont juste là pour s’imprégner de cet univers, de ces mouvements, de cette ambiance, la chaleur suffocante mais terriblement ennivrante à l’intérieur de la fosse, le contact brutal de l’épaule nue et transpirante d’un bourré vous percutant durant un pogo, cette sensation d’être hors du temps (même si le running order vous redonne quelques notions) et d’appartenir à une sorte de grosse meute sauvage. Car au fond, qui y va vraiment pour rester debout face au groupe, remuer légèrement la tête et se dire que c’est bigrement bien ? Bon, ok, exceptés les journaleux. Comme le dirait si bien l’ami El Pôtinho à qui je dédicace cet article, « la musique c’est un tout », pas juste des gens qui grattent des cordes, tapent sur des futs ou appuient sur des boutons. c’est ce qui fait relativiser quand on passe une soirée entière de concerts sans vraiment voir de…concert. Dix minutes d’OrelSan assez décevantes, dix minutes de C2C physiquement éprouvantes, un peu de Mix Up Maroc pour déconner (prenez les ingrédients déjà surconsommés de Nasser, trois chanteurs en tenue traditionnelle et un rappeur assez nase : voici Mix Up Maroc !) et des bribes de WOBWOBWOB accompagnés de rap jusqu’à l’indigestion : c’est la maigre part de musique que nous aura réservé cette soirée. Sans compter la décharge Noisia à la toute fin, dont je ne me souviens pas grand chose à part des pogos dévastateurs et un Braveheart assez rigolo.
Alors si les seuls souvenirs de votre concert sont les chiottes, le bar ou encore le sol, ne soyez pas triste : les concerts ce n’est pas que de la musique.

JOUR 6 – 30/10/12

Après la déconvenue assez unique de la veille, il fallait pour cette fois profiter un minimum de l’aspect musical tout de même inérent aux concerts. Cela tombe bien, Stuck In The Sound à 21h ça motive à se bouger le boule, même si l’on arrive seulement pour une poignée de morceaux dont l’excellente « Toyboy« , qui me fait toujours autant d’effet. c’est pas nickel, le son est pas franchement génial mais c’est dynamique et ça fait remuer plutôt pas mal pour un début. Le temps de sirotter une pinte qui fait autant de bien au gosier que mal au cul, le duo vénère de Kap Bambino investit la scène. Un chevelu aux machines, la chanteuse geignarde au mic, et nous voilà partis pour une joute punk braillarde. « YAAH, YAAAH, YA YA YA YA » : des cris guturaux en guise de chants, des saillies électro-punk dévastatrices pour musique, au bout d’une grosse demi-heure le côté comique et festif de la chose devient un peu ennuyeux et il est donc plus que temps de se repencher au comptoir. Direction salle 2 pour voir ce que donne la sensation BRNS en live. Fichtre de fichtre, c’était bon. Les belges ont fait forte impression en rendant un set bien maîtrisé, avec passion et fougue, moi qui n’en attendait pas autant d’un groupe déjà convaincant en enregistrement. Première bonne claque du festival pour ma part, d’autant plus le lendemain d’une soirée sous le signe du dubstep/rap sans la moindre trace d’instrument. Un détour à Don Rimini, qui envoie pas mal le pâté (ou la terrine du coup) sans casser trois pates à un canard (maintenant vous avez compris). Même constat sûrement plus accablant pour Breakbot, malgré une déco et des effets visuels assez funky, qui a vraiment l’air de s’emmerder et enchaîne ses chansons comme un DJ de mariage. Ce ne sont pas les allers et venues d’Irfane pour chanter sur les tubes qui y changeront quoi que ce soit, Breakbot ça casse pas des culs. Heureusement derrière il y a La Femme, qui m’ont déjà gratifié au Poste à Galène de l’un des meilleurs concerts de cette année. Rien de plus jouissif que leur pop new wave hyper dansante, quelque part entre un Indochine sans les paroles d’ado-emo en mal de reconnaissance et la pop californienne des années 60. Si vous voyez ces gus-là passer près de chez vous, sortez vous les doigts du cul pour mieux le remuer par la suite. Hélas pris dans l’ambiance et dans nos pas de danse farfelus on en a un peu oublié le bon vieux James Murphy, patron de DFA et de LCD Soundsystem. Pas le temps pour les remords, en guise de dessert rien de tel qu’un 2ManyDjs de deux heures, histoire de finir bien comme il faut même si l’overdose n’était pas très loin. Ces gars-là savent faire danser, avec des titres super bien foutus calés dans un set carré. Après avoir ramassé nos jambes, il fut temps d’aller déguster le croque-monsieur de 6h à notre vendeur de kébab au poulpe préféré.