Marsatac ✖︎ Docks Des Suds ✖︎ Marseille

Pour démarrer cette 15ème édition de Marsatac en terres marseillaises, l’orga du festival a décidé de mettre en avant les différents lieux qui ont bénéficié du statut de Capitale Européenne de la Culture pour se refaire une beauté. Ce jeudi, c’était au Silo que ça se passait, une bien belle salle toute refaite à neuf, à quelques centaines de mètres du Dock des Suds. Un grand bloc étalé sur plusieurs étages, avec des escaliers et des chemins labyrhintiques (je dis ce que je veux) pour arriver à la scène ou à ses divers balcons.

Maris aimants

En intro, les formidables Husbands, trio électro-pop marseillais né du rassemblement des plus grands acteurs de la pop du coin : Simon de Nasser, Mathieu de Oh! Tiger Mountain et Matthieu de Kid Francescoli. Accompagnés de deux choristes, ils proposent pour commencer des nouveaux titres plutôt sympathiques, dans le pur style de leur premier EP. Sans crier au génie leur pop électronique fait plutôt bien le boulot sur scène, bien que le gros de la musique soit reproduit par des machines – à part la basse et la guitare sur certains morceaux. Ce sont évidemment les morceaux de l’EP qui font le plus impression, comme la mélancolique “Overseas”, le hit “Dream” ou l’excellente “Let Me Down (Don’t)”, avec ses boucles majestueuses. Ce dernier titre confirme tout le bien qu’on pensait de lui sur l’EP, et s’affirme déjà comme le clou de leur maigre mais belle discographie. Un premier test en live, pour un dépucelage (c’était aussi leur premier concert) en règle, doux mais très convainquant.

Massive Arnack

Plus tard c’est l’ancien de Massive Attack, Tricky, qui se charge de commencer à mettre le feu au poudre. C’est dans un style beaucoup plus rock voire hardrock par moment que le filiforme Adrian Nicholas Matthews envoie la sauce. M’attendant à du trip-hop pépère, on peut parler d’une sacrée surprise. Sur l’un des titres les plus relevés du set, en plein milieu de concert, il fait carrément monter une bonne vingtaine de gens à ses côtés pour sauter, pogotter et…prendre des photos avec leur smartphone. Soit. L’autre grosse surprise, c’est l’implication famélique du dreadeux sur scène. Quand il ne la fuit pas carrément pour aller se taper des spliffs et des verres de whisky dans les loges, il se contente de se désarticuler au milieu de ses zicos et d’officier aux choeurs, la chanteuse et le groupe faisant – plutôt très bien – le taff. Une heure de blues-rock entremêlé de mid-tempo plus tard, on ressort un peu bredouille, enthousiasmé par un concert assez convainquant mais complètement délaissé par son frontman, qui donne quand même son nom au projet, rappelons-le. Un peu comme un concert de Macca où Paul se contenterait de chanter “La la la la” sur “Hey Jude” quoi.

Frenchouille touch

Petite fierté de Marsatac visiblement, le groupe local Nevchehirlian est aussi difficile à prononcer qu’à cerner. Dans la plus pure tradition du rock français chanté en français, on trouve un manque criant d’imagination et des paroles démago assez caricaturales, bien que parfois inspirées. Mais c’est là que ça se corse, car au fil du concert on passe de la balade toute naze à la guitare sèche, à un semblant d’électronique progressive pas trop dégueulasse. Le tout avant de repartir dans du rock stéréotypé, pour finir sur un bordel sans nom comprenant un artiste sénégalais en tenue traditionnelle et un rappeur sorti du nul part. Sans compter le chauve de chanteur qui se prend pour un poète, avant de gueuler “RENDEZ-NOUS L’ARGENT” en sautant à pieds joints sur scène.

La drogue c’est mal m’voyez

Le temps de se remettre des deux derniers concerts assez surprenants, c’est Black Angels qui débarque sur scène avec une déco assez sympa laissant augurer des effets vidéos et lumineux bien sensass. Bingo, ou Jeannie Longo comme dirait l’agent Bullit, à peine les guitares branchées que le groupe se fait noyer sous d’immenses vidéos psychédéliques qui fonctionnent à merveille sur le rock brumeux des texans. On en prend plein les mirettes et plein les oreilles de façon coordonnée, tant musicalement et visuellement c’est un véritable délice fort bien orchestré. Même si leur prestance scénique est proche du néant, on ne boude pas son plaisir face à la qualité de leur prestation, les titres étant joués avec beaucoup de justesse bien que souvent raccourcis. Un quasi sans faute, sans énormément de panache certes, mais avec beaucoup de précision. Visiblement en manque, un spectateur, comme pour clore la prestation en beauté, se met à gueuler à deux chansons de la fin : “Enculés ! Mais putain vous nous faites tout votre truc psychédélique mais on peut pas prendre de drogues ! Putain mais à l’époque on pouvait en trouver comme on voulait, vous êtes que des enculés !”. Un groupe qui déchaîne les passions.

Déjà vus à Dour, je préfère rater Fauve et sa meute de fans torturés qui se sentent trop compris, pour rentrer sur cette excellente note offerte par les Black Angels malgré l’absence de stupéfiant.

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