Enter Shikari ✖︎ La Cigale ✖︎ Paris

Après une interview fort sympathique en début d’après-midi, nous sommes retournés à la Cigale pour voir ce que donnent les titres de « The Mindsweep » en live.

Le bal est ouvert par un jeune groupe français qui est Merge. Équipés de maillots de corps du plus bel effet, les petits français nous démontrent qu’on peut allier violence et légèreté. Les couches de planance s’accumulent et laissent parfois place à de belles envolées. Le chant clair ne fera pas l’unanimité dans mon entourage mais je dois dire que c’est ce que je retiendrais de ce set. Côté chauffage de salle, les mecs font le taf et plus, en réclamant des circle pits, un petit braveheart et en envoyant carrément le chanteur dans le pit pour péter la gueule aux spectateurs pas assez motivés.

Les suivants nous offrent une petite sensation de déjà vu, puisqu’il s’agit d’Arcane Roots, qui avait déjà ouvert pour Enter Shikari au Bring The Noise Festival 2013. Il serait hypocrite de ne pas le dire alors on va commencer par ça : oui, Arcane Roots ressemble beaucoup (beaucoup beaucoup) à Biffy Clyro, et ce tant musicalement que physiquement. Le chanteur a de vrais airs de Simon Neil et l’attitude générale du groupe rappelle celle des écossais. Pour autant, si Arcane Roots plait tant aux vieux fans du Biff, c’est parce qu’ils leur rappellent le Biff d’antan, celui de l’ère pré-Puzzle, aux compositions aussi complexes que schizophrènes et dérangeantes. Et on peut dire que sur scène ils assurent et sont aussi carrés que charismatiques. Ils devraient nous revenir l’an prochain avec un nouvel album alors on va essayer de surveiller ça de près.

Enfin, l’heure est venue d’accueillir Enter Shikari. Les lumières s’éteignent pour nous offrir une petite démonstration du lightshow de la tournée, et il est plus que conséquent. Rory n’avait pas menti, la scène ressemble à un gros sapin de noël, grâce à un ensemble de guirlandes électriques représentant la pochette de l’album et ses connexions neuronales.

« The Appeal and the Mindsweep se fait entendre et se révèle aussi efficace en live que sur album dans son rôle d’introduction. Une montée en puissance passionnée qui donne envie de se prendre en main, d’aller sauver la planète ou dans un premier temps de pogotter comme un forcené. Puis l’éruption se produit avec « Destabilise et c’est parti pour une soirée mémorable.

On le sait, le groupe aime bien jouer de nouvelles versions de ses anciens morceaux en live et ce soir ne fera pas exception. Ainsi le « calm down » de « Ghandi Mate, Ghandi » est remplacé par une courte mais néanmoins marquante reprise de « Can You Feel The Love Tonight, « Juggernauts se voit incorporé à la fin de « The Last Garrison et « Mothership » reçoit son « Motherstep » nouveau, le « Motherstep 2.0« .

Le nouvel album ayant fait l’unanimité tant chez les fans que du côté de la critique, la setlist fera la part belle aux morceaux de « The Mindsweep, notamment avec enchaînement « Never Let Go Of The Microscope » / « Myopia » / « Torn Apart« .
Un peu de violence avec « The Paddington Frisk » (sans la danse du pendu) et « The Anaesthetist » (et sa fameuse insulte), puis le groupe quitte la scène (sans tromper personne).

On amène un piano sur lequel est classieusement déposée une rose dans un vase pour « Dear Future Historians« , leur première vraie balade de lovers écologistes. Rou fait remarquer que c’est la première fois qu’ils la jouent, qu’il va surement se planter mais qu’il faudra pas se foutre de lui. Il s’en tire plutôt bien, même si l’exercice prête à sourire.

C’est à ce moment-là, où on risquerait de penser qu’ils commencent un peu à se prendre au sérieux, qu’ils choisissent de balancer « Slipshod« . Ce morceau est à la fois un sketch et un pilonnage de cerveau de deux minutes. Les quatre anglais nous rappellent qu’ils viennent bien du pays des Monty Pythons avec une séance de mimes et de grimaces dignes de leurs concitoyens. A la fin du morceau, Rou, joignant le geste à la parole, éclate par terre le vase qui était si romantiquement posé sur son piano. On se demande alors s’ils ont autant de vases que de dates ou s’ils n’ont simplement pas pu résister et ont pété leur seul vase sur la première date de la tournée.

Le chanteur annonce que la prochaine chanson sera la dernière. Peut-être un mauvais choix puisque le public se met à scander « sorry you’re not » ! Le groupe, qui a choisi de ne pas jouer son hit sur cette tournée, fait quelques blagues puis attaque un furieux « Sssnakepit » qui met tout le monde d’accord.

Ce soir nombreux étaient les fans attristés de ne pas avoir pu faire clap clap clap, mais Enter Shikari a prouvé qu’ils étaient capables de donner un de leurs meilleurs concerts à ce jour sans même avoir à utiliser « Sorry You’re Not A Winner« , et là, on peut parler d’une démonstration de confiance. Maillot jaune sans les mains.