Cancer Bats ✖︎ Le Petit Bain ✖︎ Paris

Ce lundi soir avait un petit air de vacances. Un grand soleil, des températures dignes d’un mois de juin, et un concert sur un bateau. Bon, il se trouve aussi que c’était le début des vacances scolaires alors pour ceux qui y avaient droit ça devait surement être plus qu’un air.

Bref, contrairement à mon habitude ce jour-là je suis plus qu’à l’heure, pour être certain de ne pas rater le premier groupe puisque c’est Oathbreaker. A peine sont-ils montés sur Seine que l’ambiance change du tout au tout. L’obscurité envahit la salle. Le souffle glacé qui précède une apparition se fait sentir, puis une lumière bleutée nous révèle le groupe en place, la chanteuse Caro déjà courbée sur son micro, le visage dissimulé par ses cheveux.
Et c’est parti pour trente minutes d’intense catharsis. L’inertie du doom associée à la beauté froide du black. Les titres de « Eros/Anteros » se démarquent particulièrement, le point culminant du set étant l’incroyable enchaînement « As I Look Into The Abyss » / « The Abyss Looks Into Me« .
Il est vrai qu’ils dénotent un peu comparé au reste du plateau plus purement hardcore, mais ils auront, le temps de six chansons, présenté fièrement les couleurs de la Church of Ra : plus noir que noir.

Gros contraste avec le groupe suivant, Hundredth, qui sautille en rythme de la première à la dernière note de leur (court) set. Ils n’auront pas eu longtemps pour s’exprimer, mais on peut dire qu’ils n’ont pas gaspillé une minute en nous offrant un beau concentré de rage. Si leur musique n’est pas follement originale, elle transpire à grosses gouttes la sincérité. La fosse n’étant pas encore entièrement remplie, les ninja kids en profitent pour s’exprimer, jusqu’à la fin du set où le chanteur descendra leur offrir un cours privé de headbang.

Enfin, c’est au tour de Cancer Bats d’entrer en scène pour nous présenter son excellent dernier album « Searchig For Zero« , qui occupera une bonne partie de la setlist. Sur ces morceaux on reconnaitra la direction toujours plus heavy amorcée avec « Dead Set On Living« , mais aussi et surtout une volonté pour les chauves-souris de se faire plus accessibles. Le parfait exemple en sera le tubesque « Satellites » dont les « Woohoohoo ! Woohoohoo ! » nous donneraient presque l’impression d’être à un concert d’Iron Maiden et dont le refrain (gravé dans notre cerveau depuis la sortie de l’album) est repris en cœur par toute la foule.
Dans le pit c’est la fête et ça mosh joyeusement tout en balançant la tête d’avant en arrière, difficile de faire autrement devant tant de heaviness. Un exercice techniquement compliqué mais fort gratifiant.
Encore un point commun avec Iron Maiden (on croirait pas, et pourtant…), le chanteur Liam passera la quasi-totalité du concert à s’exprimer en français. Il expliquera même que cela lui vient de leur tournée commune avec Vera Cruz, où il se forçait à parler français avec eux au moins une fois par jour. Comme pour le fameux « Avengers assemble », il attendra les dernières secondes du show pour lâcher le fameux cri de guerre de Cancer Bats en territoire francophone : « Mauvais Cul ! ».

Vingt minutes plus tard la surface au sol est entièrement recouverte de coreux et on comprend pour qui ils sont venus. While She Sleeps est attendu, et ne décevra pas. La salle est plongée dans le noir tandis que résonne l’intro « The Divide« . Puis la scène se voit baignée de lumière rouge, révélant le groupe silencieux et statique avant qu’un furieux « We are the underground! » hurlé par le Loz n’ouvre les hostilités avec le nouveau morceau « New World Torture« . La péniche se transforme alors en grand dance floor (enfin, en grand mosh floor) et les anglais déversent un torrent de violence sur l’audience ébahie. Les chansons nouvelles comme anciennes sont indistinctement reprises en chœur par un public qui ne bénéficiera ce soir d’aucun répit. La maîtrise est totale et on a droit à une heure de guerre dirigée par des généraux au sommet de leur art. A la fin le groupe annonce que c’était surement la meilleure date de la tournée pour eux. Ce genre de phrase prête habituellement à sourire, mais ce soir on serait tentés de les croire.