Interview ☭ Shaggy Dog Story

Installés dans le bureau du bar où a lieu le concert, une heure avant la performance des Shaggys, Jolga, Cid, JC, Vins et Yaya m’accordent une interview. Et comme pour confirmer le nom du groupe, un chien est attaché au pied de la table. Et malgré ses attaques repetées (j’ai failli perdre ma jolie touffe de cheveux), les questions et les réponses s’enchainent si bien qu’on apprend comment le groupe s’est formé, quelles sont leurs galères et surtout, quelle est leur recette magique pour réussir à être un groupe aussi vivant. Enjoyez !

Vous venez tous de Aix-les-bains ?
Cyd: Quasi, à quelques exceptions près. Il y a le trompetiste qui vient d’Annecy,c’est le dernier qui a rejoint le groupe, c’est très récent. Sinon, on est tous d’Aix-les-Bains, ou très proche.

Donc vous êtes potes depuis le début…
Jolga: Ouais, en fait déjà le batteur c’est mon frère, donc déjà on était ensemble avec Sid qui est à la basse depuis le début et avant les Shaggy, on avait un groupe ensemble puis après on a décidé de monter un autre groupe c’est devenu les Shaggy, il y a dix ans à peu près et JC le guitariste s’est rajouté. On s’est retrouvé à 4 après y a eu Nico le saxo, puis Geoffrey qui est plus dans le groupe, puis Yaya et après David à la basse, même avec Sid et Vince, on était déjà proches enfant et on s’est connu au collège et on a décidé de monter un groupe. Y avait un autre mec qui était à la batterie et on a commencé à monter nos premiers groupes comme ça au lycée.

A l’époque ce que vous faisiez était différent ?
Jolga: Ben quand on a attaqué, il n’y avait personne qui faisait de la musique entre nous. On a pris les instruments, on avait une batterie toute pourrie, un ampli basse qui servait pour la basse, la guitare et le chant et on reprenait des trucs de punk, des paroles de Thieffen , avec des accords de The Clash, enfin on faisait une limonade comme ça et on a commencé à composer. Il y a 12-13 ans quand on a commencé à jouer ensemble, on savait pas jouer. Vince jouait de la gratte au début, il a appris la batterie y a dix ans… En jouant ensemble.

… Et le succès était là dès le début ?
Jolga: Je passe la parole à… Yaya … qui n’était pas là au début (rires).
Yaya: Euh… Euh, je sais pas si on est connu maintenant (rires) mais quand tu commences à jouer dans une cave t’es pas connu dès le début, c’est sûr.
JC: Si, par les voisins… (rires)
Yaya : Les parents à Sid qui connaissaient bien aussi… Mais après je sais pas pourquoi. On a fait pas mal de concerts ds les ptits bars, on état connus surtout sur Aix-les-Bains, après sur Albens et puis au fur et à mlesure, Annecy, et on essaie de trouver des coins un peu plus loin.

Commencer dans une toute petite ville comme Aix-Les-Bains doit être réellement contraignant pour débuter, non ?
Yaya: On a pas essayé les grandes villes, on peut pas vraiment faire la comparaison mais maintenant, il est sûr qu’il n’y a pas beaucoups de salles de concert sur Aix, mais d’un autre côté, dans les petites villes, ça va très vite de bouche à oreille. T’arriveà te faire un petit public. Il doit y avoir des bons et des mauvais côtés, après c’est vrai que pour s’étendre plus, c’est sûr que si t’es sur Paris, à mon avis, t’as moyen de grimper un peu plus vite… on a pas vraiment choisi.
Jolga : Ca gêne pas en fait. j’ai remarqué çà récemment dans des plans qu’on a fait à Rennes ou en Bretagne à Concarneau et à Marseille, j’ai l’impression qu’il y a un acceuil du public qui est « le groupe qui vient de loin ». C’est comme nous quand y a des groupes qui venaient dans la région qui viennent de loin. Peu importe si ils sont dans une grande ville ou une petite, ils viennent déjà de loin et il y a souvent un bon acceuil. En tout cas je trouve pas que ça empêche l’exportation. Ca n’a pas changé grand chose. Y a Annecy qui est assez grand, Lyon pas très loin où on a de bons contacts, ça nous a pas handicapé du tout. Et puis dans le coin comme ca, y a aussi tous les festivals qui se font dans les bleds, c’est pas toujours dans les grandes villes non plus.

Et dans les grandes villes, l’album est déjà connu?
Jolga: Ca commence en ce moment où des gens achètent l’album avant de nous voir.
Sid: Ca commence notamment grâce à internet et au site des Shaggys , et grâce ça, on a pu choper des dates du styles Rennes, la Bretagne. Donc c’est a l’époque où on avait un peu démarché, envoyé des CDs un peu partout. On a eu quelques réponses par le biais du site, et nous n’avons pas vraiment peur de faire des bornes pour faire quelques dates jusqu’en Bretagne par exemple. Pour nous, il est plutôt intéressant de jouer devant un public qui ne nous connait pas. Grâce a ça, on a même eu de bons retours sur nos concerts,toujours grâce au livre d’or du site. Partout où on va, il y a tout le temps quelques personnes qui nous réecrivent derrière et grâce a ça on a aussi eu des plans sur Marseille. On peut rencontrer des gens interessants, ou même pour nous brancher sur des festivals l’été. C’est bien cool.
JC: Mais en fait tout est vraiment lié à l’évolution du groupe et à son organisation en termes de communication. Parce que pendant un moment, on n’a pas été spécialement bien organisé. On ne s’est pas doté d’outils de comm’. Depuis quelques temps seulement, la dernière étape a été le net avec Seb qui s’ocupe de la com’, pour nous cela a été décisif. Il s’occupe vraiment de nous trouver des dates. Et là le groupe a vraiment passé une étape. Les autocollants, les posters et affiches ont vraiment aidé. Il y a des palliers dans l’évolution du groupe qui sont dus à ça entre autre et au fait entre autre comme dit Sid, de bouger. Tout ça c’est en lien, ça fait boule de neige au bout d’un moment. Ca crée des plans.
Jolga: Pour en revenir au CD, c’est nouveau pour nous de se rendre compte que lorsqu’on est en concert, les gens commencent à chanter les paroles parce qu’ils ont le CD. Jusqu’à présent, on a fait des auto productions de sept titres, trois titres, et vu que notre évolution, en sachant que tout a été en autoprod, on s’est retrouvé à enregistrer un album, un sept titres, et on se retrouvait sur scène au moment même de la sortie de l’album où on jouait des morceaux encore inédits. C’est à dire qu’on était décalé par rapport à la sortie de l’album et puis on n’était pas non plus à maturité comme ça a pu l’être sur «  »Comme 1 Bombe«  », premier album où tout a été presque en français. On a alors commencé à créer notre identité et les gens ont eu l’album. C’est nouveau pour nous d’arriver comme, encore une fois en Bretagne où on est arrivé là bas parce qu’ils connaissaient déjà nos tracks puisqu’ils passaient déjà dans les bars, parce qu’ils ont pu le choper sur internet. Maintenant, il est aussi dans les Fnacs. Et ça nous fait un nouveau public puisque jusqu’à présent, notre façon de grandir, de se faire connaître et d’évoluer dans la musique, s’est faite uniquement sur scène. Jusqu’à aujourd’hui, le support du CD fait qu’il y a un nouveau rapport entre nous et le public. Tout ça, c’est donc récent, et je crois que c’est ton cas d’ailleurs (en me pointant du doigt)… Et puis toi (en pointant Brigitte , une belge venue pour voir Shaggy en live), et puis toi aussi (en pointant Steven, autre belge)! (rires) Déjà trois personnes là autour qui sont dans ce cas! Et c’est bien nouveau pour nous, mais en même temps, on a pris confiance en l’album, c’est-à-dire que nous, on l’a fait en Noël 2001, avant que ça sorte, on a évité de dévoiler nos nouvelles tracks. Et se rendre compte que les gens peuvent adhérer à ce qu’on a pu faire sur CD et que le produit plaise comme ça, ça donne une nouvelle dimension à la scène. C’est à partir de là que Shaggy a vraiment commencé, et qu’on a pu remplir des salles comme à Annecy au Brise Glace, où le peuple est arrivé et connaissait déjà l’album avant de nous connaître…

Et vous seriez prêt à partir en tournée dans toute la France ?
Explosion de cris du groupe…
JC: Pourquoi ? Tu as des propositions ? (rires du groupe).
Sid: C’est clair par rapport à ta question, bien sur on est preneur, Brigitte et Steven qui sont là ils sont belges et donc, ben ouais on va pas hésiter a partir là haut pour une tournée . Donc ça ouais, c’est clair que ça nous fait pas peur.
JC : Et c’est un peu notre but aussi!
Sid : Ouais, tourner et vivre de ça… Maintenant c’est un choix qu’on a fait, on va aller jusqu’au bout.
Jolga : En dix ans, le groupe existe encore, c’est notre force. Jusqu’à présent, on a fait des cave concerts, on a construit nos vies aussi puisqu’aujourd’hui, j’ai 29 ans et à 19 ans, c’était le début des Shaggys! On s’est rencontré à 16 ans, avec Sid, et Vince, bien plus tôt…
Vince: (en souriant) Oh ben pourquoi ?
Jolga: Oh ben porce que t’es mon frère ! (rires). Et du coup, on est toujours ensemble. Ca a duré avec le temps, pourtant, on a eu nos vies, des enfants, des…

Sam, le gérant du bar entre dans la salle et se plaint d’enfumage de « peluche » (le fameux chien) par clope…

Jolga : En dix ans, même si la musique n’est pas encore notre moyen de vivre, on a toujours organisé nos vies: même si certains ont construit des familles, d’autres on fait autre choses mais, au niveau pro, on se retrouve là aujourd’hui, encore tous ensemble, et nos vies on les a organisé autour des Shaggys, et encore plus au niveau de la musique; c’est-à-dire que de plus en plus les choix de vie de chacun c’est bah… de travailler dans la musique, de jouer dans d’autres groupes aussi, de ne faire que ça. Donc l’idée de tournée aujourd’hui avec les Shaggys, c’est la priorité pour nous tous. Après , même si on peut avoir d’autres formations ou quoique ce soit d’autre, on s’est toujours arrangés pour être dispo et puis se dire «  Ouais c’était ça, si y avait une bien une chose a tenter et à ne jamais regretter, c’était de faire ça quand c’était possible « . Donc même si en se disant que ça ne s’est pas fait vraiment à fond, puisqu’on s’est accordé une semaine par ci, une semaine par là pour un album, tous nos week end, et qu’on a toujours répetés les semaines en 10 ans, nos vacances… on part pas, ou on part ensemble, etc… Ca a toujours été « nos vies autour de Shaggy » en dix ans. Donc une tournée ouais, ouais!, évidemment, c’est… on a rigolé quand tu as posé la question, mais effectivement on essaie de ne faire que ça!
JC : Ouais et je voudrais rajouter une chose par rapport à ça. C’est vrai que dix années que ca peut faire beaucoup pour certains peu pour d’autres, mais en fait par rapport à la maturité du groupe, je crois que les choses devaient être comme cela. Les gens humainement progressent d’une certaine manière, le groupe aussi. Il fallait ça pour gagner je pense aussi bien sur le fond du groupe que sur la forme. On a pu apprendre pleins de choses, sur le courage… Ouais une certaine forme de courage quand même: la scène, faire des experiences, se faire les dents. C’est clair qu’on avait besoin de ça, de toutes ces années puis si c ‘est que maintenant c’est que ca devait se faire que maintenant.

Vous parliez de votre premier album. Y a t-il eu de grands changements entre les deux albums ? Déjà muscialement il y a eu un changement radical…
Jolga: Au niveau des textes, au début des Shaggys , moi j’écrivais tout en anglais, en maitrisant la langue de façon… scolaire. Mais bon, on a attaqué comme ça ensemble, c’était plus facile pour moi de chanter en anglais, d’assumer et de prendre conscience et d’apprendre à chanter avec l’anglais. C’était plus simple. Après ça a commencé à prendre la mayonnaise avec le public en chantant en francais, et là j’ai eu envie de passer le cap, de dire ce que j’avais vraiment à dire avec la langue que je maîtrise le mieux. Donc l’album « Comme 1 Bombe » en francais est arrivé en même temps, je me suis dit  » J’ai envie de dire ce que j’ai envie de dire  » et donc c’est là que ça a donné, par rapport aux autres albums, ça a donné vraiment du poids, une identité. Ouais du sens à notre musique qui avait déjà du sens niveau métissage, c’est-à-dire qu’on pouvait très bien faire du trash, raggae, jazz.. mélanger les styles ça a toujours été important pour nous on aime toutes les musiques. Il y a du bon dans tous les genres et mettre du français dessus, ça a mis une identité en définitif…

Le chien vient de m’attraper par les cheveux… mais je garde mon sérieux… Jolga explose de rire après avoir essayé de rester concentré.

… même si on garde toujours le mélange des styles qui fait toujours notre identité, on a rajouté le fait que ce soit en francais. Maintenant ca met du sens derriere, plus fort.

Vous êtes avant tout un groupe de scène. Enregistrer en studio, ça n’a pas été trop frustrant ?
JC: Ben disons que le studio, c’est, je pense qu’ils ne me contrediront pas, vraiment un exercice particulier. Les années ont fait qu’on a commencé dans des petits studios, on a commencé à faire des cassettes à l’arrache et puis l’experience de « Comme 1 Bombe » ça a été beaucoup plus concluant. On a découvert un travail particulier, une discipline particuliere, des supers moments mais parfois plus difficiles. C’est pas frustrant, mais vraiment une autre approche, il faut penser CD, objet qu’on va placer dans une platine, que n’importe qui va pouvoir écouter chez soi. Ca n’a rien à voir avec le live, totalement différent. j’ai vraiment découvert des… C’est assez difficile et je pense qu’on va le refaire, mais qu’on a beaucoups de choses a apprendre à ce niveau là.

Pendant que je recherche une nouvelle question, le chien m’attrape le bras et histoire de m’en débarasser, je lui file mon sac à dos. Grave erreur puisque mon sac à dos sera finalement en piteux état à la fin de l’interview… Après une mini pause où Jolga tente de maitriser le chien grâce à un sketch de Benny Hill (veridic), c’est Vince qui finalement s’occupera d’occuper le chien. Les questions peuvent reprendre…

Les paroles en général sont assez sérieuses et peut-être un peu sombres. Pourquoi avoir choisi de coller ce genre de paroles avec la musique de Shaggy Dog Story ?
JC: Pas toujours en fait! Je pense qu’il y a des moments où la musique comme dans la « Peur »…

-Interruption du chien qui m’attrape les cheveux-…

La musique est super énergique. Le texte est porté par de gros accords, et n’est pas si glauque. Dans « Happiness », là les là les paroles sont plus légères et la musique colle vachement, c’est un ska et on a essayé quand même de coller un maximum les paroles avec la musique.
Jolga: J’ai jamais trop réflechi à ça en fait. Quand j’écris les textes en écoutant la musique, (avec les Shaggys on bosse comme ça: on répète et je m’isole pour écrire), ça me vient en fonction de ce que j’ai en tête. Après, il est clair que je vais pas écrire un truc come « La Peur » sur la musique d' »Happiness« . La musique évoque quelque chose. Le côté festif, énergique qu’on a sur scène, pour moi tout colle assez bien, même si des morceaux comme « Demon » où là, on a fait un peu de ska mais il y a quand même quelque chose dans la voix et dans les textes d’assez profond, d’assez dur. Mais en général, on buffe ensemble et moi j’entends la musique par rapport à ce que je vis au même moment, et ça qui sort naturellement. En même temps c’est un bon moyen de mettre aussi sur scene , la pointe d’espoir et de joie par rapport à la tristesse…

Là, je me refais boufer par le chien, obligeant Jolga à s’interrompre le temps de quelques morsures et d’un sac à dos déchiré…

Donc en même temps le coté postif de la musique c’est ce que je ressens dans la musique des Shaggys. Ce qui peut se dégager sur scène, c’est autant le côté dur de la colere, de la tristesse, des émotions pas forcemment joyeuses, et en même temps, ce coté festif c’est un peu comme au cirque avec le clown blanc et l’autre à côté. Notre musique a un coté joyeux de façon à rassembler les gens avec tout le message positif du métissage culturuel, des musiques, et puis de la fête, du rassemblement des gens où il y a une envie de partager un moment fort. Y a ce mélange là dans le groupe. C’est pas que joyeux, c’est pas que triste ou sombre ou violent… C’est tout ces mélanges là qui se font naturellement et qui se ressentent bien énergétiquement sur scène où y a quand même quelque chose qui se passe de fort: il y a un contact avec le public qui nous suit depuis pas mal de temps comme celui qu’on va voir ce soir d’ailleurs! C’est des gens qui nous suivent depuis qu’ils nous connaissent et qui restent fidèles, et avec qui on partage un rapport particulier. On peut discuter avec eux par exemple. On fait pas que venir sur scène où on joue notre set et où on s’arrête. Déjà quand on est sur scène, personellement j’ai vraiment l’impression de partager quelque chose avec les gens, l’impression de communiquer, d’être en contact avec eux et parler de ce que je vis, de mes expériences et les gens d’en face recoivent bien le message, ce qui crée des liens forts. Après le style et la musique, ça s’est pas calculé.

Le mélange des musiques, c’est venu comment ?
JC: Ca vient du passé de chacun, c’est vrai que Sid , Vince et Jolga se connaissaient et faisaient pas mal de ska ensemble, de punk. Ils ont grandi avec ça, le faisaient très bien et le font encore très bien d’ailleurs. Mais moi chuis venu après, j’ai plus des influences métal, et il se trouve que dans le tas avec mes cheveux long et…
Sid: (en souriant) …et tes collants! (rires)
JC: … il se trouve que dans ce qu’on écoutait, il y avait des disques en commun comme Fishbone qui ont eu une influence qu’on subit tout le temps, ou les Red Hot, par exemple, ou plus tard, il y a eu les groupes de funk, de groove. On s’est retrouvé sur pleins de choses en fait, ce qui fait qu’on a prit des directions … c’est vrai qu’ « Esprit En Fusion » était très funk jazz, on écoutait tellement de trucs… On s’est rejoint sur pleins de choses et après on a cherché notre identité…. et euh du coup je sais plus ce que c’était la question mais c’est pas grave…
Sid: Ouais c’est vrai que par rapport à toutes ces influences, le premier album c’était du jazz, un coup ci, un coup là. Mais en fait, je pense qu’en dix ans, on a réellement essayé d’avoir une idée bien propre à nous au niveau musical car c’est vrai que c’était pas évident vu nos influecnes musicales venaient de tous les côtés. Donc on a essayé de « recentrer » tout ça, pour faire le style Shaggy. Surtout avec les cuivres! On avait envie de cuivres, c’est grâce a ca qu’il y a du festif, et derrière on ressent un peu cette énergie punk, métal. On a essayé de faire notre sauce à nous.

Comme une bombe, c’est donc en fait le vrai premier album des Shaggys ?
JC: Ouais enfin on le considère comme notre premier album!

Donc le premier album, vous le considérez pas plus que ça?
JC: On renie pas ce qui a été fait avant si tu veux, mais au niveau d’un début de maturité, c’est vraiment le départ et je pense que ça va vraiment « maturer », je pense, vu le niveau des nouvelles compos qui se dessinent. Vraiment comme disait Sid, à l’intérieur d’un morceau, la fusion est dans le même morceau, c’est-à-dire que l’identité elle est là, et on essaie plus de zapper d’un style à un autre en « s’éparpillant ». Utiliser les cuivres avec un rythme thrash, donner à ce coté festif quelque chose qui n’existe pas forcémment chez d’autres groupes car eux font plus ska, plus reggae, etc. Nous on le fait sur des rythmiques -j’espère- plus differentes et plus ou moins originales.

Vous n’avez pas encore eu d’écho sur votre chanson ?
Jo: Non, mais jusqu’à il y a quelquess mois, on avait très peu d’échos, seulement au niveau local, mais en concert, on eu quelques contacts avec un producteur allemand quand on a joué a Montreux au Festival de Jazz, on a eu plusieurs contacts qui auraient pu nous permettre de faire des choses mais qui n’ont en fin de compte pas abouti. Après, moi j’ai l’intuition et le sentiment que Shaggy arrive à une certaine maturité, comme si nous on était prêt, et comme si l’extérieur le percevait. c’est-à-dire que jusque-là, si on avait signé avant, je ne sais pas si ça aurait été vraiment bien. Peut-être qu’on aurait pu avoir plus d’opportunités avec le morceau de la compil’ allemande, mais il me semble qu’on n’était pas encore prêt. Aujourd’hui j’ai le sentiment que Shaggy l’est au niveau d’un nouvel album, nationa, international… Sur scène on a plus du tout la même attitude, c’est le moment où on vit ce qu’on a envie de vivre, on vit notre rêve. De plus en plus c’est un moment fort, comme le studio, la création, les moments de créations, tous les moments qu’on a pu passer ensemble. Ca s’est éclairci avec le temps. Il y a 5 ans de ça, on aurait pu partir faire un autre job, faire une autre vie comme cela se fait dans beaucoups de groupes! Et là après dix ans, on est devant le fait que voilà on est toujours là et quand on part sur tournée et même si on fait 12 h de camion, c’est des bons moments, même si on est obligé d’abandonner certains conforts financienrs, ou même parfois affectifs. Ca devient notre vie, ce sont les moments où on est bien.

Pendant ce temps, Vins s’énerve contre le chien : »Mais arrêteuh putain de mongole » (rires)

Et c’est quoi un concert réussi pour vous ?
Là, le son d’un harmonica sort d’on ne sait où… soudainement.
Jolga: C’est ca ! (rires)
Mais à peine Jolga entame la suite de sa réponse, le chien s’excite de plus belle et saute dans tous les sens pour mordre tout ce qui lui vient à la bouche, c’est-à-dire moi… Du coup, Jolga en profite pour nous faire part de sa culture télévisuelle en reprenant une des leçons données par Benny Hill himself (quand j’aurais retrouvé les infos sur l’épisode, je vous les file, ça peut sauver des vies). Après avoir récuperé une boite d’allumete, il réussit à emmêler le chien autour du pied de la table après l’avoir fait tourner en rond à la recherche de la fameuse boite d’allumettes… L’interview peut finalement reprendre et se finir tranquillement!

Dans dix ans, vous vous voyez comment ?
Jolga: En cure de desintox, gros bide, la barbe! (rires) L’idéal serait de ne pas avoir beaucoups plus qu’aujourd’hui, mais à la limite, (hésitation) de pouvoir faire de la musique, créer.. Par exemple faire de la musique de film. Dans dix ans si on peut contineur de faire de la musique et si Shaggy a toujours raison d’être, ouais ca serait bien d’avoir les moyens de le faire.  » On s’était donné rendez vous dans dix ans, même jours même heure… « 

Et sur ce, l’interview finit, où le groupe me fait part de quelques infos sur le prochain album à paraître, comme quoi ils sont à la recherche cette fois-ci d’un producteur… On leur souhaite bonne chance, en tout cas, ils ont les moyens de réussir et me le prouveront avec ce concert de 4 heures dans ce bar d’Aix-Les-Bains…