Young Fathers ★ Mezzanine Club, San Francisco

A la veille d’un set à Coachella, les Young Fathers se produisent au Mezzanine Club à San Francisco. A quelques heures d’ici en banlieue de Los Angeles se déroulera dans le désert d’Indio le plus hype des festivals mais ce soir à SF, la foule n’est pas là pour faire semblant. Les portes ouvrent tardivement à 21 heures et on est accueillis par un DJ set dans une salle aux allures de night club. Un set passant de l’electro rétro, de la house pour atterrir dans une sauce mainstream nous menant même aux frenchies de Daft Punk avec un remix de « Lose Yourself To Dance« . Efficace mais les blagues les plus courtes sont les meilleures et cette interlude électro durera 1h30 ! S’ensuit un réglage de matos. Non pas pour le groupe principal mais pour HXLT, première partie du soir.

Mode Karaoké activé.

Si les deux premiers morceaux feront illusion, nous attendons très vite la fin de cette catastrophe ambulante doté d’un bon mix de play-back, de jeu de scène poseur et de morceaux pétris de gimmicks imbuvables.  Un des pires trucs que j’ai pu voir en 15 ans de concert. Imaginez un Skip The Use où les zickos seraient très mauvais, un groupe le cul entre le rap et le rock et ajoutez un frontman bavard jamais avare en banalités du type « n’hésitez pas à croire en vos rêves les gars, c’est la seule manière d’y arriver ». Leurs paroles sont du même tonneau. Commencez déjà par jouer de vos instruments au lieu de claquer des mains comme le dernier des boys bands de 1996 au lieu d’essayer de nous donner des leçons de vies. Comme ces gros nazes ont signé chez Def Jam, on risque hélas d’en entendre parler. Mais on ne t’en parlera plus. Selon leurs dires, on a assisté à leur meilleur concert qu’ils ont pu donner. Le pire, c’est que malgré le niveau : on les croit. Dire que ces cons osent donner comme nom à leur tournée, RIP Fake Shit. L’auto-dérision à son paroxysme.

Booty Shake & Triolisme à San Francisco.

Arrive enfin le moment où doit débarquer Young Fathers et un duo de roadies aux allures british règlent le matos sur les coups de 23h30. Au menu ? 3 micros hauts perchés, une table rempli de potars et une batterie accompagnée d’un module électronique s’affiche. A quasi minuit, on veut surtout que le concert débute enfin. L’ambiance locale est complètement dingo : on se retrouve dans l’épicentre du booty shake et du twerk. Si les américains ne sont pas du genre démonstratif lorsqu’ils sont en couple, en configuration concert c’est le collé serré qui parle. Philippe Laville en serait fier. Ton fidèle serviteur s’est fait décaler de 3 bons mètres à force de coups de booty d’un couple bien trop concentré sur leurs hormones pour faire de moi un dommage collatéral. Dans le même genre, deux nanas complètement pétés s’amusent à un concours de twerks, de selfies, de portés. Tout en chauffant tous les mecs qui osent s’aventurer de près. Le tout surveillé par un chaperon bien là pour ramasser le duo en fin de soirée. Oh, voisins américains, tu sais faire patienter !

Un titre écouté, 3 heures d’attente oubliée.

C’est dans un noir complet et après quelques fausses alertes que débarque enfin les invités du soir. A 4, un percussionniste debout pour 3 voix : une formation sans pareille pour une violence sonore rarement ressentie. Chaque chanteur rebondi sur les parties de son voisin. A l’écoute de leurs disques, difficile d’identifier un leader vocal mais là il n’y a pas de doute possible. Alloysious Massaquoi tient la baraque et ses deux potes prennent le relais avec force, aisance et charisme dès qu’il le faut. Kayus Bankole s’occupe des danses quasi tribales et des parties les plus agitées, « G » Hastings et sa voix de barriton et son jeu de scène très statique des moments relatifs d’accalmie. Le tout est un bordel organisé bluffant et captivant. Une sensation de puissance émane de toute part et on est pris de court par un set laissant peu de place au temps mort. Sans parler du volume des beats allant parfois chatouiller la faille de San Andreas. 

Plus c’est bon, moins c’est long.

Aucune communication directe vers le public n’aura lieu avant la toute fin du show, le quatuor sera impassible jouant presque la carte de l’intimidation jetant des regards froids et poker faces devant cette fosse qui l’a tant attendue. Le show est d’une brutalité telle qu’on a oublié les longues minutes à digérer les 70 kilomètres de marche avalés en 3 derniers jours dans la ville et les 3 heures d’attente d’avant concert plus ou moins voulue. Reste juste un putain de show qui nous bouffe minute après minute dans une violence mêlant danse hystériques, cris aboyés et percussions martiales.

Les seuls bémols ? Un set qui paraît court au vu de son intensité et du manque de quelques titres issus de White Men are Black Men too. Une bonne dose de leurs titres les plus sirupeux seront oubliés ( » 27 « ,  » John Doe « ,  » Liberated « ) pour laisser place à l’énergie et à l’agression sonore. Aussi, le manque d’instruments permettant de voir l’origine des sons déglingués sur lesquels dansent, hurlent et habitent nos 4 tarés.
Si vous n’avez pas encore croisé leur route, tentez donc la playlist reprenant le set avec un gros pouce en l’air pour «  Shame « ,  » Rain or Shine  » et  » This Is War « . Si la parenté avec TV on the Radio est évidente sur les titres les plus calmes, on peut déjà dire qu’ils sont meilleurs sur scène.

Avec un lightshow plus-dark-tu-meurs et une foule en folie, il fut impossible de prendre la moindre photo mais seulement quelques vidéos à la volée.


SETLIST du show à écouter dans la playlist Spotify ci-dessous :

https://open.spotify.com/user/lopocomar/playlist/3I93LBl1Djn6MgKjowAM93