Bilan 2017 par Le 7E OEIL

Cette année, VisualMusic recense par membre de l’équipe ses préférés de l’année et s’ajouteront à la file des membres de labels, de groupes et d’acteurs de l’industrie musicale. De quoi faire ton marché dans une année mouvementée.

Son résumé.
 Le 7e Oeil est un atelier individuel qui crée des artworks et réalise des sérigraphies qui prennent aussi bien la forme de posters que de pochettes de vinyls, de CD’s…
Si la musique était une religion, Le 7e Oeil serait fabricant officiel de reliques.
TOP 3 MEILLEURS ALBUMS 2017

AMENRA « Mass VI » (Neurot Recordings-US version/Amenra-EU version)

Sans concessions aucunes, l’Album de l’année avec un grand A.
Mass VI est comme un édifice bâti sur la puissance et la beauté. Un monolithe sombre et massif laissant entrevoir d’intimes fissures de clarté qui le rendent encore plus sincère et touchant. Mass VI poursuit le chemin débroussaillé par ses prédécesseurs, en livrant cette fois encore une communion, sans doute plus intense et personnelle que jamais, empreinte d’une énergie spirituelle. Un rituel comme expiation.

Au fil des diverses collaborations avec Amenra un lien particulier s’est créé, rapidement mué en une amitié sincère et un profond respect mutuel. Une émotion particulière a entouré la conception du packaging de l’édition spéciale, le titre de l’une des pièces de cet opus faisant référence à mes enfants. Sans aucun doute pour moi le plus beau cadeau de cette année. Ainsi, afin de livrer un objet à la hauteur de ce qu’il représente, l’encre chargée émotionnellement a spécifiquement été élaborée à partir de particules physiques (cendres de cheveux) propres à cette relation ; l’ensemble travaillé à la main, dessiné à la plume naturelle, et cacheté à la cire, comme un rituel.
Amicitia Fortior

 

BELL WITCH « Mirror Reaper » (Profound Lore Records)

Avec un seul et unique titre de plus de 83 minutes, formé d’enchevêtrements de voix parfois incantatoires, souvent caverneuses accompagnées d’une basse six cordes et d’une batterie, Mirror Reaper est construit comme son propre reflet. Sous titrées As Above / So Below, les 2 parties de cette pièce, expriment tour à tour, des émotions telles que colère et solitude, sur le schéma de la thèse et antithèse, employant chacune des structures similaires pour créer un tout massif, puissant et envoûtant. Fonctionnant comme pivot central de cette oeuvre, quelques pistes vocales d’Adrian Guerra issues de session d’enregistrement de Four Phantoms, avant son décès tragique.
Le sublime artwork signé Mariusz Lewandowski, en réponse au concept de l’album, se décline sur un gatefold avec ouverture à gauche (plutôt que classiquement à droite), comme respect mutuel des oeuvres musicale et graphique.
Mirror Reaper est un tout. Un hommage parfait.

PRIMITIVE MAN « Caustic » (Relapse Records)

77 minutes dérangeantes et oppressantes, à la noirceur sans concession. C’est lourd, c’est gras, c’est malsain, parfois asphyxiant. Bien que étrangement plutôt indigeste à la première écoute, les structures statiques qui composent Caustic contiennent cette noirceur intrigante qui pousse a y revenir encore et encore, pour finalement devenir une pièce maîtresse, totalement additive.

ET LES EX-AEQUO DE LA QUATRIEME MARCHE

THROANE « Plus Une Main à Mordre » (Debemur Morti Productions)
MOTORPSYCHO « The Tower » (Stickman Records)
CHELSEA WOLFE « Hiss Spun » (Sargent House)
GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR « Luciferian Towers » (Constellation Records)

TOP 3 MEILLEURS MORCEAUX 2017

AMENRA « Diaken » (Mass VI)

Pour toutes les raisons citées plus haut, de la façon la plus subjective possible, LE morceau de 2017 aurait pu être « Children of the Eye », Cependant, avec « Diaken », c’est tout « Mass VI » qui éclate dans une cohérence incroyable. Climat pesant qui nous enrobe dans ses ténèbres et filtre la lumière. Ce morceau est à mes yeux indissociable de celui de la carrière d’Amenra, et représente toute leur évolution dans la façon dont leur musique est capable de prendre et de nourrir à la fois.

CHELSEA WOLFE « Vex » (Hiss Spun)

Ce sixième opus de Chelsea Wolfe nous offre un album plus sombre que jamais. Réputée pour son large éventail de styles musicaux, elle continue à les mélanger à merveille. Encore un fois, c’est dans la noirceur totale que renaît la lueur.
Avec un début virulent de guitares lourdes et puissantes, la voix vaporeuse et les assourdissantes mélodies électro-métal de Chelsea Wolfe se conjuguent avec talent aux growls de Aaron Turner (Isis, Sumac, Old Man Gloom), pour aboutir dans une fin lancinante à un sublime contraste.

HARVESTMAN « The Forest Is Our Temple » (Music for Megaliths)

Ce morceau illustre tout ce qui fait la force de Harvestman. Derrière un minimalisme affiché entre sonorités technologiques et organiques, les guitares acoustiques et électriques dialoguent dans un but salutaire de transe et d’abandon. Car en effet, il faut savoir s’abandonner et lâcher prise pleinement, et se laisser porter par ce disque.
MEILLEUR CONCERT 2017

SUMAC at ROADBURN (Tilburg)

Pas de réelle description possible tant un set de SUMAC au coeur d’une expérience live comme seul le Roadburn sait la proposer est un de ces moments rares qu’il est impossible d’oublier. Le son massif et pourtant subtil qu’a su dégager Sumac dans l’ancien temple protestant du Paatronaat de Tilburg ce soir d’avril dernier a marqué l’âme et la chair de façon imperceptible, mais pourtant indélébile.
PROJET SERIGRAPHIQUE 2017

J’aurais pu citer nombre de projets qui m’ont particulièrement touché cette année tant elle fut riche, comme par exemple AMENRA « Mass VI » (évidemment), THROANE avec « Plus une main à mordre », album qui aurait figuré dans le Top 5, car c’est toujours un immense plaisir et honneur de travailler avec Dehn Sora sur ses visuels d’une qualité qui remet ses propres techniques toujours en questionnements, ou encore LENTO « Four », mais je m’attarderais ici sur le projet qui aura peut être été considéré comme le challenge de précision de l’année, la quadruple pochette de Supertired pour SUPEGENIUS.

SUPERGENIUS Supertired (9000 Records/Hyperttension Records)

Commandé par le label flamand Consouling Sounds, il s’agissait de réaliser 4 séries différentes et liées de pochettes pour l’édition spéciale de l’album Supertired de SUPERGENIUS. Une version pour le groupe, une version pour chacun des labels réalisant cette sortie (9000 Records, filiale de Consouling Sounds et Hypertension Records) et une dernière version réservée au RoosterEdition du label flamand (souscription regroupant l’intégralité annuelle des sorties du label). L’album disposant déjà d’un artwork définitif dont l’image aux allures autrement américaine présente le grand-père du bassiste du groupe. Une couverture intrigante qu’il n’était nullement question de remettre en cause, mais plutôt de travailler sur cette qualité photographique en choisissant de concevoir quatre versions distinctes de surpochettes (slipcases), sur la base d’une décomposition CMJN, chacune sérigraphiées sur PVC transparent. La superposition des 4 versions recomposant ainsi l’intégralité de la couverture originale.