Local Natives ✖︎ Sunlit Youth

Des guitares dans les cordes

Sunlit Youth est le troisième album des Local Natives, jeune d’une carrière officiellement débutée avec Gorilla Manor en 2011. Vendue comme LA nouvelle sensation de l’indie à l’époque, les voici aujourd’hui arrivé au point où ils souhaitent faire des chansons sans guitares, pour voir comment ça sonne. Prend ça dans ta gueule vieux manche en bois ! Après un premier contact aride et perplexe, ce disque de la rentrée s’est immiscé doucement dans nos oreilles.

La force du groupe, ô surprise, reste ses deux voix. Taylor Rice et Kelcey Ayer continuent de se renvoyer la balle avec des harmonies parfaitement maîtrisées, chacun prenant le lead en fonction de la chanson et assurant l’écho de son binôme sur les refrains. Fier de leur nouveau rejeton auto-proclamé comme leur meilleur, 4 premiers titres avaient déjà vu la lumière du jour et ils y croient car ce sont aussi les premiers morceaux du disque. « Fountain of Youth » a cette touche. Démarrée en sourdine, elle s’installe très vite par un refrain tubesque où le groupe chante à l’unisson des paroles annonçant un nouveau départ. D’autres changements feront peut-être grincer des dents comme l’intro de « Coins » qui a du mal à passer même après une dizaine d’écoutes. Les Local Natives s’approchent d’une démarche sonore similaire à celle des Glass Animals, avec un virage R’n’B moins appuyé. « Jellyfish » est l’exemple le plus extrême, uniquement composé d’un beat et des harmonies vocales. « Masters » est une belle incarnation du changement opéré avec Sunlit Youth : une touche synthétique qui garde le dynamisme habituel des percussions et les voix angéliques de Kelcey et Taylor.

Un digne descendant

Le spleen d’Hummingbird se retrouve ici. Cependant, il faut y mettre un bémol car les natifs de L.A n’ont jamais été les rois de la farandole. Aujourd’hui leur précédent est trop considéré comme celui « du bad » alors qu’il ne tranche pas foncièrement avec l’atmosphère de leur discographie et dispose même d’excellents titres comme « Black Spot », « Breakers », « Black Baloons » ou « Columbia ». Un grower indéniable pour des morceaux réussis dont on retrouve les qualités dans ce troisième disque : une lenteur dans la construction, des mélodies patientes, une émotion à fleur de peau, des percussions comme claquées des mains et une montée crescendo assez récurrente. Et à ça s’ajoute des paroles évoquant des jours ensoleillés et quelques réflexions sur la vie. L’album ne fait pas le coup du Grand Chelem avec quelques ratés comme « Ellie Alice », qui est pourtant le morceau disposant de la guitare la plus identifiée, quasiment uniquement construite sur un riff acoustique. La fin du disque perd aussi en intensité avec « Psycho Lovers » ou « Everything All At Once » où la structure, comme l’émotion balancée est moins marquante.

Là où Gorilla Manor a frappé par ses choeurs et l’universalité de ses compos, Hummingbird répondait par l’émotion. Ce troisième album est plein d’espoir, d’optimisme et se rêve clairement comme celui qui permettra au groupe de franchir un cap. Certains le trouveront sirupeux, nous ne sommes pas de ce camp là et saluons l’évolution d’un groupe qui trace son chemin sans se répéter.

Notre interview au sujet de l’album.