Prophets Of Rage ✖︎ Prophets Of Rage

Comment, en 2017, faire sortir de sa retraite l’un des groupes les plus revendicatifs des années 90 ? SIMPLE ! Élisez un gros con bien débile à la présidence des États-Unis (j’enfonce une porte ouverte, là) et vous allez voir si vos représentants syndicaux/musicaux préférés ne vont pas sauter sur l’occasion. Mission accomplie avec ce gros lourd de Trump mais qui n’aura pas réussi, malgré toute sa connerie, à bouger Zack De la Rocha de sa paisible retraite. Prophets Of Rage, on ne les présente plus, c’est bien Rage Against The Machine sans son leader historique, trop occupé à toucher son RSA doré pour remettre le couvert.

12 Songs For A Revolution.

On ne va pas blâmer De La Rocha pour son absence, après tout, on peut comprendre que la hargne d’un gamin de vingt ans ne soit plus la même à 40 ans passé. Toujours est-il que Tom Morello, lui, n’a pas désarmé ! Rappelons que le temps d’un EP pour Zack (One Day As A Lion), le guitariste CGT a sorti plusieurs disques revendicatifs (The Nightwatchman ou encore Street Sweeper Social Club) et c’est bien l’élection d’un président dont le teint de peau couleur Oasis Tropical qui l’aura amené à reformer la section rythmique de RATM avec B-Real (Cypress Hill) et Chuck D (Public Enemy). Est-ce que la sauce prend pour autant ? Oui et non. Oui, parce que « faisez » pas chier les gens, PoR, c’est clairement RATM sans Zack qui… s’en moque autant que de savoir que le revenu par habitant à parité de pouvoir d’achat (PPA) des Sud-Coréens devrait dépasser celui des Français et des Japonais en 2018. Ouiiiiii, notre SMICARD de luxe préféré avait quand même un flow bien à lui et une attaque dans les paroles que Chuck D et B-Real n’ont pas, difficile de le nier si l’on n’est pas atteints de surdité aigüe. Est-ce pour autant que le duo ne fonctionne pas ? Bien au contraire ! Finalement, écouter cet album, c’est comme se taper un gros blockbuster assumé au cinéma (avec un petit côté plaisir coupable). Parce qu’on sait que ce ne sera pas très fin, que le scénario s’inscrit dans du déjà vu (coucou Star Wars VII) mais le plaisir de retrouver des personnages que l’on connait, un univers avec des bases que l’on maitrise fait que l’on pardonne ces petites facilités. Oui, c’est déjà vu, oui c’est déjà entendu, mais ça passe et au final, je trouve que l’ensemble ne fonctionne pas si mal (dans la limite de l’acceptation de ce constat de départ). Et ne venez pas me dire « au moins Audioslave, c’était bien parce que… » Non parce que je me souviens bien du torrent de caca déversé sur le groupe et le chant de Chris Cornell à l’époque, et que ce n’était « pas du RATM gnagnagna ». Une nostalgie mal placée à l’époque qui aurait des airs honteux cette fois-ci ? Et ce, alors que le groupe fait le taff en suppléant son leader avec deux mecs qui apportent leurs différences et ne cherchent pas à imiter.

Know Your Band.

Certes, parfois, le son de fusion a un petit côté daté (les scratch sur « Hail To The Chief » m’ont redonné 16 ans direct) mais certains titres sont imparables, difficile de résister au groove et au refrain de « Unfuck the World » où la combinaison Chuck D/B-Real fonctionne à plein.
Différence peut-être plus étonnante, le groupe se laisse aller à des exercices plus groovy comme « Take Me Higher » et son instru que l’on croirait parfois sorti d’un album des Red Hot Chili Peppers entre la basse sautillante et le petit solo de Morello. Plus anecdotique, le titre « Legalize Me » sur l’herbe que ces horribles hippies aiment fumer et qui semblent avoir contaminé le groupe lui-même (honteux, mais que fait la police ?)
Alors oui, on pourra reprocher au groupe certains gimmicks sonores mais vraiment ? On parle de toute la section rythmique du groupe, là. D’ailleurs, il suffit de voir le groupe reprendre ses propres classiques en live pour ne pas se leurrer. Et si vous embrassez cette vérité, alors il y a de grandes chances que vous preniez plaisir à écouter ces morceaux, comme « Fired A Shot » où la gratte de Morello sonne quasiment telle une sirène de police, « Who Owns Who » et « SmashIt » qui réveilleront votre âme d’anarchistes CSP+ entre autres titres bien balancés…


Pas de surprise à attendre de cet album, pour moi, celui-ci fait le taff si vous avez envie de regoûter aux années 90 en arrêtant de piailler après Zack (qui s’en branle on vous dit puisqu’il ne parle même plus de son album solo qui ne verra jamais le jour). Alors, certes, le retour du groupe semble peut-être tardif, moins inspiré, mais comme beaucoup de nos madeleines musicales de ces années bénies. Du coup et malgré cela, une certaine lassitude s’installera plus vite avec les écoutes et c’est peut-être bien là le vrai défaut de ce retour à mon sens.
Reste que les PoR sont aussi et très clairement un groupe à voir en live et on y sera justement en novembre au Zénith pour une guerre qui s’annonce assez dantesque en fosse si l’on repense au concert des RATM il y a quelques années déjà.

Bonus Stage : Si l’envie vous en dit de pousser un peu dans le registre revival fusion des années 90, rappelons que Powerflo mêlant Sen Dog (de Cypress Hill toujours) et Billy Graziadei de Biohazard ainsi que Christian Olde Wolbers, ex-Fear Factory a sorti son album plus tôt dans l’année…