Personne n’aura été pris en traitre, plus d’une semaine avant le début du festival les prévisions météo annonçaient cinq jours torrides. Oui, cinq jours, parce qu’au vu de la qualité des groupes qui jouaient déjà le mercredi, on a décidé qu’il fallait officiellement le compter comme une pré-journée.
- Les fortifications Vauban
- La nouvelle entrée
- La Gardienne des Ténèbres
- L’aire de jeux pour enfants
- La brasserie Hellcity
- Le nouveau poste de secours
- La Purple House
- Jumping Jack
- Seum
- Stone From The Sky
- Electric Jaguar Baby
- Skindred
- Seven Hours After Violet
- Slomosa
- Soft Play
- Chat Pile
- Monkey3
- Jinjer
- La randonnée nocturne
- Rise of the Northstar
- Sunn O)))
- Korn
- The Hellacopters
- Orange Goblin
- Electric Callboy
Bref, alors que Météo France nous annonçait un samedi à 39°C, on se sera finalement contentés d’un enchaînement vendredi/samedi à 36°C, ce qui était bien suffisant pour ressortir le jeu de mots Clisson/Cuisson.
Mais au fil des années et des canicules successives, le Hellfest s’était déjà équipé d’un certain nombre d’infrastructures destinées à rafraichir les festivaliers et tout était déjà en place de ce côté-là. Ce qui ne veut pas dire que 2025 ait été avare en nouveautés.
Les nouveautés
Les fortifications Vauban
A peine passé le rond point de la guitare, on se retrouve face à des fortifications en étoile rappelant le style du marquis de Vauban. Un apport aujourd’hui purement esthétique, qui permettra assurément dans un futur plus ou moins proche de faire du Hellfest une place forte pour les survivants de la première apocalypse zombie.
On y entre pour le moment sans trop de soucis, pour se retrouver face à…
La nouvelle entrée
Un énorme portail de briques rouges dans lequel se découpe une Gibson SG accueille désormais les festivaliers à leur arrivée.
Le gigantesque ampli accolé à un grand « Hellfest » jaune fixé à un container qui ont longtemps servi d’entée et de pose bracelets indiquent désormais la sortie du festival.
Le premier jour cette grand porte était gardée, non pas par un griffon, une vouivre ou un hippogriffe, mais par…
La Gardienne des Ténèbres
Qui a quitté la Place du Feu pour s’installer au Hellcity Square. On la retrouvera par la suite plus à l’intérieur, devant l’Extreme Market.
L’aire de jeux pour enfants
Le projet visant à faire du Hellfest un lieu de tourisme à l’année est officiellement en place en 2025, avec une aire de jeux pleine de couleurs : des structures en forme de cercueils et d’os géants dont sortent un pont de singes, des tunnels et tobogans…
Pour éviter de l’abîmer avant même que les principaux petits intéressés ne puissent en profiter, la zone était fermée au public, mais son ouverture est prévue en juillet, avant une inauguration officielle à la rentrée.
Mais le principal point d’intérêt qui fera venir les visiteurs le reste de l’année sera…
La brasserie Hellcity
Depuis des années, les festivaliers qui arrivent au Hellfest pouvaient apercevoir à l’entrée du site une grande pyramide délabrée et il se chuchotait que : c’est l’ancienne boite de nuit Le Luxor, celui dont parle Philippe Katerine dans sa chanson, mais un jour, ils en feront quelque chose.
Et c’est quelque chose faite. Le Luxor s’appelle désormais Hellcity et donne rétroactivement son nom au Square. On peut y manger pendant le festival, et tout le reste de l’année.
Le nouveau poste de secours
À vrai dire il était arrivé en 2024, soit tout juste l’année suivante, mais on avait oublié de le souligner : il y a désormais un poste de secours à gauche de la Mainstage 2 et vous pouvez maintenant vous y couper la langue en toute sérénité.
Rappelons encore une fois tout l’amour que méritent ces gens qui viennent pour s’occuper de nous quand on perd à la bagarre dans le pit.
La Purple House
C’est l’excellente surprise de cette édition. Là où se dressait il y a fort longtemps le premier chapiteau du Metal Corner, est apparu un nouveau lieu atypique. On y entre en passant sous une pleine Lune, pour se retrouver dans une grotte aux murs tapissés d’un épais pelage violet. D’un côté, une roue de la fortune nous propose de jouer pour au choix, se faire raser la tête, épiler on ne sait où ou avaler une concoction pimentée en échange de merch La Bête. De l’autre, des flippers, bornes d’arcades, canapés et consoles retro pour se poser tranquillement.
Mais surtout, au centre de la pièce, une grande scène en forme de cage dans laquelle on enferme les groupes pour des concerts visibles à 360°. On l’a déjà dit, la programmation de la Purple House était particulièrement qualitative et ressemblait fort à un Off de la Valley. Précisons bien qu’on se permet de parler ici d’une véritable nouvelle scène et non d’une simple attraction destinée à occuper les festivaliers le soir, puisqu’elle jouait tous les après-midis, du mercredi au dimanche.
Jumping Jack
Si vous écoutiez du stoner il y a quinze ans, vous vous souvenez sûrement de cette époque où les groupes français n’étaient pas si nombreux, mais ô combien passionnés. Jumping Jack était de ceux là et à les voir s’accrocher au grillage de la cage de la Purple House, on comprend vite que la hargne de leurs débuts ne les a pas quittés. Des gros riffs bien gras, du mauvais esprit et une rage communicative qui provoquera un petit circle pit autour de leur cage.
Seum
Ceux qui sont venus planter leur tente dès le mercredi ont été grandement récompensés parce qu’il aurait été grave de rater le passage Seum en nos contrées. Ce trio de français exilés au Québec se définit comme Doom n’ Bass puisqu’il ne compte pas de guitariste et il faut croire que la boue stadaconienne est encore plus crade que celle du bayou. On les a mis en cage mais rien n’arrête le fiel qui s’échappe du grillage par nappes pestilentielles. Il faut croire que la horde de gueux qui se pressent tout autour goute particulièrement ce genre de fumet car elle se met immédiatement à tourner tout autour de la scène, évoquant ainsi une gigantesque chasse d’eau.
La programmation du Hellfest n’était pas particulièrement fournie en sludge crasseux cette année, mais la riche prestation de Seum a suffi à nous rassasier, au moins jusqu’au concert de Dopethrone deux jours plus tard.
Stone From The Sky
Ils étaient de toute façon trop grands pour cette petite scène, mais la classe de Stone From The Sky a explosé dès les premières minutes, projetant sur les murs velus de la Purple House la lumière et les ombres de leurs passions tant contemplatives que turbulentes. Le psyche de leurs débuts n’est pas perdu et offre au post qu’ils servent aujourd’hui une coloration subtile qui manque aux autres groupes officiant dans ce registre, pour une expérience assez singulière.
Le festival n’avait pas encore commencé qu’on était déjà devant une prestation d’une puissance incroyable. Enfin, leur bassiste ayant oublié sa basse en partant pour Clisson, on remerciera bien celui de Wizard Must Die qui accepté de lui prêter la sienne, et sans qui tout ça n’aurait donc pas été possible.
Electric Jaguar Baby
Ils ont osé mettre le jaguar en cage ! Le fauve se débat vigoureusement et fait rapidement comprendre aux visiteurs de la Purple House qu’on n’est pas au zoo ici. Le duo stoner offre une prestation hyper énergique et réussit même à faire bouger ceux qui venaient juste jouer à Street Fighter. Ils utilisent pour cela toutes les armes qu’ils ont à leur disposition, avec un bon vieux call and response, mais aussi une très jolie imitation d’Axl Rose qui aura très certainement rallié à leur cause les vieux chevelus. Les fans de rock ont aussi été servis avec une très jolie reprise du « Rock n’ Roll Queen » des Subways qui aura fait sautiller toute la tente. Le festival n’avait pas encore commencé, mais le coup d’envoi de la fête était déjà donné.
Jeudi 19 juin
Skindred
Ils étaient présents cette année sur la date parisienne du Warm Up, mais cela fait des années que se tisse une belle histoire d’amour entre Skindred et le Hellfest. On pourrait même dire, entre Skindred, le Hellfest et nous. C’est un trouple. On y était sans faillir en 2013, en 2017, en 2019… et on est toujours là en 2025.
Les années passent mais la setlist ne change pas tellement. Il faut dire que le nombre de classiques accumulés ne laissent plus vraiment de place pour la nouveauté. Tout le monde sait à quoi s’attendre et Skindred nous sert la fête prévue. Ça s’active avec un pit impressionnant considérant qu’on est seulement au concert d’ouverture du festival et qu’il fait déjà une température écrasante. Mais rien n’arrête les fans pris par la puissance de ce ragga metal dont ils sont encore aujourd’hui les seuls représentants, provoquant cet improbable mix entre mosh et déhanchés honteux. On échappera pas non-plus au traditionnel Newport helicopter sur « Warning », qui consiste à demander aux spectateurs d’enlever leurs t-shirts pour les faire tourner au dessus de leurs têtes. Le point d’orgue restera comme toujours « Nobody », qui malgré une brève coupure provoque sans faillir la bagarre attendue.
Le spectacle viendra surtout du nombre assez impressionnant de changements de costumes de Benji, pour un set comptant seulement quarante minutes. Ils ne cesseront d’ailleurs de nous rappeler qu’ils sont bel et bien le groupe le plus anglais du festival avec un très beau chapeau poilu de la garde royale en version rose un drapeau union jack en version noir et blanc, un sample de The Prodigy et surtout… leur amour pour James Bond. Selon le bondier sûr Hilikkus, on pouvait apercevoir Roger Moore sur leur batterie et la bande jouée en clôture du concert n’était autre que « Nobody Does It Better », soit le thème de The Spy Who Loved Me, film dans lequel James Bond était incarné par… Roger Moore.
Seven Hours After Violet
Seven Hours After Violet c’est le nouveau projet de Shavo, le bassiste de System of a Down. Les plus rapides l’auront remarqué, si on ne garde que les initiales, ça donne SHAV. Disons le toute de suite : si vous aimez le metalcore, vous devriez apprécier SHAV. Mais si vous aimez vraiment le metalcore, vous oublierez probablement assez rapidement SHAV.
Non, le vrai intérêt viendra si vous êtes fan de System of a Down. Parce qu’on sait l’amour de Shavo pour la musique violente et le fait de le voir s’éclater sur scène avec un groupe entièrement à lui fait vraiment plaisir à voir. Ses équipiers lui laissent d’ailleurs l’espace de s’exprimer et le mettent en avant pour nous laisser entendre des lignes de basse qui rappellent parfois SOAD. On pense en particulier à l’intro de « Radiance ».
On remarque aussi les deux chanteurs, visiblement assez émus, qui auront démontré puissance et maitrise. Il ne reste plus qu’à attendre la suite et voir quelle direction le groupe choisit d’adopter après ce prometteur premier essai.
Slomosa
Place au meilleur groupe de rock de ces dix dernières années ! Bon, on exagère peut-être un peu mais force est de constater que Slomosa fait l’unanimité partout où ils passent. Et vu qu’ils passent absolument partout, on peut dire qu’ils font l’unanimité partout et que Socrate est un chat.
Le contraste avec leur première participation au Hellfest en 2022 est saisissant. Le monde sortait à peine du Covid, Slomosa commençait à tracer sa route et les quatre amis qui n’avaient encore jamais joué devant autant de monde avaient été dans un premier temps assez impressionnés. 2025 les voit revenir avec des centaines de concerts au compteur, une réputation live à présent bien établie et une attitude de conquérants.
Certains ont été surpris de voir apparaitre au fond de la scène un guitariste supplémentaire. Il s’agissait en fait d’Eirik Marinius Sandvik, qui a produit les deux albums de Slomosa et les accompagne parfois en live.
Le concert s’ouvre sur l’énorme tube « Cabin Fever », mais ce choix n’a que peu d’importance si on considère que leur discographie n’est composée que d’énormes tubes. Le groupe est plus qu’en place et leur complicité se ressent autant dans leurs regards que dans leur jeu. Le seul ennemi du rock ce jour là aura été le Soleil, qui assomme quelque peu les spectateurs et réduit considérablement le niveau de la fête qu’on aurait dû avoir. Oui, s’il s’était tenu à l’ombre de l’ancienne Valley, ce concert aurait été nettement plus enjoué niveau public. Enfin, on remarquera les mots de Ben, qui en intro de « Battling Guns » en fait l’exégèse en enjoignant fermement Benyamin Netanyahou, Donald Trump et Marine Le Pen à lui sucer la bite. Le tout en français dans le texte, sous les acclamations du public.
Soft Play
Voici un duo qu’on n’avait pas vu depuis un moment et qui débarque cette fois sur la War Zone : Soft Play (ex-Slaves). Backstage, on découvre deux musiciens hyper accessibles et dispos, qui vont pourtant balancer le premier coup de tonnerre de la journée. Le backdrop affiche sans détour “Soft Cunts” accompagné d’un drapeau palestinien.
Les punks anglais livrent un set vénère, porté par des singles toujours aussi efficaces et une énergie brute. Les riffs tout en high kicks de Laurie répondent aux frappes sèches et nerveuses d’Isaac, qui prend aussi le temps d’orchestrer des mosh pits réservés aux filles.
Un concert qui déborde d’intensité, captée dans les photos, et qui laisse un petit regret en partant : merde, j’ai oublié de leur demander s’ils comptaient refaire une tournée des salles en Europe. Parce qu’ils méritent d’être revus, et pas qu’un peu.
Chat Pile
L’attente était grande et tout le monde était installé pour le podcast ciné de Raygun Busch. Ses interventions parfois aussi longues que les chansons sont désormais attendues et on peut dire qu’il n’a pas déçu. Pour cette date au Hellfest, le chanteur de Chat Pile a choisi pour thème : l’Enfer. Les films qui parlent de l’Enfer, les films qui se passent en Enfer, tout ça ça compte : Constantine, Event Horizon, Drag Me To Hell, et bien des pépites connues des seuls cinéphiles. Rien n’est écrit à l’avance. Tout est improvisé, le chanteur avouant réfléchir à ses prochaines recommandations pendant les morceaux.
« Hell… Hell movies… Oh, what about… What about when Jason went to Hell? Remember that? »
La performance est rendue encore plus savoureuse par l’incrédulité du public, qui soit ne comprends pas l’anglais, soit n’a aucune idée des films dont il parle. Il s’amuse du silence de mort que lui renvoient les Français :
« No respect for Bill and Ted at Hellfest… That’s OK. »
Autant le dire, une partie des pauvres innocents qui s’étaient trouvés là par hasard s’est enfuie en découvrant le cinéclub de l’Enfer. L’autre partie, qui était là parce que « la Valley c’est la scène avec les trucs moins hard » (véritable citation)… s’est enfuie en découvrant la musique de Chat Pile. Une basse neo metal ultra groovy sur laquelle se pose une guitare qui alterne entre phases post-metal et grosses noise chords dissonantes, le tout surmonté d’un chanteur à la scansion post-punk, qui ne s’interdit pas des gros growls et des râles gutturaux. Et c’est génial.
Quand après une heure le groupe quitte la scène avec un « Free Palestine ! » de conclusion, il restait quand même du monde. Preuve en est qu’il reste au Hellfest un public connaisseur et ouvert.
Monkey3
Après avoir vécu un rêve éveillé dans le cratère d’un volcan l’an dernier, on se doutait bien que leur prochain concert nous paraitrait bien pâle en comparaison. C’est le cas, et pourtant… c’est un beau Soleil couchant qui accueille les suisses à leur entrée sur scène, créant une atmosphère propice à la méditation et au gros trip psyche qu’ils nous ont préparé. Le très bon « Welcome to the Machine » est largement représenté, permettant d’assembler lentement les différents étages de la fusée tout en accueillant ses passagers. La nuit est tombée quand le grand classique « Through the Desert » amorce le décollage de la Valley et conclue en nous envoyant tous dans les étoiles.
Jinjer
Soyons clairs, je, (Ross) ne suis pas un fan de metalcore. Mais à force d’entendre parler de Jinjer, le Hellfest était l’occasion rêvée pour enfin voir de mes yeux (et shooter de ma lentille) les Ukrainiens dont tout le monde dit le plus grand bien. Me voilà donc à me faufiler dans une Altar bondée à craquer. En pleine canicule, l’air y est irrespirable, le malaise jamais bien loin.
Succès confirmé : dès les premières notes, le public explose. Pour le néophyte que je suis, difficile de trouver à redire : les musiciens sont carrés, la chanteuse Tatiana Shmayluk incarne tout, growl massif, chant mélodique maîtrisé, jusqu’aux lights qui en rajoutent une couche. En deux titres, j’ai pigé pourquoi le groupe traîne derrière lui une telle réputation. Franchement méritée, si vous voulez mon avis.
La randonnée nocturne
La phase qui suit n’est pas forcément agréable, puisque se chevauchent quatre groupes qu’on ne pourra pas voir en entier, mais dont on sera quand même contents d’avoir vu des bouts. Petite randonnée entre les scènes donc, en attendant Orange Goblin.
Rise of the Northstar
Passage rapide devant la Mainstage 2 pour voir le show de Rise of the Northstar, appelé à remplacer Ultra Vomit quelques semaines avant la tenue du festival. C’est l’occasion de voir en live leur tout nouveau single akirien « Neo Paris », qui devrait donner l’orientation pour la suite de leurs aventures. On les voit bouffer la scène sans surprise, ils l’avaient déjà fait en 2018. Qu’il soit 14h ou 22h la rage reste la même, même si le set de ce soir avait bien des airs de consécration.
Sunn O)))
On n’avait pas pour projet de devenir sourds dès le jeudi et ce set ne constituant qu’une petite étape de la randonnée, on a préféré garder nos distances. C’était clairement une mauvaise idée. Premièrement, parce que l’intérêt premier d’un concert de Sunn O))) réside dans le fait de se faire masser les organes internes, justement en raison du volume sonore excessif. Secondement, parce que leur art est tellement pur que les écrans à l’extérieur de la scène étaient éteints et qu’à part leurs gros cabinets, on a dû se contenter de deviner quelques silhouettes lointaines masquées par l’épais nuage qui recouvrait la scène.
Bref, on est restés cinq minutes. Ils ont joué trois notes en tout. On s’est barrés.
Korn
Curieux destin que celui de Korn au Hellfest. Programmé sur les deux premières éditions du festival, le groupe annule coup sur coup. Probablement agacés et réticents à l’idée de se faire planter une troisième fois, les équipes chargées de la programmation opposeront les années suivantes des refus catégoriques aux demandes du groupe. Ils finissent par céder et les programment en 2023, après avoir reçu des excuses via leur manager.
Depuis, Korn est revenu de nombreuses fois et 2025 marque leur cinquième concert à Clisson. Aujourd’hui grande tête d’affiche, on peut en étudiant leurs heures de passage aux précédentes éditions observer l’évolution du statut du groupe : 0h45 en 2013, 23h10 en 2015, 1h00 en 2016, 20h30 en 2022 et 23h30 en 2025. Pendant des années, Korn a fait le yoyo entre tête d’affiche et middle name. Peut-être parce que leurs tournées incessantes les empêchaient de devenir suffisamment rares pour se faire désirer, mais aussi certainement parce qu’écouter Korn a longtemps été quelque chose d’honteux.
Pourtant ce soir le doute n’est pas permis. Korn patronne et on ne les imaginerait jamais redescendre en bas de l’affiche. Les grands classiques sont joués et à l’exception d’un titre, leur discographie de ces dix dernières années est agréablement zappée. Fieldy, parti depuis 2021, n’est toujours pas revenu. Heureusement, c’est toujours l’excellent ex Suicidal Tendencies Ra Diaz qui tient la basse. Il aura fallu attendre que leurs fans deviennent vieux mais ça y est, Korn est officiellement devenu respectable.
The Hellacopters
Leurs réputation n’est pas volée, les inventeurs du high energy rock suédois nous servent un show encore plus efficace que ce qu’on a vu chez leurs descendants et provoquent une violente envie d’aller danser devant la scène. Le seul souci c’est que la moyenne d’âge est de soixante-cinq ans et que le public est franchement clairsemé, probablement vampirisé par les mainstages.
Orange Goblin
On avait eu du mal à y croire quand ils ont annoncé que cette tournée serait la dernière. Pourtant en ce 19 juin le poids de la réalisation nous est tombé dessus d’un coup : on était probablement en train d’assister à notre dernier concert d’Orange Goblin. Pour les fans de stoner, le groupe a toujours fait partie du paysage et aidé les débutants à découvrir le genre, si bien qu’on ne les imaginait jamais vraiment raccrocher.
Pour leur pot de départ les anglais nous ont préparé un set maxi best of où chacun de leurs dix albums, sans exception, sont honorés.
Du haut de ses deux mètres, Ben Ward ne cesse de se pencher vers les premiers rangs, les enjoignant à faire le rock en agitant les poings comme un père de famille au match de foot de ses gamins un samedi matin. Comme pour lui faire plaisir, ça s’active côté public avec un joli petit pit au milieu, qui se transformera en un très beau wall of death sur « They Come Back ».
« Merci Hellfest. Merci pour votre soutien depuis tant de temps. »
Oui, en français. On ne pensait jamais dire au revoir à Orange Goblin mais ces adieux leur ressemblaient : sur la Valley, avec rien d’autre que des gros riffs et leurs fans déchaînés.
Electric Callboy
Si le groupe existe officiellement depuis 2011, la version qu’on connait ne nait en réalité que dix ans plus tard pendant le Covid avec le départ de l’ancien chanteur Sushi, son remplacement par Nico Sallach, puis l’enchaînement de singles « Hypa Hypa », « We Got The Moves » et « Pump It ». L’année 2022 les voit achever leur transformation en changeant leur nom d’Eskimo en Electric Callboy et en supprimant leur premier EP des plateformes (mais pas le premier album et son éloge du revenge porn).
Dès la réouverture des concerts, tout le monde était bouillant et leur absence au double Hellfest 2022 s’était ressentie. C’est sûrement pourquoi leur passage au Hellfest 2023 a donné lieu à un énorme bordel encore gravé dans les mémoires. La production était déjà au niveau maximum, aussi elle ne sera pas supérieure ce soir.
Les spectateurs sont cette fois accueillis par l’elevator operator qui donne son nom au single sorti en début d’année. Et c’est comme promis la plus grosse fête du festival. Sauf que cette fois personne n’est là par hasard. La densité de spectateurs est impressionnante. C’est serré jusqu’à la régie et même la zone pit à l’avant n’offre pas beaucoup d’espace. On en est donc là : le Hellfest est déjà trop petit pour Electric Callboy.
Le nouvel album se fait attendre alors la setlist restera assez semblable mis à part les deux derniers singles et le feat avec Babymetal vu de l’autre côté l’an dernier. Ce que tout le monde semble avoir retenu c’est le nouveau batteur de tournée Frank Zummo, ou plutôt la reprise de « Still Waiting » de Sum 41, dont il faisait partie avant leur récente séparation.
Le cœur de la prestation et sa production bien rodée sont là. On a le droit à tous les costumes, tous les gimmicks, et personne n’est déçu. L’efficacité allemande s’exprime même dans la fête et on laisse le temps d’un set l’ironie et l’amertume pour finir cette journée juste bêtes et contents.
HELLFEST 2025 – VENDREDI 20 JUIN
HELLFEST 2025 – SAMEDI 21 JUIN
HELLFEST 2025 – DIMANCHE 22 JUIN



