HELLFEST 2017 – JOUR 3 ★ CLISSON

Troisième et dernier jour de ce Hellfest 2017, toujours sous un soleil de plomb.

“J’ai pas des masses de trucs à raconter sur les groupes qui sont passés, ça te dirait de faire le 3ème jour ?” Le dimanche était à l’unanimité de Foofree et moi-même le jour creux du festival. Certes, il y avait bien Prophets of Rage, Linkin Park ou encore Slayer en gros noms qui traînaient sur les Main Stages, Clutch et Pentagram de passage sous la Valley, The Dillinger Escape Plan pour se finir sur la Warzone et certainement des choses appréciables pour les amateurs côté Altar / Temple, mais si on n’a pas à courir d’une scène à l’autre ou à choisir entre deux de ses groupes préférés à chaque heure, à Clisson c’est un jour creux.

Routine

On démarre donc sans entrain particulier, et en faisant confiance à une scène qui nous déçoit rarement, avec Bright Curse sous la Valley. Dans mes souvenirs, le dimanche est souvent le jour de l’ouverture sous la tente, avec des formations plus rock, plus hippies. Et Bright Curse ne déroge pas à la règle. C’est le côté Curse qui les fait passer par le Hellfest, et le côté Bright qui leur fait hériter du créneau du dimanche matin. A défaut d’être sensationnel, c’est fort agréable. Le public ne s’agite pas autant que la longue crinière blonde du bassiste mais reste réceptif. C’est la qualité des gens qui se lèvent assez tôt pour assister à un concert à 10h30 un dernier jour de festival.

Autre registre, même s’ils ont certainement créé le leur, avec Vôdûn (oui, avec deux circonflexes). Autant dans la catégorie black metal norvégien, ça se bouscule, autant dans leur catégorie stoner afro, les voisins sont rares. Tout est bien là : côté habillage, chanteuse généreuse qu’on imaginerait plutôt choriste sur un album de soul, couleurs, maquillages et costumes dans le thème, et côté son, stoner rock bien catchy. On est à la limite du duo guitare / batterie, Oya étant assez occupée à placer son chant. Elle ajoute quand même quelques percussions plus ou moins traditionnelles, ajoutant à l’originalité de l’ensemble. Et le tout se tient étonnamment bien ! Après cette surdose de couleurs et de rythmes, le reste de la journée va paraître assez terne.

Changement de température radical, puisque direction l’Islande avec Vintage Caravan, qui avec moins de couleurs arrive tout de même à captiver. C’est surtout grâce à une grosse dynamique sur scène, notamment côté basse avec Alexander Örn Númason. Allez, pour qu’il n’y ait pas de jaloux et pour le sport au clavier, je vais citer les autres : Óskar Logi Ágústsson, guitare et chant, et Stefán Ari Stefánsson, batterie. Cette dynamique sur scène appuie des compositions très directes, orientées classique hard rock.

Pour oublier un peu le bonheur et la joie de vivre, il n’y a pas loin à faire jusqu’à la Temple, avec Regarde les hommes tomber. Les blackeux français font tente comble, même si le contraste entre la clarté de ce début d’après-midi et leur noirceur sur scène est assez étrange.

Retour sous la Valley, dont la scène n’avait pas été aussi pleine de la matinée. Avec sept membres sur scène en début de concert, Crippled Black Phoenix fait plus que le double des trois groupes précédents. Alors forcément, si Vintage CaravanVôdûn faisaient dans le direct, on est ici dans des ambiances plus travaillées.

We’re doooooomed

Place au panzani, du genre bien collantes et bien pâteuses, oubliées sur le feu trop longtemps, avec les italiens d’Ufomammut. Lourdeur et ténèbres à l’horizon, histoire de chasser les dernières vapeurs hippies qui restent sous la Valley. On repasse à trois musiciens, ce qui est bien suffisant pour leur ambiance lourde et pesante. Oui j’ai déjà dit lourd, mais on a ici la définition même d’un son bien lourd, bien rugueux. Le concert était tellement bon que j’ai un peu honte d’avoir placé panzani juste parce qu’ils sont italiens. A noter que le huitième album vient de sortir.

On reste sur des ambiances plus sombre avec Pentragram. Comment c’était ? Bah il n’y avait pas Bobby donc ça ne valait pas le coup. Non, je plaisante. Il n’y avait pas Bobby mais ça valait le coup. Après le doom moderne avec Ufomammut, le doom classique. De quoi rassasier les amateurs de… doom. Bon, par contre, Blue Öyster Cult c’était un peu trop vieux et un peu trop mou pour moi. Et il fallait se diriger vers la main stage…

Machine messiah

J’ai bien tenté de suivre Foofree qui fend la foule comme un âne ninja, mais avec sac à dos et appareil photo, difficile de le suivre jusqu’au bout. La manœuvre est tout de même réussie : en forçant légèrement le passage sur la droite en amont de la scène, on atterrit tranquillement sur la bute sous la tribune VIP, zone pas dense du tout. Et en avançant encore légèrement, ça permet de se retrouver avec des gens qui bougent un minimum. On a droit à un gros show de Tom Morello et sa bande : du Rage Against The Machine, du best-of de rap, de la foule assise, du jump around, et du Rage Against The Machine. La classe américaine, avec quand même du sentiment dedans, le groupe n’oubliant pas de faire un coucou à Chris Cornell, décédé à peine un mois plutôt. C’est d’ailleurs assez étrange de se dire que Chester Bennington jouait sur la même scène le soir même et qu’il s’est également suicidé un mois plus tard. Mais quand même pas aussi étrange que d’avoir eu droit à un best-of de hip-hop en pleine soirée au Hellfest ! Le public a en tout cas fait le boulot (Foofree compris) : le nuage de poussière est impressionnant. Sans-être dedans c’était par moment irrespirable, alors les fossoyeurs ont dû tousser pendant plusieurs jours après ça.

Je m’attendais à un trajet compliqué sur le retour vers la Valley et ce fut le cas, mais en se faufilant par la droite, c’est toujours possible de rentrer sous la Valley. Et j’aurais regretté de m’avouer vaincu ! J’aurais loupé la plus belle cloche à vache du festival. Ce qui m’empêche de placer Clutch dans mon top des concerts de cette édition, c’est d’avoir été juste derrière un mec qui connait par cœur tous les titres. Ce mec étant à côté de son meilleur pote qui connait lui aussi par cœur tous les titres. Alors certes, c’était émouvant cette communion entre deux hommes, liés par un groupe qu’ils suivent apparemment depuis longtemps. Mais le suspense et la surprise étaient légèrement gâchés pour les voisins. Bon, pas de quoi gâcher complètement une prestation parfaite d’un groupe reconnu et certifié comme bête de scène.

Dernière traversée

En me dirigeant vers la Warzone pour la fin de soirée, je préfère passer loin de la Main Stage pour éviter de gâcher mes souvenirs d’adolescent fan de Linkin Park. J’arrive donc sur la fin d’Every Time I Die. Il me semblait bien avoir entendu, en approchant, un truc du genre « montez tous sur scène ! » (en américain et plus violent). Et en effet, tout le monde était sur scène. Mais genre toute la Warzone, sur la scène, pleine à craquer. A pas pouvoir caser un péon de plus. C’est évidemment le titre final, puisqu’il faut plusieurs minutes pour que chacun redescende tranquillement.

Sans être un fin connaisseur, il aurait été dommage de louper The Dillinger Escape Plan pendant leur tournée d’adieu. C’est une bonne façon de finir le festival en beauté, avec un concert qui finit dans mon top 3 avec Monster Magnet et Slo Burn (…et Ultra Vomit). Puissance vocale impressionnante et intensité jamais atteinte sur ces trois jours, il est pourtant plus d’1h du matin.

On se quitte donc, comme d’habitude, bien calmé, bien vidé, les oreilles un peu en vrac malgré les bouchons, les poches sous les yeux et l’odeur douteuse, en se disant à l’année prochaine.

Merci à Roger à toutes les équipes du Hellfest.

La journée de FooFree

Un peu moins matinal que Boris, je suis arrivé pour Vôdûn. Le résultat était à la hauteur de mes attentes : grosse ambiance pour ce rituel heavy-vaudou ultra-festif.

Le clash The Devil Wears Prada / While She Sleeps s’est résolu simplement : en allant voir un quart d’heure de l’un et un quart d’heure de l’autre. Victoire évidente de WSS et de son chanteur ninja, la Warzone est remplie tandis que le public devant la Mainstage se fait assez clairsemé.

The Vintage Caravan nous a servi un stoner aussi efficace que random, aussitôt vu, aussitôt oublié. Skindred a ensuite fait sauter la Mainstage et on l’espère un peu plus marqué les esprits.

Regarde Les Hommes Tomber aura rendu la Temple quasi-impénétrable, ce qui ne nous a pas empêché d’apprécier leur set dévastateur depuis l’Altar. Les italiens d’Ufomammut ont encore une fois démontré leur toute puissance, me laissant ainsi encore plus impatient d’entendre leur prochain opus « 8 ». Pentagram a bien défendu sa place de pilier du Big Four du Doom tout en prouvant qu’ils se débrouillent aussi bien sans leur Bobby.

Un bref moment de douceur nous a été accordé par le set de Blue Öyster Cult. Ceux-ci ont d’ailleurs eu la gentillesse de jouer « Don’t Fear The Reaper » un peu plus tôt pour nous permettre de nous éclipser en ne ratant que quelques minutes de Prophets of Rage. Tempête de sable et guerre civile, c’était encore plus fou qu’au Download.

Clutch restera toujours une valeur sûre et le train de leur rock bluesy roule sur les rails de notre transe. Je reste quelques minutes à contempler la froide majesté d’Emperor avant de filer vers le joyeux bordel que fut le set d’Every Time I Die, ses chanteurs intérimaires et sa géante stage invasion.

Sans aucune transition, changement radical d’ambiance avec le trip intergalactique que fut le concert d’Hawkwind. Je n’ai pas pu m’empêcher de rester pour les premiers morceaux de Perturbator et c’est à regret que je me suis dirigé vers la Warzone pour le dernier concert du festival. Il s’agira d’ailleurs du dernier concert de The Dillinger Escape Plan pour moi. La claque est tellement forte qu’on ne peut alors que se demander pourquoi ils ont choisi de se séparer.

Même en essayant de résumer un maximum, cette dernière journée est restée bien chargée. Cette année encore le Hellfest nous a offert une programmation riche et pointue, satisfaisant les plus calés comme les plus néophytes. Si on ajoute à cela l’exemplaire gestion de la canicule par une organisation (presque) sans reproche, on peut dire que le Hellfest s’est une nouvelle fois imposé comme une référence éclipsant nombre de ses concurrents.

La journée de Lolu

De mon côté, cette dernière journée du Hellfest sera placée sous le signe de la découverte, prenant enfin le temps d’écouter des groupes dont on m’a tant vanter les mérites !

Je commence ma journée avec Northlane, dont la prestation en décembre de l’année dernière avec The Amity Affliction, m’avait assez impressionnée. Pour le coup, la main stage est peut-être un peu trop grande pour eux, mais les ptits pères ont tout donné et c’est toujours un plaisir de les voir sur scène.

J’enchaîne avec Vôdûn, trio afro-vaudou-psyché-stoner dont la frontman, Chantal Brown, brille sur scène tant par son charisme que par sa tessiture impressionnante. Moi qui adore la soul music, je suis totalement charmée par les vibes qui émanent de cette femme puissante. L’expression « girl power » prend tout son sens avec elle, et ça fait plaisir.

Changement total d’ambiance avec Regarde Les Hommes Tomber, l’un de mes claques du festival. Honnêtement, l’expérience est difficile à décrire tant la prestance du groupe est grande, et je n’étais visiblement pas la seule à être subjugués : la Temple était pleine à craquer.

Je me promène ensuite tout l’après-midi entre les scènes, avec un petit passage éclair pour Il Niño, histoire de rire un peu (spoiler : c’était même pas drôle). Les choses redeviennent sérieuses avec Trapped Under Ice à la Warzone. Leadé par Justice Tripp, par ailleurs frontman des géniaux Angel Du$t, le groupe a su conquérir les irréductibles coreux qui bravaient vaillamment une chaleur écrasante.

Pas le temps de lambiner, je me dirige ensuite vers la Main Stage où Of Mice & Men officieront. Comme d’habitude avec le groupe, très belle prestation propre et carré, ça pue la grosse prod américaine mais ça a le mérite d’être efficace.

Je continue dans ma lancée Main Stage avec Prophets of Rage, l’un des groupes les plus attendus du festival. La foule est massive pour le grand retour de ces mastodons, mais pour être honnête, la sauce ne prend pas avec moi, il manque un élément principal à tout ça : la rage. L’absence de Zack de la Rocha se fait cruellement sentir, tout est mou, sans saveur et je me barre avant la fin du set. Je préfère rester sur ce concert de Bercy en 2008 où il y avait encore un semblant d’âme dans tout ça (même si déjà, à l’époque, on savait que le biff était la motivation principale).

Je me dirige donc tranquillement vers une Valley pleine à ras bord pour voir le set de Clutch : énergique, groovy, c’est ce qui ressort de cette prestation qui a visiblement ravi les fans, mais j’ai du mal à entrer dans le truc je l’avoue. Je me prépare donc tranquillement à aller vers la Warzone pour l’un des concerts que j’attendais le plus : Every Time I Die. Même si le chanteur a dû rentrer d’urgence aux US pour souci familial, le groupe a tout de même décidé d’assurer sa prestation avec l’aide d’amis. Se sont ainsi succéder sur scène les chanteurs de Trap Them, The Devil Wears Prada, While She Sleeps et SHVPES. Le show était dantesque, anthologique malgré les circonstances, et s’est terminé par une stage invasion absolument dingue. Les mecs déchirent le game, c’est tout.

Après cette bonne claque, je rejoins mes amis vers la Main Stage pour voir Linkin Park. Je garde un excellent souvenir de leurs prestations au Download Festival 2014 ainsi que la tournée The Hunting Party qui était franchement excellente. Cela étant, vu le nouvel album et les échos de leur show au Download parisien, j’avais très peur… et je ne me suis pas trompée. Un désastre, une mascarade, autant pour le public que pour le groupe dont on avait largement parlé dans nos news. Assez triste que cela ait été ma dernière pour ce groupe qui mérite un peu plus de considération et de respect à mon goût.

Je termine alors ce festival avec LE groupe que j’attendais, et que tous les coreux attendaient en fait : The Dillinger Escape Plan. Que dire ? C’était une claque autant visuelle qu’auditive, une tornade mentale qui me donnait envie d’hurler « mais pourquoi vous arrêtez ?! POURQUOI ?! ». Un grand groupe comme on en fait plus et qui clôturait en beauté cette édition assez hors norme du Hellfest. J’ai d’ailleurs tendu l’autre joue le lendemain pour leur dernière date parisienne. Autre ambiance, autre setlist, mais show tout aussi incroyable. J’en aurais bien chialé si je n’avais pas été aussi épuisée.