interview ☭ lofofora

Le 6 Décembre dernier fût enfin LA date où j’aurais pu voir Lofofora sur la tournée « L’Épreuve Du Contraire ». Un pote embringué et nous voici au Métaphone de Oignies tout juste à l’heure dite. Le temps de donner le jouet pour rentrer, le concert étant organisé dans le cadre du 7ème festival « Le Père-Noël Rock », un gentil sourire aux orgas pour régler le problème de non-réseau qui fait que l’on arrive pas à joindre Denis le régisseur du groupe et nous voici transporté dans la loge des Lofo où Reuno (chant) et Daniel (guitare) se préparent tranquillou. Reuno, plus ou moins porte parole officiel du groupe, se charge de l’épreuve de l’interview qui se veut détendue comme à la maison.

Merci de nous accueillir et bonsoir, alors déjà j’aimerais avoir de vieilles nouvelles de Lofofora.

Reuno : « De vieilles nouvelles » [le doigt levé en l’air], déjà on commence bien. [rires]

Alors on commence bien mais je voulais revenir loin derrière sur l’arrivée de Vincent (batterie) dans le groupe, savoir comment ça s’était passé. [arrive Vincent qui tente de s’éclipser] D’ailleurs quand on parle de lui, il s’en va. [il se cache le visage derrière les 2 canettes qu’il a en main]

Reuno : [s’adressant à lui] ben je sais pas, ça remonte à combien d’années ? 7 ans au moins un truc comme ça quoi.

Vincent : Moi j’ai l’impression de t’avoir toujours connu

Reuno : Ben oui, moi aussi, j’ai l’impression de t’avoir fait même… ben ça s’est fait un peu de manière inattendue, tu me renvoies loin là du coup

Ben ouais, je t’avais prévenu

Reuno : Et puis, ça s’est fait super naturellement, [Daniel quitte à son tour la pièce] et puis voilà, ça tombe bien Daniel vient de partir, j’ai l’habitude de dire que, franchement, Daniel c’est l’un des meilleurs trucs qui soit arrivé à Lofo et ben dans la foulée, y a eu Vincent quoi. Parce que voilà, c’est un mec qui joue plus collectif que les autres batteurs qu’on a pu avoir avant. Il joue vraiment la musique avec toi et ça, ça se ressent à tout point de vue. Même humainement, je pense qu’on a jamais été aussi au top… on a passé de bons moments avec les anciens membres de Lofo hein, je vais pas cracher sur tout ça, quand même pas; mais bon voilà c’est mieux avec Vincent quand même. C’est quelqu’un qu’on ressent bien, c’est quelqu’un qui a pas d’arrière pensées et avec qui on se marre bien.

C’est un mec du Nord forcément.

Reuno : Ouais, il est un peu pénible quand même des fois, un peu lourdeau des fois mais bon, c’est le prix à payer et on le paie, ça va.

Et comment s’est faite la connexion alors, parce que lui était batteur dans Zoé, c’est ça ?

Reuno : Oui et puis moi je chante dans un autre groupe qui s’appelle Mudweiser et puis en fait, on a joué ensemble et au moment où j’ai joué avec lui, enfin avec son groupe, en le voyant sur scène, je me suis dit : tiens ça, c’est le genre de batteur qui serait pas ridicule avec nous. Et je crois que le jour même ou quelques jours après ou avant, on recevait un SMS de notre ancien batteur qui nous laissait sous entendre qu’il avait un truc important à nous dire et comme on sentait le vent venir depuis un petit moment, voilà quoi… c’était pas anodin non plus ma réflexion en le voyant jouer. Et en plus ce qui est drôle, c’est Schnaps, qui était manager de Zoé et qui est un copain, que j’ai appelé pour dire : tiens, est-ce que Vincent serait libre pour jouer avec nous ? Et ça je l’ai su y a pas longtemps par Vincent mais il a appelé Vincent, il lui a dit : écoute y a les Lofo, ils veulent que tu joues avec eux et l’autre il fait : ah, t’es con, tu fais chier, et il lui a raccroché au nez. [rires]

Et donc là sur le dernier album, vous avez enregistré ça avec Serge Moratel ?

Reuno : Oui, oui avec qui on a fait le précédent. C’est un mec avec qui on s’entend hyper bien, qui bosse comme s’il était le membre supplémentaire… mais ça a collé tout de suite avec lui. Y a vraiment quelque chose, humainement aussi, parce que c’est quand même hyper important dans ce qu’on fait c’est ce facteur là… je veux dire,

« le but avant de briller ou bien tu vois, de devenir riche et célèbre, c’est de faire kiffer les gens. »

Et du coup, les gens voient bien que quand tu prends du plaisir toi à faire ta musique, à faire ton groupe, à faire ton disque, c’est là qu’il y a un truc qui passe, qui peut se ressentir et qui rend la chose intéressante et un peu généreuse parce que

« la musique c’est avant tout un truc de partage, je pense. »

Donc avec Serge, c’est très facile et puis c’est hyper efficace quoi. C’est même à lui… donc on a fait nos 2 derniers albums ensemble et le tout nouveau, enfin l’album live, qu’on a sorti y a 2-3 mois [Septembre 2015], il a été mixé par Serge aussi donc ça fait 3 disques de Lofo sur lesquels il travaille. Mais pour le live, on lui a tout donné, on lui a dit : démerde toi avec ça, et il l’a fait tout seul dans son coin et on a écouté, on a fait : whaaa, t’es vraiment un salop [rires]

On s’est dit : p*tain, on est violent comme ça quand on joue ? Il sait mettre ça en avant, tu vois, l’énergie qu’on met dans notre musique, il sait vraiment mettre ça en avant tout en gardant une musicalité. C’est pas forcément le mix bourrin pour être bourrin, avec du volume, non, ses mixes respirent, et puis nous on essaie de faire de la musique quand même assez patate mais qui respire aussi donc on s’est bien trouvé.

Oui, c’est vrai que ça marche bien, moi je connaissais juste Houston Swing Engine, et ça envoyait pas mal

Reuno : Et tu vois, on a des références en commun puisque c’est vraiment un disque pour lequel je me suis dit, je fais pas ça pour tous les disques, de me dire mais qui c’est qui a fait ça ? [mime de retourner un CD] Ça sonne terrible. Parce que je trouvais qu’il y avait ce son fat comme avec Kyuss à l’époque, tu vois dans les groupes de stoner, mais en plus avec une espèce d’énergie; alors que t’avais l’impression que pour la plus part des ingés son, fallait choisir entre un côté gras, généreux, un peu ample comme ça et un truc qui frappe dur; et lui il savait faire les deux d’une manière assez organique, et comme nous on aime bien avoir ce son un peu chaud, on a jamais eu de grosse caisse triggée, Daniel il a pas un son 100% métal à la guitare non plus, donc voilà.

Et du coup, pour l’avenir, vous y pensez déjà un peu ?

Reuno : Ben on se disait encore l’autre fois franchement, pour te mettre dans les confidences, on se disait : avec qui tu veux qu’on bosse maintenant ? On verra bien mais y a des histoires comme ça entre des groupes et des producteurs qui ont fait 10 albums ensemble, ça existe aussi. Donc on verra bien quoi, si Rick Rubin n’est pas libre [sourire], peut-être qu’on retournera avec Serge Moratel.

J’aimerais bien en savoir plus sur votre manière de composer, toi je suppose que t’arrives avec des idées

Reuno : Ouais des petits bouts mais vraiment des bribes, ça se fait sur le tas. Comme on habite pas tous dans le même coin, quand on se voit c’est pour répéter tous les jours pendant une semaine, 10 jours, 2 semaines où voilà on répète, allez, 6 à 8 heures par jour. Et puis dans ces cas là, ben Daniel arrive généralement avec des riffs qu’il a bossé tout seul chez lui mais des trucs pas aboutis du tout et puis chacun sort ce qu’il a dans sa timbale et puis après on essaie de faire une tambouille avec tout ça. Bon des fois, y a des idées qui sortent qui plaisent pas forcément aux autres et puis du coup, au bout d’un moment on laisse tomber. Y a toujours un peu de déchets comme ça mais généralement toutes les chansons qu’on mène jusqu’au bout sont sur les disques ce qui fait que quand les gens nous demandent un inédit, on en a pas. Y a pas d’inédit de Lofofora, on a tout donné pour l’instant ou sinon ce sont des trucs qui ont pas été jusqu’au bout quoi.

Et donc quand tu arrives avec tes idées, que tu poses un thème sur un titre, je suppose que ça influence les autres aussi.

Reuno : Avec des gars comme Daniel à la guitare et comme Vincent à la batterie, c’est des gens qui sont hyper réceptifs à ça. Je veux dire, tout à l’heure, je disais du bien de Vincent en disant qu’il joue collectif mais quand il joue, il se chante les chanson en même temps quoi. Donc c’est quelque chose qui va l’influencer et moi je le sens même dans le jeu : quand je vais dire que ça parle d’amour ou que ça parle de mecs qui se foutent sur la gueule, ils vont pas le jouer pareil.

Forcément

Reuno : Même si ça reste le même instru derrière.

[Benj] Du coup, moi je voulais juste savoir d’où est-ce que te vient ton inspiration ?

Reuno : Ben de partout, de la musique de mes copains. En fait, moi j’écoute la musique et c’est un peu comme si j’imagine un aveugle qui regarde un film, il imagine les images quoi et je fais un petit peu pareil voilà. Si j’ai un langage imagé, c’est que vraiment ma façon d’écrire elle est presque visuelle, je sais pas si on peut dire ça comme ça. Mais il faut que je voie des images sur la musique et c’est ça que je raconte d’une manière évidemment pas, genre : y a un cheval qui traverse le brouillard comme un mec qui raconterait ses rêves.

Et puis des fois ça va partir sur un son ou une façon que j’ai envie de poser, j’entends ma voix posée sur l’instru même si j’ai pas encore forcément l’idée, mais j’ai déjà une rythmique ou 2-3 notes comme ça, un petit placement vocal qui me vient en tête. Et puis quand, au bout de 2 ou 3 fois ou 2-3 jours qu’on joue le truc, que je voie que c’est tout le temps ce placement rythmique qui me revient en tête, je me dis : bon ben je vais écrire comme ça. Et puis des fois y a un son d’une phrase qui va me venir, voilà je sais que y a des moments je me dis : tiens là, il faut que je commence par une syllabe percutante et puis à d’autres moments, y a des sons que t’as envie d’amener plus [mouvement des mains vers le haut : crescendo]. Donc mon écriture, elle peut être aussi orientée par le son de mots. Parce que je veux que ça sonne quand même, enfin j’essaie quoi. Moi j’ai tellement entendu à nos débuts et puis pendant longtemps et puis encore aujourd’hui, des gens qui disent : nan mais le français ça sonne pas… bon OK mais je trouve que dans le rap, y a pas mal de mecs qui y arrivent bien ou qui y arrivent bien depuis bien longtemps d’ailleurs.

« Et puis même dans la chanson d’ailleurs, si Nougaro ça groovait pas, je sais pas qui groove. Par exemple. Donc après, il faut se sortir un peu les doigts. »

Et puis oser, faut oser en écrivant. Je veux dire, y a pas longtemps, j’ai fait un atelier d’écriture, c’était hyper intéressant. J’ai sorti un instrumental punk de 1 minute 30 à 8 personnes et en fait, on avait chacun 2 heures, je me suis livré à l’exercice aussi, pour écrire une chanson là-dessus et après chacun a chanté sa chanson sur le même instrumental donc c’est drôle parce que ça faisait 8 chansons différentes, 8 placements différents sur la même musique.

[Benj] Y avait des choses qui se rejoignaient quand même ?

Reuno : Pas vraiment non mais ça a révélé chacun en tout cas, parce que là t’es immédiat, tu peux pas… t’as pas le temps de te polir le chinois. T’as 2 heures pour faire quelque chose d’un peu qualitatif, je sais pas si c’est le bon mot, mais il faut que t’ailles chercher au plus profond de toi direct, t’as pas une plombe pour revenir sur tes trucs. Si t’as envie que ce soit un peu intense, il faut cracher le truc comme ça. Et ça a révélé à mes yeux 2-3 personnes qui ont eu tout de suite une idée forte et même s’il y avait encore du travail pour en faire une vraie chanson, y avait quand même l’essentiel du truc qui était là. Donc c’est intéressant. Mais des fois c’est dans l’urgence qu’on peut faire…moi j’aime travailler dans l’urgence aussi.Y a plein de fois où les albums de Lofo… y a même des albums où je suis arrivé en studio j’avais écrit à peine plus de la moitié des textes.

« Et j’aime bien cet inconfort en fait. Je pense que le rock, c’est pas une musique qui doit être confortable. »

Je pense que quand tu bouffes trop bien, enfin je veux dire quand t’as un niveau de vie trop élevé à faire du rock, je pense ça doit être difficile de continuer à en faire. C’est bien qu’on galère encore après toutes ces années.

C’est ce que je trouve beau chez Lofo, c’est que vous avez toujours refusé d’écouter les « sirènes »

Reuno : Ben je sais pas, nous on se voit plus comme des artisans que comme des stars d’Hollywood [sourire] Tu sais mon grand-père il était boulanger… mon père, il a rencontré ma mère avec une camionnette pour aller livrer le pain dans les villages. Donc voilà, moi je fais pareil c’est tout. Je suis un petit-fils de boulanger. [rires]

Et donc voilà, je me demandais d’où te vient ton envie de t’affirmer comme ça

Reuno : Et puis j’avais une grand-mère patronne de bistrot aussi, ça, ça aide beaucoup.

« J’ai compris très très tôt que c’était un p*tain de pouvoir d’avoir la formule, le mot au bon moment »

que des fois, tu résous des situations, peut-être à coup de seau d’eau froide mais des fois, ça t’évite de perdre du temps. Un peu c’est fatiguant pour mes proches des fois.

[Benj] Oui mais c’est reposant pour ceux que tu guides sur le fond [??WHAT??]

Reuno : J’endosse pas la responsabilité sur ce genre de considérations. Moi j’ai pas l’impression d’être un guide de quoique ce soit.

[Benj] Je pense que la force de tes paroles justement amène à des réflexions…

Ça oui d’accord, je veux bien. Mais moi je pose des questions, je dis pas : faut faire comme ci, faut faire comme ça. Un guide, c’est plutôt celui qui dit : c’est ce chemin là qu’il faut prendre. Moi je dis juste : t’es sûr que c’est ce chemin que t’as envie de prendre ?! [rires] Tu vois je serais plus dans ce registre, là, donc c’est pas sûr qu’on arrive au refuge avec moi tu vois quoi [rires]

[Benj] Mais au moins, on se sera marré

Reuno : Ouais, voilà c’est ça exactement !

Et donc tout à l’heure je voulais parler aussi du bon accueil de l’album,

Reuno : Ben ouais ça fait plaisir.

D’ailleurs je suis pas allé revérifier mais vous avez eu un encart dans un magazine improbable genre Télé-Loisirs ?

Reuno : Non mais mais c’était même Voici ou un truc comme ça. Parce que y a un mec, c’est un journaliste de rock et aussi de métal, et t’imagines bien que le gars qui fait juste la chronique de 3 albums dans Voici ou Gala ou je sais pas quoi, le mec il a un autre boulot à côté, c’est pas ça qui va le faire bouffer. Donc il fait ça mais il bosse dans pleins d’autres trucs à côté mais il a réussi à nous caser dedans. Ah bah, ça c’est culte.

Et donc vous alors ?

Reuno : Non, on connait toujours pas Drucker [rires]

Donc content de cet accueil là, comparé peut-être au précédent ?

Reuno : Ben je sais pas, nous on les aime tous nos disques, après les gens ils en font ce qu’ils veulent. Nous des fois, y a des albums, les gens ont pas aimé mais ,nous, on en est hyper content donc à partir de là, le truc est réussi.

« Après si les gens aiment pas, ça fait parti du risque qu’il faut continuer à prendre sinon on se ferait vraiment chier quoi. »

Sinon, on ferait du marketing ou de la publicité, c’est un autre boulot.

C’est un autre gros truc que j’admire chez Lofo, c’est que vous faîtes vraiment ce qu’il vous plaît, vous.

Reuno : Ben oui au moment où on le fait, comme je te disais tout à l’heure, parce qu’on estime, c’est ce que les gens aiment le plus chez un groupe comme nous, c’est que ça se voit qu’on aime ce qu’on fait.

Et donc aussi, vous avez bien tourné

Bien, bien

Enfin, vous tournez toujours très bien [arrivée de Phil (basse), salutations]. Donc vous êtes parti à la Réunion, au Québec, vous avez ouvert au Hellfest. Vous avez quelques bons souvenirs de cette tournée ?

Reuno : Ah oui oui oui, ça va. La Réunion, c’était bien cool. C’était plaisant parce qu’on y était allé y a 10 ans et puis là on s’est rendu compte 10 ans plus tard que la scène métal (parce qu’on nous a casé là dedans) s’est ouverte; enfin, c’est toujours une musique qui est perçue comme marginale là-bas, mais par exemple, y a de plus en plus de jeunes créoles qui font des groupes de métal. D’ailleurs majoritairement, on a joué sur un petit festival de 6 groupes et la plupart c’était des créoles, donc ça fait hyper plaisir de voir que, même s’il y a encore des communautés assez marquées à la Réunion, d’après ce que j’en ai vu, ben de voir qu’une musique qui est considérée comme marginale arrive à provoquer tout de suite une espèce de métissage qui est évident, qui existe même pas puisque t’y fais pas attention en fait.

[Benj] Donc y aura des influences créoles peut-être sur le prochain album ?

Reuno : Non quand même pas, non, non parce que la musique qu’on a entendu là-bas, y avait pas d’influences créoles dans le métal qu’on a entendu là-bas, non, non. Des fois quelques mots, quelques phrases, quelques textes qui peuvent être en créole.

[interruption par un des orgas pour un point technique]

Et donc sur la tournée, une petite anecdote ?

Reuno : Je sais pas moi, Philus une anecdote ? T’es bon en anecdote toi.

Phil : Ah ouais, tiens j’avais oublié d’en parler la dernière fois, tu sais le pote qu’on avait vu à Grenoble ? Y avait Pierre Borghi qui a écrit « 131 Nuits Otage Des Talibans », qui a été donc otage des Talibans et qui s’est cassé. Il est venu nous offrir son bouquin pour nous expliquer un peu ce qui lui était arrivé, tout ça, parce qu’il a vécu l’enfer pendant 131 nuits, dans un cachot, enfin dans un trou sous terre qui faisait 2 mètres. Les choses qui l’ont fait tenir, ce sont toutes les choses qu’il avait vécu avant et ça lui a rappelé aussi tous les bons souvenirs qu’il avait dans les concerts de rock, et donc les concerts de Lofofora. Donc il avait des chansons comme ça qui lui revenaient et des trucs qui l’aidaient à tenir, à pas se flinguer, parce que quand tu lis son bouquin… et ben le mec, il revient de loin quoi ! Et donc le gars, ça faisait pas très longtemps qu’il avait fini d’écrire son bouquin, qu’il était édité… donc moi j’ai lu le bouquin et ça m’a touché.  Parce que c’est un mec comme nous quoi sauf qu’il est journaliste. Il est parti en Afghanistan pour écrire, c’est un mec qui a voyagé pas mal dans tous les pays où il y a des conflits.

Reuno : Et il s’est évadé à la fin ?

Phil : Oui, oui, en fait un soir il s’est fait enlever par des Talibans avec un truc sur la tête dans un coffre et il s’est retrouvé dans les montagnes et il fait le récit jour après jour de ce qu’il lui est arrivé.

Reuno : P*tain et dire que lui il voulait une anecdote avec des putes dans un jacuzzi, un truc comme ça [rires]

Bon allez du coup, on continue on va faire vite parce que j’entends la balance qui commence donc dans 20 minutes on est sur scène.

Oh ben écoute c’est déjà cool, tu nous fous dehors quand tu veux. Pour finir alors, sur le live, je voulais en savoir plus sur le choix des chansons et dans l’intérieur d’une tournée est-ce que vous faites tourner votre setlist ?

Reuno : Quand on sort un album, on essaie de jouer tous les morceaux de l’album, des fois on a même sorti l’album et commencé la tournée un petit peu avant où on jouait tout l’album avant qu’il soit sorti. On faisait l’album en intégralité et puis après on faisait un rappel avec une demi heure, trois quart d’heure de vieux morceaux. Et là, bah on a pas fait ça ce coup-ci, on a préféré faire une setlist évidemment orientée… mais on les a quand même tous testé sur les 15 jours-3 semaines de début de tournée, on avait dû tester tous les morceaux de l’album en changeant un peu tous les jours. Et puis se rendre compte qu’il y a des morceaux qui fonctionnent, d’autres que les gens aiment beaucoup mais qui fonctionnent pas forcément en live. Et du coup, on oriente toujours plus autour du dernier album parce que c’est ce qu’on a envie de montrer, c’est ce qui est tout frais, c’est ce qu’on a envie de partager, plus que de vieilleries.

« Ça me ferait vraiment chier, sous prétexte qu’on est un vieux groupe, de devoir faire une setlist de best-of. »

Et puis, pour moi je le vivrais comme un manque de respect envers le public en fait…enfin voilà, pour en revenir encore au plaisir qu’on a de faire ce qu’on fait. Et puis après pour le live, tu vois y a 18 morceaux sur le live, on doit en jouer 25, on a pu capter que 2 concerts. Parce que l’idée du live c’était : bon, on fait un live, oui mais là y a plus beaucoup de dates, oui mais là y a ces 2 là, bon OK, on essaie de les enregistrer, pouf, 15 jours après, bon ben on va les enregistrer. Et pis tu fais le truc, en plus c’était pas dans une période où on enchainait beaucoup beaucoup les concerts alors du coup y avait pas mal de pains et des versions… enfin tu vois on est pas ce genre de groupes qui allons faire des re-re en studio, parce que y a beaucoup de gens qui font ça quand même. Dans les gros live, les trucs « américains » tout ça, y a rien qui sort qui a pas été retouché en studio. Les mecs, ils vont refaire des guitares, des voix éventuellement, et, pour nous, c’est hors de question. Donc, y a des morceaux, on a préféré les mettre à la trappe. Et puis, il s’est trouvé que c’est beaucoup de… y a 8 morceaux je crois qui sont du dernier album sur 17 titres. On m’a fait remarquer ça mais bon voilà, on a fait ce qu’on a pu.

Moi ça m’a pas dérangé ! Et sinon vous avez tourné un DVD, vous avez filmé un live

Reuno : On a filmé un live qui sortira un de ces jours. Putain, il est renseigné le gars

Qu’est-ce tu crois ?

Reuno : Ouais, on a filmé un concert au Val d’Ajol où c’est l’endroit le plus…

Ben ouais, je voudrais y aller là, vous les avez proclamé champions du monde de pogo, forcément faut que j’aille voir ça

Reuno : C’est les champions du monde de tout, c’est convivial. Même si tu connais personne là-bas, tu peux y aller tout seul, au bout de 10 minutes y a un mec qui va te payer une bière et tu vas passer une putain de soirée et tu vas finir je sais pas où mais tu vas finir bien. Et les gens sont exceptionnels là-bas, moi c’est des gens que je considère comme ma famille avec le temps, c’est une grande histoire d’amour Lofofora et Chez Narcisse. L’année prochaine nous on part, là on est dans les dernières dates, là y aura peut-être 10 dates de Lofo l’année prochaine [2016] mais pas beaucoup plus, et sinon on va refaire le Bal Des Enragés qui repart, et pour l’anecdote on va faire une captation live aussi là-bas, Chez Narcisse, pour faire un album live direct dès le 1er weekend et on y jouera aussi au mois d’octobre dans un peu moins d’un an parce que ça sera le 120ème anniversaire de ce lieu. C’est la 5ème génération qui s’occupe de ce lieu-là et voilà, Léonie, Victor et Arthur c’est nos protégés, c’est comme nos petits neveux et puis voilà on est avec eux à fond.

Et ben vivement qu’on voit tout ça !

Reuno ! Voilà [levant sa bière] vive le rock ! [rires]

En off, on a eu droit même à un dernier scoop confidence : Reuno fait partie d’un autre groupe formé avec d’autres types connus de la scène « énervée » et le résultat serait pas exactement ce à quoi on pourrait s’attendre avec ce line-up encore mystère…