PLAYFIST ☭ Omar Rodriguez-Lopez

Pour accompagner une playfist résumant la carrière d’un musicien insatiable comme Omar Rodriguez-Lopez, une mise en contexte était indispensable. Remise en jambes pour certains, formalité ou insulte pour d’autres, voilà quelques lignes pour vous permettre d’apprécier une folie et une imagination sans bornes.

 A 20 ans, rien n’est impossible
Tout commence par At the Drive-In à El Paso. Débutait avec son double, son frère musical Cedric Bixler-Cavala. Dès leurs 19 ans, les 5 furieux font régner punk et fusion dans le style des contemporains américains RATM, la verve politique en moins. En 4 ans, le groupe passe d’un album auto-produit pour 600$ à un troisième nettement plus ambitieux. Anecdote insolite : Omar tient la basse jusqu’au premier album, où il trouve enfin sa place de gratteux après 3 EPs. Le mythique producteur Ross Robinson (derrière les plus gros disques de Korn et de Slipknot) les aide à façonner leur diamant noir : Relationship of Command. A l’heure où MTV sert encore à quelque chose pour nos oreilles, ATDI connaît la heavy rotation avant d’exploser en plein vol pour causes de fatigue et divergences musicales. Reste des perles toujours là 20 vingt ans plus tard, en témoigne une tournée de reformation vue cette année en Europe. Vous connaissez Omar et Cédric par leurs autres groupes ?  Ecoutez les 5 titres issus de « Relationship… »  et revenez nous voir. Sachez qu’un nouvel album est prévu.
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Sur une autre planète
The Mars Volta. 3 mots synonymes d’ambition démesurée, de psychédélisme enragé et de rallonges assurés. ATDI se sépare en deux entités : Sparta d’une part, TMV de l’autre. Omar et Cédric recrutent des musiciens doués, érudits et volontairement too much. A deux doigts de la sortie de route permanente et en roue libre, TMV débute avec De-Loused in the Comatorium. Produit par Rick Rubin, cet album devient un hommage à un ami décédé d’un suicide, suite à une overdose. Un disque rempli de moments de bravoure délirants et dont les paroles imaginent le parcours de leur défunt compagnon de route après la mort. Leur autre disque culte, le préféré des cramés, Frances The Mute, nécessite une patience d’ange pour en apprécier les meilleurs instants parfois noyés dans de longs moments d’absence. Chez les Mars, la voltige musicale n’a peu de limites. Jon Theodore, vu plus tard chez QOTSA pour Like Clockwork, éclate à la batterie avec un jeu démultiplié absolument incroyable demandant bien des écoutes pour déchiffrer ce qu’il fait. Comme leur groupe phare précédent, le duo maléfique met fin à son groupe sans prévenir après 6 albums tous aussi tarés les uns que les autres pour très peu de déchets.
Amputechture va très loin dans les morceaux à tiroirs et les ambiances latines, avec l’apport de John Frusciante présent sur quasiment tous les morceaux. Bedlam In Goliath et son nouveau batteur Thomas Prodgen (actuellement chez Giraffe Tongue Orchestra) est celui qui s’approche le plus de l’excellence du premier album. Composé suite à une session de Ouija, il permet au groupe de grimper en notoriété et joue la carte du toujours plus vite et plus fort. Récompensé même par un Grammy Award, c’est les TMV à leur apogée. Octahedron tournera un peu en rond, suite à ce sans-fautes et Omar décidera de simplifier la formule en virant saxophoniste et bidouilleur sonore et finit par déclarer : « No more Zeppelin voyages » . L’hyper productivité d’Omar face à la relative lenteur de Cedric aurait eu raison du projet. Dans les faits, TMV est allé quasiment au bout de sa proposition en sortant même un album « acoustique », Noctourniquet. Si une résurrection a encore été envisagé cette année, on ne sait pas quelle forme elle pourra endosser.
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Retour aux sourds
Un jour de 2014 la brouille prend fin. Cédric et Omar annonce un nouveau groupe, un EP, une pochette et une tournée. Pas de morceaux à tiroirs, un retour à l’immédiat et aux formats courts. Antemasque n’est pas At The Drive-In mais on y retrouve les cris de Cédric, la gratte triturée de son acolyte au visage encore adolescent et surtout une furie caractéristique à leur alliance. Si encore aujourd’hui nous attendons leur deuxième disque prêt depuis 1 an avec Travis Barker à la batterie, Antemasque n’a pas à rougir face à son passé et au vu de son héritage c’est déjà une énorme perf.
De Facto, Bosnian Rainbows, Omar Rodriguez-Lopez Band, Le Butcherettes, Juliette & The Licks ou ses projets solos : évoquer l’ensemble des projets de l’homme au béret est impossible. Nous vous laissons donc avec cette playfist de près de deux heures et demies de plaisir.

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