QOTSA ✖︎ In Times New Roman…

Six longues années. Nous sommes maintenant coutumiers d’une attente conséquente pour retrouver Josh Homme et ses compères au sein de Queens of The Stone Age. La pandémie, un divorce et d’autres histoires personnelles compliquées les ont éloignés de l’actu musicale. Le temps pour tous les membres de s’occuper via des projets solos ou des piges dans d’autres groupes. Fin du suspense, In Times New Roman… rompt ce silence de la plus belle des manières.

Villains avait fait une bonne impression au moment de sa sortie pour mieux s’éventer avec le temps. La faute à la production de Mark Ronson qui délaissait la puissance et les percussions au profit du caractère catchy des compos. Ce qui fonctionne le temps d’un single, moins le long d’un album. In Times New Roman… s’est ouvert par ‘Emotion Sickness’, rollercoaster nous baladant entre falsettos caractéristiques que seul Josh maîtrise, riffs et batterie percutantes et même de la place pour du rock à l’ancienne. Autant d’arguments qui prennent le contre-sens de l’album précédent et qui annonçait un retour aux affaires ambitieux et jubilatoire.

 

Et quelle immense joie de découvrir que le disque entier embrasse cette voie. Ce single positionné inhabituellement en fin de parcours dans la tracklist prend idéalement sa place et n’était pas qu’un faux semblant. Le groupe semble vraiment avoir voulu s’amuser et on ne compte plus les nouveautés au programme au long de l’album. De par sa production laissant la place à tout le monde, déployant une palette sonore pour la voix, les cordes et la batterie. Il suffit de lire les titres des morceaux pour comprendre que Josh Homme a vidé son stock de jeux de mots et son interprétation comme ses riffs sont à la hauteur de l’attente. Vrai maître de cérémonie, il assure l’ambiance et le tempo avec toute la sensualité et le bagout qu’on lui connaît. Avec une belle dose de luxure qui parcourt l’album, comme sur les paroles de la sexy ‘Sicily’…

Difficile dans un autre registre de ne pas y voir des allusions à sa situation personnelle dans ‘Paper Machete’ et ‘Negative Space’ où il évoque trahison, perte de confiance et descente aux enfers. Un contexte connu par un divorce médiatisé, le décès d’amis très proches, auquel vient s’ajouter cette semaine la révélation d’un cancer diagnostiqué pour lequel le chanteur a dû se faire opérer. Une information qui donne encore une dose de lecture supplémentaire aux paroles…

La dramaturgie d’un Like Clockwork… et la course aux tubes plus groovy de Villains semble avoir été fusionnées pour s’ajouter à la « simple » envie d’écrire de bonnes chansons, le plaisir de se retrouver et la musique comme thérapie à une situation plus que compliquée. C’est aussi le premier disque depuis l’arrivée de Jon Theodore où l’on ressent sa présence et vu le niveau du batteur, il était temps ! Au registre des jouissances, le son des guitares a été retrouvé pour notre plus grand bonheur.

L’incroyable ‘Carnavoyeur’, l’interprétation du dernier couplet de ‘Straight Jacket Fitting’ qui semble s’inspirer du même dernier couplet rageur de Post Pop Depression par Iggy Pop , la folie que représente ‘Made To Parade’ et globalement l’ambiance très cowboy à la limite du Eagles of Death Metal, que l’on retrouve à plusieurs reprises font partie des bonnes surprises. C’est un disque qui crie à la légèreté sans prendre les choses par dessus la jambe. Sans avoir l’allure d’un best-of, ni d’une redite, il convoque également des souvenirs comme le côté déglingué d’Era Vulgaris ou l’immédiateté d’un Lullabies to Paralyze.

On a aussi le luxe d’un album sans temps faible, ni trou d’air. Pas un titre ne vient gâcher cette impression de confiance et la maestria générale de ce huitième disque. Une œuvre produite par le groupe lui-même bien aidé par un habitué de la maison, Mark Rankin, au mix qui permet à In Times New Roman… d’être le synonyme du grand retour dont ils avaient bien besoin. Et cela tombe bien, nous aussi.

Les Queens of The Stone Age seront aux Nuits de Fourvière le 4 juillet, au festival Pause Guitare le 5 et à Paris le 7 novembre à l’Accor Arena.

NOTE FINALE
C’est quand ce genre de disque sort que l’on ressent la différence entre les groupes d’envergure et le reste de la scène. Les Queens nous reviennent avec ce qu’il faut de nouveauté pour nous rappeler à quel point on les aimait et à quel point ils nous manquaient. Un vrai défouloir.
Un son, à la hauteur des compositions.
Des morceaux de bravoure pour chaque membre du groupe.
Josh Homme, toujours et encore. Encore et toujours.
Un début d’album, en dessous de la suite.
4.5