Viagra Boys ✖︎ viagr aboys

Lopocomar
5 min. de lecture
8 On repeat
Note finale

Déjà 4 ans que les Viagra Boys nous avaient emmené en voyage dans leur Cave World, hymne délicieux et rigolard sur une paradoxale société à l’évolution régressive. Maintenant bien en places sur la carte mondiale du rock grâce à leurs albums copieux et variés et bien plus malins qu’ils ne peuvent paraître, les Suédois continuent de grandir avec un disque presque éponyme à l’efficacité redoutable et imparable. 

Il suffit de voir une fois les Viagra Boys en concert pour comprendre que la subtilité est au menu que nous concoctent à chaque fois ces drôles de bougres. Ceux qui pensent venir pour une dose de rock bien gras repartent avec un sens de la mise en scène et des respirations, de la danse et bien sûr un saxophoniste en caleçon moulant. Un résumé de leurs derniers aventures à l’Elysée Montmartre en mai 2022 revenait en longueurs sur ce qui peut les amener aujourd’hui à remplir le Zénith.

S’il y a bien une chose que ce groupe n’a pas oublié d’être, c’est FUN. Est-il possible de rester hermétique au trio de tubes qui ouvre ce disque ? Orage de blagues, mélodies entraînantes, refrains contagieux, l’auditeur ne peut que céder et secouer la tête en rythme dans ce qui pourrait bien être leurs meilleurs titres jamais enregistrés. Ou au moins, les plus efficaces à l’heure où on écrit ses lignes. Parmi tant d’autres, Uno II est un calvaire : le titre dont l’air nous revient tout le temps en tête et nous suit partout. Au point où la dernière fois où on a regardé sous notre lit, on a retrouvé son refrain. Dans le même genre pot de colle, You n33d me et Store Policy sont aussi de beaux exemples de morceaux entêtants où tout le groupe y va à fond : le saxo crisse, le chant est intenable, les claviers dégoulinent et les cymbales sont fracassées. Mieux : les grandes diatribes au chant ne sont plus au détriment des chansons comme ça pouvait être le cas dans les albums précédents.

Les VB condensent d’une certaine manière une cinquantaine d’années de musique à guitares en naviguant selon les titres et les ambiances avec Beck, Gorillaz, les Stooges, The Hives ou encore Queens of The Stone Age dont ils ont ouvert les concerts américains en septembre dernier. Citer ces références n’est pas seulement un exercice d’identification mais plus une manière de saluer la diversité de leur répertoire et leur capacité à garder leur patte quoiqu’il arrive. Bien sûr, Sebastian Murphy et ses potes se laissent toujours la place pour quelques balades et là encore, viagr aboys ne rate pas le coche et signe avec Medecines for Horses un exercice d’équilibriste désabusé les amenant à jouer dans la cour de The Suburbs d’Arcade Fire avec… réussite !

Si en 2018, on nous avait dit que ce groupe ferait partie des artistes les plus intéressants dans les années à venir : on n’aurait pas été surpris. De les voir grossir sans se travestir, sans réduire le niveau de saturation tout en étant de plus en plus séduisant, le tout sans trop se répéter : l’exploit était plus difficile à prédire. Ce quatrième album sonne comme celui de la confirmation : d’une popularité, d’un statut, et aussi d’une faculté à vulgariser l’usine à hits qu’est devenu cette équipe de cinglés en seulement six petites années. Dans le passé, tout comme la pilule qui a inspiré leur nom, les albums des Viagra Boys nous ont toujours séduits immédiatement pour un lot de 15/20 écoutes avant de tourner à vide. A voir si cette nouvelle dose nous procurera le même effet mais pour le moment, elle nous rappelle la qualité du premier album qui reste encore aujourd’hui notre préféré.

Note finale
On repeat 8
Avis général 8,5
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